Qu’est-ce que l’opération « Mayotte place net », qui prend le relais de Wuambushu ? – .

Qu’est-ce que l’opération « Mayotte place net », qui prend le relais de Wuambushu ? – .
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Ce mardi 16 avril 2024 au petit matin, plus d’une centaine de policiers et gendarmes se sont rassemblés à proximité du quartier Doujani 2, au sud de Mamoudzou, afin de démanteler le bidonville de La Carrière. Une centaine de cases de ce quartier informel doivent être détruites. « L’acte 2 du retour de l’ordre avec l’opération « Mayotte place net » a débuté aux premières lueurs de l’aube », a souligné Marie Guévenoux, ministre déléguée à l’Outre-mer, lors d’une conférence de presse à Paris.

Un démantèlement principalement ponctué de jets de gaz lacrymogènes, compliquant la tâche des forces de l’ordre. Déjà dans la nuit de vendredi à samedi, les habitants du quartier, sur le point d’être expulsés, avaient laissé échapper leur colère, brûlant des véhicules et coupant des arbres pour bloquer la route.

Pour le ministre délégué à l’Outre-mer, cette nouvelle opération vise à lutter contre l’insalubrité de l’habitat. Mais aussi contre la délinquance et l’immigration clandestine. Tout comme l’opération Wuambushu, menée un an plus tôt, entre avril et juin 2023. Cette fois encore, 1 700 policiers et gendarmes sont déployés sur le territoire. Cela représente près de 550 renforts. « Des personnes spécialisées dans le conseil, l’urbanisme et le domaine juridique sont également arrivées de France pour prêter main forte aux équipes sur place. » souligne François-Xavier Bieuville, le préfet de Mayotte.

En 2023, le premier quartier démantelé dans le cadre de l’opération Wuambushu 1 était Talus 2, à Koungou, au nord de Mamoudzou. | OUEST-FRANCE, JÉROMINE DOUX
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En 2023, le premier quartier démantelé dans le cadre de l’opération Wuambushu 1 était Talus 2, à Koungou, au nord de Mamoudzou. | OUEST-FRANCE, JÉROMINE DOUX

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« Interviewer 60 personnes »

Pour répondre aux enjeux de sécurité, Marie Guévenoux s’est fixé pour objectif « l’arrestation de 60 individus qui constituent des cibles prioritaires ». Sur terre, six opérations militaires devraient être menées. Et en mer, deux canots côtiers à moteur de la gendarmerie maritime seront déployés pour assurer la permanence. Un bateau de la marine sera également mobilisé dans le canal du Mozambique « en haute mer pour bloquer la route des Grands Lacs », souligne le ministre.

Sur place, la population reste sceptique. « Nous ne pouvons plus avoir peur. Quand les enfants vont à l’école ou quand nous allons au travail, nous ne savons même pas si nous allons rentrer à la maison. » » dit Fatima, une habitante de Mamoudzou, furieuse. Une colère qui a motivé des groupes citoyens et habitants à bloquer les grands axes routiers pendant cinq semaines, du 22 janvier au 29 février. Ce mouvement social a pris fin suite aux annonces de Gérald Darmanin, promettant la fin du droit foncier sur le territoire, et la fin de la titre de séjour territorialisé. Cependant, certains habitants menacent de rebloquer les routes prochainement.

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Une nouvelle immigration en provenance d’Afrique de l’Est

En 2023, l’opération Wuambushu avait en effet laissé un goût amer sur le territoire. Alors que le gouvernement prévoyait d’expulser 300 personnes par jour vers Anjouan, aux Comores – d’où est originaire la majorité des immigrants arrivant à Mayotte – l’île voisine avait “refusé d’accueillir les expulsés”, pour un mois. Enfin, 22 000 personnes ont été expulsées sur l’année, selon le ministère de l’Intérieur, contre plus de 25 000 en 2022.

Aujourd’hui, l’île fait face à une nouvelle immigration en provenance d’Afrique de l’Est. Des ressortissants du Congo, du Rwanda, du Burundi et de la Somalie quittent le continent africain depuis la Tanzanie avant de rejoindre Mayotte pour demander l’asile. « Notre priorité est de lutter contre les réseaux de passeurs et les organisations criminelles. » souligne François-Xavier Bieuville, le préfet de Mayotte.

Côté sécurité, la situation ne s’est pas améliorée non plus. Les violences sans motif ont augmenté de 10 % entre 2022 et 2023 et les vols sans violence de 40 %, selon la préfecture. Entre novembre et décembre, l’île a également connu une « éruption de violence », selon la police. Les affrontements, notamment contre la police, se sont multipliés dans plusieurs secteurs. “A l’hôpital, des personnes blessées à coups de machette arrivaient quotidiennement”, souligne une infirmière, souhaitant rester anonyme. Et alors que les violences s’étaient atténuées durant le mois de Ramadan, la nouvelle opération gouvernementale semble raviver les tensions. Lundi, c’est à Koungou, au nord de Mamoudzou, que des barrages routiers ont été mis en place, après une nuit très agitée près de Tsararano, au centre de l’île.

En détruisant les quartiers informels, le ministère de l’Intérieur souhaite notamment « déloger les contrevenants ». Plusieurs bidonvilles sont visés. En 2023, 700 cases avaient été détruites sur un objectif de 1 000. Cette fois, l’ambition du ministère de l’Intérieur est de détruire 1.300 baraques. C’est l’équivalent de deux grands bidonvilles parmi les dizaines que compte Mayotte. Celle de Kahani, au centre de l’île, compte 650 cases, où vivent 2 500 personnes. La plus grande, Kaweni, compte plus de 15 000 habitants.

 
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