Après avoir lancé hier un avertissement sur ses résultats, l’avionneur Airbus (-11,21% à 132,12 euros) a enregistré la plus forte baisse au sein du CAC 40. L’avionneur anticipe désormais un EBIT ajusté d’environ 5,5 milliards d’euros et un cash-flow libre avant un financement client d’environ 3,5 milliards d’euros. Airbus s’attendait auparavant à un EBIT ajusté compris entre 6,5 et 7 milliards d’euros et à un flux de trésorerie disponible avant financement client d’environ 4 milliards d’euros.
L’avionneur a revu à la baisse son objectif de livraison d’avions pour 2024. Elle vise désormais 770 livraisons contre 800 auparavant, à comparer avec un consensus de 786 et des 735 avions livrés en 2023. « Cette réduction est liée à des problèmes persistants dans la chaîne d’approvisionnement, principalement au niveau des moteurs, des aérostructures et des équipements cabines ». explique Airbus.
Cet avertissement et les commentaires qui l’accompagnent pèsent sur le secteur: deuxième plus forte baisse du CAC 40, Safran chute de 4,71% à 196,30 euros tandis que Dassault Aviation perd 3,45% à 173,40 euros.
Selon le PDG d’Airbus Guillaume Faury, la situation s’est « dégradée ces derniers mois », rapporte Invest Securities dans sa note concernant cet avertissement : « Nous nous trouvons dans une situation où il y a une pénurie de moteurs pour avions monocouloirs chez 2 motoristes. (Pratt & Whitney et CFM International) et nous nous retrouverions avec des planeurs, des avions sans moteurs, d’ici la fin du trimestre en nombre significatif.
En conséquence, l’objectif de 75 livraisons mensuelles d’avions de la famille A320 est désormais repoussé à 2027 au lieu de 2026.
Par ailleurs, Airbus a prévenu qu’il enregistrerait au premier semestre des charges de l’ordre de 0,9 milliard d’euros sur certains programmes de télécommunications, de navigation et d’observation spatiale. Ils sont principalement liés à la mise à jour des hypothèses sur les calendriers, la charge de travail, les sources d’approvisionnement, les risques et les coûts sur la durée de vie de certains programmes dans ces domaines.
La réaction la plus forte parmi les courtiers est venue de la Deutsche Bank, qui a abaissé sa recommandation de Buy à Hold. “La situation n’est pas sans rappeler l’échec des livraisons en 2022, mais elle est encore aggravée cette fois par l’espace”, explique le courtier. « Airbus donne l’impression de ne pas avoir le contrôle total de la chaîne d’approvisionnement. À la mi-mai, il a indiqué que les livraisons pour l’année en cours soutenaient l’objectif d’environ 800 unités », ajoute l’analyste.
Réagissant à cet avertissement, RBC estime que « de nombreux vents contraires dans les activités spatiales et commerciales se reflètent dans l’action d’Airbus. Cet analyste reste en « surperformance » sur Airbus en abaissant son objectif de cours de 190 à 180 euros.
De son côté, Citigroup parle de déception. Restant acheteur sur Airbus en abaissant son objectif de cours de 190 à 188 euros, la banque américaine a réduit ses prévisions de bénéfice pour 2024-2027 de 12 à 19 %. Toutefois, selon lui, « la demande reste forte et une fois que la production aura rattrapé son retard en 2028, ses prévisions resteront sensiblement les mêmes ».
Pour Berenberg, « le cycle de révision à la baisse semble désormais enclenché ». Le courtier vend toujours sur Airbus en maintenant son objectif de cours à 119 euros. Selon l’analyste, cet abaissement des objectifs “aura un effet négatif sur les prévisions pluriannuelles du marché et sur la valorisation intrinsèque perçue des actions”.
Restant neutre sur Airbus, UBS estime que “la nouvelle prévision d’Ebit est équivalente au milieu de l’ancienne fourchette, une fois prises en compte les dégradations des livraisons et de l’activité spatiale”. L’analyste s’attend donc désormais à un Ebit de 5,4 milliards d’euros en 2024.
Les résultats semestriels d’Airbus seront dévoilés le 30 juillet.
