le match Trump-Biden se joue aussi en matière de politique étrangère

le match Trump-Biden se joue aussi en matière de politique étrangère
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Dans le duel entre Joe Biden et son prédécesseur Donald Trump, la politique étrangère est l’un des thèmes centraux alors qu’elle ne joue traditionnellement qu’un rôle marginal dans la compétition. “Mais le contexte est là avec l’évidence de la question ukrainienne qui divise l’opinion américaine, la menace économique chinoise mais pas seulement qui prend de plus en plus d’ampleur et la guerre à Gaza qui enflamme une gauche pro-gauche au sein de l’électorat démocrate-palestinien. », résume Laurence Nardon, qui dirige le programme Amérique du Nord à l’IFRI (Institut français des relations internationales).

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Si Joe Biden est reconduit dans ses fonctions, il est probable que la diplomatie américaine s’inscrive dans la continuité de son premier mandat. Prédire ce qui se passera en cas de victoire de Donald Trump est plus difficile, d’autant que l’ex-président est devenu de plus en plus imprévisible dans ce domaine comme dans d’autres. Réélu et avide de revanche, il va en tout cas mettre encore plus à l’épreuve les alliés des Etats-Unis qui, tous à l’exception de Benjamin Netanyahu, espèrent clairement la victoire de l’actuel locataire de la Maison Blanche.

« L’Amérique est de retour » contre « l’Amérique d’abord »

Les positions, du moins à première vue, sont claires. D’un côté il y a le président sortant, un vétéran de la guerre froide qui a longtemps présidé la commission des Affaires étrangères du Congrès. Il incarne la continuité d’une diplomatie américaine, particulièrement démocratique, qui se pose comme « nation indispensable » – selon les mots de l’ancienne secrétaire d’État démocrate américaine Madeleine Albright – leader du monde libre contre les dictatures. « L’Amérique est de retour » assure Joe Biden, qui a organisé deux sommets des démocraties à Washington.

De l’autre, Donald Trump se revendique comme un « non-conformiste », un non-conformiste en rupture avec le « système » et qui durant sa présidence a dénoncé plusieurs traités internationaux comme l’accord de Paris sur le climat et l’accord sur le nucléaire iranien. ou le traité transpacifique qui bordait la Chine au nom de « l’Amérique d’abord ». Mais il n’est pas pour autant un « isolationniste ». “Il est plutôt un nationaliste renfermé” explique Laurence Nardon en soulignant “qu’il n’a pas hésité à intervenir à l’extérieur, par exemple en bombardant à deux reprises l’arsenal chimique syrien alors qu’il estimait les intérêts américains menacés”. On pourrait le qualifier d’« unilatéraliste », mais s’il l’est de manière caricaturale et provocatrice, il ne fait qu’exprimer une tendance plus générale outre-Atlantique.

La situation change

«Si les visions de Biden et Trump sur la démocratie américaine sont inconciliables, elles sont bien plus alignées sur les questions de politique étrangère : le « America first » de Trump a déteint sur le « America is back » de Biden qui attend de ses alliés européens qu’ils s’alignent sur ses priorités stratégiques et les mettre devant le fait accompli lorsqu’il s’agit de préserver les intérêts américains », rapporte Alexandra de Hoop Scheffer du German Marshall Fund. Cela était évident au début de la présidence Biden. L’agression russe en Ukraine a certainement conduit à « un élan transatlantique » fédérer les Européens autour de leur grand allié.

Mais même si Joe Biden est réélu, la donne évolue. « L’Europe doit prendre acte d’une triple réalité : « l’Amérique d’abord » restera la priorité ; les engagements internationaux des États-Unis seront fluctuants et transactionnels ; la concurrence avec la Chine sera le principal déterminant de la politique américaine et de ses relations avec l’Europe », souligne Alexandra de Hoop Scheffer.

Pour Trump, l’Ukraine ne devrait pas être une affaire américaine

Sur la guerre en Ukraine et, plus généralement, sur les relations avec l’OTAN, les positions des deux candidats sont aux antipodes. Joe Biden incarne le soutien à Kiev depuis le début du conflit, même avec trop de circonspection, de lenteur et de crainte de déclencher une escalade incontrôlable. Mais si de son passé il reste très attaché à la sécurité européenne, Joe Biden sera très probablement le dernier président américain atlantiste car la priorité est désormais, y compris chez les démocrates, le basculement vers l’Asie comme le théorisait déjà en son temps Barack Obama.

