« Il y a une course aux likes qui mène à la surenchère »

« Il y a une course aux likes qui mène à la surenchère »
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Deux jeunes âgés de 15 et 17 ans ont perdu la vie ce week-end, l’un dans la Loire et l’autre dans le Rhône.

Les deux adolescents exploraient des lieux secrets ou abandonnés, une pratique connue sous le nom d’urbex.

En quoi consiste cette activité, quand est-elle apparue et pourquoi est-elle si populaire ? TF1info s’est penché sur la question.

Deux accidents tragiques, en moins de 48 heures. Une jeune fille de 15 ans s’est suicidée samedi 27 avril en tombant du toit d’une usine désaffectée à Unieux (Loire) et un jeune de 17 ans qui l’accompagnait a été grièvement blessé. Dans la nuit de dimanche à lundi, un autre drame a coûté la vie à un individu du même âge tombé du dôme de l’Hôtel-Dieu de (Rhône), d’où il voulait photographier le lever du soleil. En janvier dernier déjà, un garçon de 19 ans était décédé après une chute du viaduc de Garabit, dans le Cantal. Ils pratiquaient tous ce que l’on appelle l’exploration urbaine (ou urbex, en anglais). Pour en savoir plus, TF1info a contacté Timothy Hannem, auteur de 25 ans d’urbex en (2023, aux éditions Albin Michel), l’un des pionniers de cette pratique en France.

Concrètement, en quoi consiste l’urbex ?

Apparu au début des années 2000 aux Etats-Unis, le concept d’exploration urbaine fait aujourd’hui de plus en plus d’adeptes en France, notamment avec le développement des réseaux sociaux. Pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler, urbex est la contraction des mots anglais « urban » (ville) et « exploration » (exploration). Concrètement, il s’agit de visiter des lieux interdits d’accès ou laissés à l’abandon, comme une vieille ferme, un château en ruine, un manoir abandonné, une usine désaffectée, un ancien hôpital ou un ancien parc d’attractions déserté, par exemple.

L’idée de base est de visiter des lieux qui fascinent et alimentent l’imagination. Le but est de se procurer un petit frisson en entrant.», explique à TF1info Timothy Hannem, dont le site Glauque-Land, qui fait désormais référence, compile des images provenant de 360 ​​sites en France. “Ce n’est pas seulement de la photographie. Je m’intéresse également à l’histoire de ces lieux et aux raisons pour lesquelles ils ont été abandonnés. C’est un travail d’archives», souligne ce spécialiste. “Ces lieux ont parfois été abandonnés depuis longtemps. Cependant, ils appartiennent toujours à quelqu’un. Et donc il est illégal d’y entrer», concède-t-il.

Ce qui domine, depuis l’apparition des réseaux sociaux, ce sont les vidéos sensationnalistes pour obtenir des vues et des likes.

Timothée Hannem

Pour ceux qui s’aventurent encore à pratiquer l’urbex, il existe deux règles essentielles que chaque praticien doit respecter, rappelle Timothy Hannem. “La première est que nous ne disons jamais où se situent les lieux par respect pour les propriétaires et pour éviter des dégradations. Cela évite également aux gens de s’y rendre et d’être blessés ou tués, même si nous soupçonnons qu’ils le trouveront s’ils regardent attentivement. La seconde est qu’on ne casse rien, y compris pour entrer dans le bâtiment.», souligne ce spécialiste.

Au micro de TF1info, Timothy Hannem déplore une course à la surenchère qui pousse de plus en plus de jeunes à prendre des risques inconsidérés. “Ce qui domine aujourd’hui, depuis l’apparition des réseaux sociaux, ce sont les vidéos sensationnalistes pour obtenir des vues ou des likes, avec des gens prenant des selfies ou se filmant en train de faire des choses dangereuses.“, regrette le spécialiste.”Les gens l’évitent si ce n’est pas spectaculaire. Il en résulte une course aux likes sur les réseaux sociaux qui conduit à une surenchère. Ensuite, des adolescents tombent sur ces images et tentent de faire de même, malgré les risques», souligne-t-il.

L’important est d’entrer, de visiter les lieux et de passer un bon moment en apprenant des choses, sans prendre de risques.

Timothée Hannem

Selon le spécialiste, l’ dramatique survenu dans la Loire en témoigne. “Lorsqu’on pratique l’urbex, il est essentiel de se fixer des limites. L’adolescent qui a perdu la vie marchait sur le toit d’une usine désaffectée. Cela ne sert à rien de prendre de tels risques pour une simple image, vidéo ou selfie. L’important est d’entrer, de visiter les lieux et de passer un bon moment à apprendre des choses», insiste Timothy Hannem.

Pour limiter au maximum les risques, des règles de bon sens sont essentielles, souligne-t-il. “Il faut toujours prévenir un proche et lui donner la position GPS du lieu que vous explorez. Pensez à prendre des chaussures de marche et des vêtements solides, car il faut souvent ramper. S’équiper d’un casque peut aussi être une bonne chose. N’oubliez pas non plus d’emporter quelque chose à manger et à boire. Et surtout, réfléchissez-y à deux fois avant de pénétrer dans des zones pouvant présenter un danger. Parfois, il vaut mieux utiliser un drone», conseille l’explorateur.


Matthieu DELACHARLERY

 
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