La ministre de l’Environnement démissionnaire, Céline Tellier, doit expliquer au Parlement les résultats des analyses réalisées dans les régions de Chièvres et Ronquières suite à une pollution par PFAS des eaux de distribution, ont fait valoir, mardi matin, Les Engagés, le MR et le PTB.
Du côté des Engagés, François Desquesnes, leur chef de groupe au parlement wallon, profitera de l’installation du nouveau parlement régional, ce mardi après-midi, pour demander une convocation du ministre Tellier à la commission de l’environnement, dès que celle-ci sera constitué.
Les résultats des tests ont été communiqués hier/lundi aux 1.836 personnes ayant participé entre janvier et mars 2024. Ils font également l’objet d’une conférence de presse ce mardi matin. « Les citoyens nous ont déjà fait part de leurs résultats et ils sont alarmants. Certains sont le double des 20 microgrammes/litre, le seuil le plus élevé fixé par le conseil scientifique indépendant », explique François Desquesnes.
“Nous souhaitons une explication globale de la part du ministre Tellier qui doit venir présenter ces chiffres au Parlement”, ajoute-t-il, s’étonnant également de la lenteur du processus. Cette critique n’est pas nouvelle : fin mai, une commission spéciale Environnement a été convoquée, à la demande des centristes soutenus par le MR et le PTB, afin d’obtenir les résultats au plus vite.
A l’époque, Céline Tellier avait confirmé le planning initial, prévoyant une communication dans le courant de la seconde quinzaine de juin. Selon le ministre, les résultats des analyses de sang devaient être corrélés avec les résultats d’une enquête organisée auprès des citoyens sur leurs habitudes quotidiennes. Les valeurs seuils liées aux PFAS doivent également être communiquées aux citoyens et la communication doit être organisée afin qu’ils puissent prendre des mesures si cela s’avère nécessaire. De plus, il fallait que les médecins soient (in)formés pour répondre au mieux aux citoyens lorsqu’ils recevaient leurs résultats, rappellent Les Engagés.
« Or, les résultats communiqués aux citoyens sont finalement les données brutes de leur prise de sang connues depuis le 18 avril sans aucune corrélation avec le questionnaire qu’ils ont complété. Les valeurs seuils de 2µg et 20µg de PFAS par litre de sang, elles sont clairement mentionnées dans le courrier de 11 pages reçu par les personnes concernées. Or, ces seuils sont exactement ceux qui avaient déjà été avancés mi-avril par les experts du conseil scientifique mais aussi lors d’une réunion entre cabinets ministériels. », regrettent-ils.
Quant aux recommandations, « elles sont uniquement générales. Il est simplement conseillé à ceux qui obtiennent des résultats élevés de prendre rendez-vous avec leur médecin », dont la formation se limitait à un email (avec un lien vers un webinaire) que certains n’ont même pas reçu et qu’ils jugent totalement insuffisant pour répondre aux inquiétudes des citoyens et les accompagner dans leur suivi médical, poursuit François Desquesnes.
« La conservation, pendant deux mois, d’informations liées aux résultats des analyses sanguines est incompréhensible puisqu’aucun traitement complémentaire n’a été effectué. La ministre Tellier doit s’expliquer devant les parlementaires », conclut le chef du groupe des centristes.
Un avis partagé par la députée Jacqueline Galant qui compte également demander que le ministre soit entendu par l’assemblée régionale. “Dans un premier temps en commission de l’environnement”, mais il faudra ensuite réfléchir à “la mise en place d’une commission d’enquête pour clarifier cette histoire”, a indiqué mardi matin l’élu de la circonscription de Mons. sur le poste LN24. «Le ministre n’a jamais fait preuve de prudence, de précaution, dans la gestion de ce dossier», a affirmé le libéral. “Nous avons joué ici avec la santé des citoyens, et nous jouons encore avec elle car nous ne leur donnons pas d’informations précises.”
L’élu du PTB Jori Dupont, interviewé sur La Première, s’est aussi montré particulièrement critique à l’égard de la gestion de l’annonce des résultats aux citoyens ayant participé au biomonitoring. Une communication arrivée trop tardivement, trop compliquée et sans explications valables, a-t-il essentiellement estimé. « Vendredi seulement, les médecins reçoivent des instructions pour interpréter les résultats. Lundi, les citoyens les reçoivent via une procédure très compliquée, avec un SMS, un code, un e-mail… C’était une bêtise ! Et avec interdiction de parler à la presse jusqu’à la conférence qui a lieu aujourd’hui à 11 heures”, s’est-il indigné, déplorant “une fois de plus un manque de transparence” et une manière de procéder “vraiment pas correcte” envers les citoyens “qui sont dans un état d’anxiété impossible ».
