« Jamais je n’ai vu un incendie et une telle fumée, et pourtant je l’ai vu ! Cet ancien site de voyageurs de Colmar a résumé la pensée générale, ce dimanche vers 17 heures : les incendies sont fréquents sur la décharge à ciel ouvert incontrôlée à côté de leurs lieux de vie, les propagations nécessitent parfois l’intervention des pompiers, mais cela s’est avéré être de ampleur exceptionnelle.
Malgré la grande réactivité de plus de 115 pompiers et de la police nationale et municipale notamment, quelques rafales de vent attisant les flammes ont provoqué un vent de panique lorsque, vers 17h30, les habitants ont reçu l’ordre de quitter les lieux, localement recouverts d’épais fumée, à tel point que les quelques gouttes de pluie ressemblaient à de l’encre noire. En courant, en voiture ou en caravaning, ils sont partis dans une certaine confusion, sans incident. La police a tout de même dû rencontrer quelques récalcitrants, malgré les risques potentiels chimiques et d’explosion.
Pneus et bouteilles de gaz
Dans l’attente des premières analyses des fumées, qui “n’ont pas révélé de toxicité particulière” selon la préfecture, le lieutenant-colonel Guillaume Turci, qui coordonnait l’action des pompiers, a avisé des habitants de Colmar qui n’avaient pas été évacués, mais exposés à la propagation des fumées. plusieurs centaines de mètres, pour « rester confiné ».
Qu’est-ce qui a été stocké sur cette terre, où même le sol a été très pollué pendant des décennies, où des bonbonnes de gaz voisines ont été éloignées dans le temps, quand d’autres ont sans doute brûlé, ce qui peut expliquer certaines des nombreuses détonations entendues ? Des pneus notamment selon les autorités, d’autres déchets en tous genres, peut-être de vieilles caravanes selon les pompiers, précisant que la propagation s’est faite en partie par la végétation. Des moyens très précis ont été mis en œuvre, dont l’hélicoptère de la gendarmerie et un drone pour observer l’évolution, mais aussi le “fourgon à mousse surpuissant” et la “cellule émulsifiante” des sapeurs-pompiers.
« Chapeau bas aux pompiers ! »
Si l’un des accès à l’incendie est la rue de l’Espérance, où vivent des gens du voyage sédentaires depuis près de deux décennies, le terrain endommagé n’appartient pas à ces habitants selon le maire de Colmar et président de Colmar Agglomération ( CALIFORNIE).
« Le CA est propriétaire de ce site, situé tout au bout de la zone d’accueil des Gens du voyage de la ville de Colmar, même s’il n’y a pas d’habitations ni de caravanes, mais des déchets entreposés là où ils ont brûlé, précise Eric Straumann. Mise aux normes en 2005-2006 pour 2 millions d’euros, cette zone est aujourd’hui totalement dégradée. Pour la mettre aux normes, nous avons lancé une étude et budgétisé une dépense de 3 à 4 M€ : il n’y a plus de toilettes, les ordures se sont accumulées au fil des années… Chaque matin nous les ramassons au bord de la route, certains s’improvisent ferrailleurs quasiment sur le domaine public, il est difficile de les endiguer. »
“Aucun danger pour la population”
La zone d’accueil, où une partie des habitants vit toute l’année dans des roulottes, se situe au 1 rue Frédéric-Hartmann. Dans cette rue et celle de l’Espérance, au moins une centaine de personnes – quelques centaines selon nos observations – ont été évacuées. L’activité de l’aérodrome voisin a été arrêtée, ainsi que la circulation des trains entre Colmar et Sélestat, deux bus étant affrétés.
L’incendie a été maîtrisé peu après 21 h. Aucun blessé n’est à déplorer. La propagation aux maisons et à la société de transport Brame et Straumann a été empêchée. « Chapeau bas aux pompiers ! », ont salué de nombreux habitants interrogés. Vers 22 heures, ils n’étaient pas encore rentrés chez eux, mais les pompiers ont indiqué que “tout le monde dormira chez lui ce soir”. La préfecture a alors précisé : « Dès que les personnes sous le panache de fumée ont été évacuées, il n’y a plus de danger pour la population. »