Plus d’un quart (28,8%) de la population testée dans le bassin de Chièvres pour la présence de 19 PFAS dans le sang a affiché des résultats au-delà du seuil sanitaire déterminé par le Conseil scientifique indépendant (CSI), selon les résultats présentés mardi par le Sublic. Institut des services scientifiques (ISSeP) lors d’une conférence de presse.
Entre janvier et mars, la population du bassin de Chièvres (qui comprend en partie les communes d’Ath, Beloeil, Chièvres, Jurbise et Leuze-en-Hainaut) et de Ronquières (qui comprend une partie de Braine-le-Comte, Ittre et Seneffe) était demandé de tester la présence de PFAS dans son sang. Ces résidents avaient été exposés à une eau du robinet dépassant la future norme européenne de 100 ng/l entre octobre 2021 et mars 2023.
Dans le secteur de Chièvres, 1 836 prélèvements ont été effectués (soit 15 % de la population concernée) et à Ronquières, 152 (10 %).
Le Conseil scientifique indépendant a déterminé trois valeurs de référence pour déterminer d’éventuels risques sanitaires. Une concentration inférieure à 2 microgrammes/litre signifie qu’aucun risque n’est à craindre. Dans l’ensemble de la Wallonie, 94,5% des personnes dépassent ce seuil. Pour la population testée à Chièvres et Ronquières, 98 % présentaient des concentrations plus élevées.
Le CSI a également déterminé qu’entre 2 et 20 µg/l, des risques d’effets indésirables étaient à craindre pour la population la plus sensible, comme les femmes enceintes. Au-dessus de 20 µg/l, toute personne risque de souffrir d’effets indésirables.
Globalement, les participants affichent des niveaux d’exposition plus élevés que le reste de la population wallonne. A Chièvres, 28,8% des personnes testées dépassaient le seuil sanitaire de 20 µg/l. Sur le territoire de Ronquières, 3,9% des individus dépassaient ce seuil.
Les personnes dépassant le seuil de risque de 20 µg/l étaient généralement plus âgées. A Chièvres par exemple, 58,7% des femmes testées de plus de 60 ans et 67,7% des hommes du même âge dépassaient ce seuil sanitaire.
Les enfants et adolescents présentaient des taux de PFAS inférieurs à ceux des adultes, ce qui s’explique par le fait que l’organisme accumule ces substances, considérées comme des perturbateurs endocriniens, tout au long de sa vie. Les femmes présentaient également des concentrations plus faibles.
Par rapport au reste de la population wallonne, les Chièvrois testés, quel que soit leur âge, affichent des imprégnations 4,3 à 8,7 fois plus élevées en PFHxS, l’un des éternels polluants testés. Des concentrations de PFOA et de PFOS plus élevées que dans le reste de la Wallonie ont également été détectées chez les personnes âgées.
À Ronquières, la population présente des taux d’imprégnation PFHxS 2,3 à 3,4 fois supérieurs à ceux du reste de la population wallonne.
Les personnes testées ont reçu leurs résultats lundi. Il leur est recommandé de consulter leur médecin généraliste pour convenir des éventuels examens à réaliser. Il n’y a toutefois pas d’urgence, ont rassuré les autorités mardi.
« Vous ne devriez pas courir chez votre médecin. Il s’agit de faire le point et de surveiller les signes avant-coureurs », a insisté Ingrid Ruthy, chef de projet à l’Institut scientifique de santé publique, chargée d’analyser les échantillons.
“Le plus utile est de faire le point avec son médecin généraliste, qui pourra évaluer la suite en fonction de l’état de santé de la personne”, a ajouté Corinne Charlier, présidente du CIS. “En cas de niveaux supérieurs aux valeurs seuils, l’exposition doit être réduite au mieux pour réduire la charge corporelle.” Car si l’exposition aux PFAS est supprimée, ces substances sont progressivement éliminées par l’organisme, un processus qui dure plusieurs années.