Mais aux yeux de Donald Trump, l’Ukraine ne devrait pas être une affaire américaine. « Les Européens devraient avoir la capacité de gérer le conflit, mais au fil des décennies, ils sont devenus trop faibles et il a été demandé à l’Amérique de compenser ce coup dur porté à ses concitoyens. » écrit dans le Temps Financier Le sénateur républicain JD Vance, l’un des rares élus trumpistes à réfléchir à la politique étrangère du candidat républicain. Ce dernier n’a pas hésité à lancer lors d’un meeting électoral qu’il “encouragerait” Vladimir Poutine de faire ce qu’il veut avec les pays de l’OTAN qui n’ont pas payé leur cotisation à l’Alliance.

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Mais s’il était élu président, il est peu probable que les États-Unis quittent complètement une organisation pas comme les autres qui reste le pilier de leur influence stratégique. De plus, les pays européens les plus inquiets vont augmenter leurs achats d’armes américaines. En revanche, le déplacement de la notion de « le partage du fardeau “ dans la défense de l’Europe envers celle de « transfert du fardeau » aux Européens pourrait bien se concrétiser avec une nouvelle administration Trump. Ce sera aux Européens de relever le défi. Ils n’y sont pas encore vraiment prêts malgré les efforts français pour développer l’autonomie stratégique de l’Europe au sein de cette Alliance de 32 pays, unique au monde.

Divergence sur la question de Taiwan

Mais sur d’autres questions majeures, leurs positions, au-delà du style et de la rhétorique, sont moins opposées qu’il n’y paraît. Face à la menace économique chinoise, Biden comme Trump assument de prôner une politique en faveur des classes moyennes qui ont été les principales victimes de la mondialisation. Ils ont la même perception de la menace militaire posée par Pékin et de la nécessité pour les États-Unis de maintenir leur statut de première puissance militaire mondiale.

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En revanche, ils diffèrent sur la question de Taiwan. Joe Biden, comme de nombreux dirigeants démocrates, insiste sur la défense de l’île, de sa démocratie et du statu quo actuel qui garantit son indépendance. de facto Mais non de jure. Il a même suggéré que Washington réagirait, y compris militairement, à une invasion de Pékin, mettant quelque peu à mal la ligne « d’ambiguïté stratégique » sur le sujet poursuivie depuis des décennies par les administrations américaines. Il est plus difficile de savoir quelle serait la réaction de Donald Trump, d’autant qu’il avait critiqué à plusieurs reprises les Taïwanais, redoutables concurrents dans le domaine des microprocesseurs.

La dangereuse logique du rapport coût/bénéfice chez Trump

Au Moyen-Orient aussi, il existe des points communs malgré des différences fondamentales. La présidence Trump s’en est tenue aux objectifs de la droite israélienne et de Benjamin Netanyahu, en transférant l’ambassade américaine à Jérusalem ou en soutenant les accords d’Abraham pour la normalisation d’Israël avec un certain nombre de capitales arabes et à terme l’Arabie saoudite afin de marginaliser le Question palestinienne. Une politique qu’a reprise Joe Biden alors même qu’il entretient des relations terribles avec le Premier ministre israélien. Mais les attaques du Hamas du 7 octobre et l’opération israélienne à Gaza ont gelé le processus. Contraint de prendre en compte les couches les plus jeunes de son électorat et notamment les minorités, Joe Biden insiste sur la nécessité de mettre fin à l’opération militaire israélienne et de relancer un processus politique.

Le vrai problème et le principal danger pour la politique étrangère américaine d’un retour de Trump au pouvoir est son manque total de vision sur le sujet. Sa logique est avant tout celle du rapport coût/bénéfice comme il l’exprime dans son livre L’art de la transaction. « Pour lui, tout est épisodique, anecdotique, transactionnel. Et tout dépend de la manière dont cela va profiter à Donald Trump, politiquement ou personnellement.» a confié John Bolton, l’un de ses anciens conseillers à la sécurité, dans un entretien à Figaro. Bref, il est prêt à tout.

 
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