Julian Assange est à la fois auteur et victime

Julian Assange est à la fois auteur et victime
Julian Assange est à la fois auteur et victime

La fin du bras de fer juridique autour de Julian Assange est dans l’intérêt de toutes les personnes impliquées. Le règlement montre qu’Assange n’est pas innocent. Mais il a déjà payé le prix fort.

Stella Assange se bat depuis des années pour la libération de son mari. Désormais, suite à un accord avec la justice américaine, il a plaidé coupable mais sera libéré.

Mourad Balti Touati / EPA

La saga juridique autour de Julian Assange est devenue une histoire sans fin ces dernières années – au détriment de toutes les personnes impliquées. Le fondateur de Wikileaks est détenu depuis cinq ans dans une prison de haute sécurité à Londres, où son état mental s’est sensiblement détérioré. Washington a insisté sur l’extradition d’Assange, accusé par la justice de graves violations de la législation anti-espionnage. Mais plus la procédure s’éternisait, plus l’affaire devenait un fardeau pour le président Joe Biden, qui doit faire face à des problèmes de politique intérieure et étrangère plus urgents.

Figure polarisante

Dans ce contexte, l’accord conclu par les avocats d’Assange avec la justice américaine constitue une solution pragmatique pour toutes les parties impliquées. Selon l’accord, Assange plaide coupable de violation de la loi sur l’espionnage, mais la plupart des accusations sont abandonnées. Les États-Unis veillent ainsi à ce qu’Assange ne reste pas impuni pour ses violations du secret et à ce qu’un effet dissuasif subsiste.

Assange est donc coupable et sera puni. Mais les cinq années qu’il a passées sous la garde britannique lui seront créditées. Cela devrait lui permettre de se rendre directement dans son pays d’origine, l’Australie, en tant qu’homme libre. Assange profite également de l’occasion pour parvenir à un accord avant le retour à la Maison Blanche de l’imprévisible Donald Trump. Trump a célébré le fondateur de Wikileaks en 2016 après lui avoir apporté un soutien bienvenu dans la campagne électorale contre Hillary Clinton en publiant des courriels piratés. Mais après cela, l’administration Trump a déployé l’artillerie juridique la plus lourde contre Assange.

Julian Assange a toujours été une figure polarisante. Ses fans le voient comme un héros de la liberté et le traitent de prisonnier politique. Ses détracteurs le considèrent comme un égocentrique et un traître qui a mis en danger les intérêts de sécurité américains et des vies humaines en publiant des informations provenant des services de renseignement. L’accord désormais conclu montre clairement qu’Assange est à la fois l’auteur et la victime.

Assange doit admettre avoir obtenu et publié des données confidentielles de défense et de sécurité dans une intention conspiratrice. Le fait que la loi controversée sur l’espionnage s’applique au cas d’Assange en raison de la publication d’informations secrètes pourrait, selon les critiques, dissuader les journalistes d’investigation du monde entier et ainsi restreindre la liberté de la presse.

Cependant, Assange s’est toujours considéré comme un opposant aux médias traditionnels et n’a jamais travaillé comme journaliste au sens traditionnel du terme. Il n’a pas exercé de responsabilité éditoriale avant de publier les données sur sa plateforme et a ainsi accepté le risque de mettre en danger de nombreux informateurs en Afghanistan et en Irak.

Fin du tir à la corde

Selon le procès initialement prévu aux États-Unis, Assange aurait été condamné à 175 ans de prison dans le pire des cas. Une peine aussi draconienne n’était jamais probable. Cependant, la peine potentielle élevée et les nombreuses accusations soulèvent des questions légitimes sur la proportionnalité de l’approche américaine. Plus la procédure d’extradition se prolongeait, plus Assange apparaissait comme une victime égarée sur les chemins tortueux de la justice.

Le fait que la procédure ait pris des caractéristiques kafkaïennes était également la faute du fondateur de Wikileaks lui-même. Il s’était d’abord volontairement barricadé pendant sept ans dans l’ambassade d’Équateur afin d’éviter son extradition vers la Suède, où les poursuites contre lui pour viol étaient en cours mais ont depuis été abandonnées.

Après son emprisonnement à Londres, ses avocats ont déposé d’innombrables recours contre l’extradition, ce qui a traîné en longueur la procédure. Cependant, les juges britanniques ont continué à éviter de prendre une décision finale sur l’extradition d’Assange vers les États-Unis et ont fait passer l’affaire comme une patate chaude. Il aurait même été possible de faire appel devant la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg et de subir des années de retard supplémentaire.

Le compromis entre Assange et le système judiciaire américain met fin à cette lutte acharnée et exténuante. Cela s’inscrit dans le cadre de l’État de droit et constitue une victoire de la raison. Si l’on ajoute les sept années passées à l’ambassade d’Équateur aux cinq années passées dans la prison à sécurité maximale de Londres, Assange a été emprisonné dans la capitale britannique pendant douze ans. En fin de compte, le fondateur de Wikileaks a payé le prix fort pour ses actes.

 
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