« Certains pays utilisent des méthodes que la n’utilise pas »

« Certains pays utilisent des méthodes que la n’utilise pas »
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Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a plaidé en faveur de moyens exceptionnels, « dérogatoires au droit commun », pour mieux lutter contre le trafic de drogue, comme c’est le cas dans la lutte contre le terrorisme. Est-il possible de s’affranchir de certaines règles juridiques, et est-ce souhaitable ?

Je ne peux pas répondre à cette question tant que la commission n’aura pas tranché la question et publié son rapport. Ce sera le cas dans quelques semaines, vers la mi-mai.

On peut néanmoins s’interroger. Nous avons affaire à des trafiquants de drogue qui disposent de moyens financiers colossaux, qui deviennent de plus en plus riches et puissants, qui bénéficient, comme le soulignait Bruno Le Maire, des meilleurs juristes, avocats et conseillers fiscaux. La question est la suivante : les moyens juridiques et matériels que l’État met en place pour lutter contre ce trafic de drogue sont-ils à la hauteur ? Ces trafiquants de drogue ne sont-ils pas plus puissants et plus efficaces que nous ? Si oui, comment pouvons-nous garantir un rattrapage et si possible le doubler ? Un certain nombre de pays utilisent des méthodes que la n’utilise pas. C’est sur cela que la commission va travailler.

De quels moyens « spéciaux » parlons-nous ?

Plusieurs de nos interlocuteurs ont évoqué la nécessité de pouvoir décrypter les communications cryptées et de mieux surveiller les communications téléphoniques. Se posent également les questions de la création de juridictions et de procédures spécifiquement dédiées au trafic de drogue, des conditions d’incarcération particulières et plus strictes pour les personnes détenues pour trafic de drogue, de la possibilité d’infiltrer les réseaux, du statut de repenti, du dossier d’enquête « sûr »…

Quel est ce dossier d’enquête « sûr » ?

En matière de trafic de drogue, comme en matière de terrorisme, les enquêteurs utilisent des techniques d’investigation particulières (sonorisation, capture d’images, etc.), réglementées par la loi. Si les trafiquants poursuivis ont accès, dans leurs dossiers, à ces procédés et à leur mise en œuvre, ces techniques n’auront plus d’intérêt, estiment les enquêteurs. D’où la volonté de ne pas donner accès à ces informations. Celles-ci seraient réservées à des juges spécialement habilités, qui seraient chargés de contrôler la régularité de cette partie de la procédure. Avocats et associations s’élèvent contre cette perspective, au nom du respect du principe du contradictoire, qui garantit à chaque partie le droit de lire les arguments de fait, de droit et de preuve sur la base desquels elle sera jugée.

Vous étiez avocat et, en tant que parlementaire, vous avez également pu suivre des sujets liés à la sécurité et à la lutte contre la drogue. Certaines auditions de la commission d’enquête sur le trafic de drogue vous ont-elles néanmoins surpris ?

Oui. Je ne savais pas que le trafic de drogue avait atteint de telles proportions ni dans quelle mesure les trafiquants de drogue avaient interféré dans le commerce mondial. Je me souviens aussi des témoignages de parents qui découvraient sur les réseaux sociaux des vidéos montrant leurs enfants se faire torturer. La sauvagerie a toujours existé. Mais nous avons ici atteint un niveau de barbarie qui dépasse l’entendement. C’est un régime de terreur, qui touche en premier lieu les petites mains des trafiquants.

On parle aussi de sommes phénoménales générées. Quels sont les montants estimés ?

Le chiffre de 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour la France est généralement avancé. Nous pensons qu’il se rapproche désormais de 6 milliards, pour un bénéfice net de 3 milliards. La question du blanchiment d’argent est revenue sur toutes les lèvres. Avec de telles sommes, on peut déstabiliser n’importe quel État, comme c’est le cas près de chez nous, en Belgique ou aux Pays-Bas. En Équateur, les trafiquants de drogue ont réussi à faire adopter des lois qui leur sont favorables. Par exemple, lorsqu’un narco est mis sur écoute, il est prévenu à l’avance !

Ne sommes-nous pas en train de perdre la guerre contre le trafic de drogue, comme l’a récemment demandé à la commission un magistrat spécialisé du tribunal judiciaire de Marseille ?

La France n’est pas là. Mais il existe un certain nombre de signes inquiétants. Il est encore temps de réagir.

La répression n’a jamais fonctionné, affirment les critiques des mesures de sécurité. Ils demandent des règles plus souples, non pas pour les combats, mais pour la consommation (légalisation du cannabis). Qu’en penses-tu ?

Je n’y suis pas favorable. La consommation est la base du trafic.

 
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