Donald Trump vient de récupérer les clés de la Maison Blanche. Parmi eux, une clé aux conséquences lourdes pour le Canada : celle qui pourrait bloquer nos échanges commerciaux.
Depuis des jours, nous craignons qu’il l’utilise pour imposer des droits de douane de 25 % sur nos exportations dès le premier jour de sa présidence. Hier soir, il a évoqué la date du 1er février pour leur entrée en vigueur. Un répit ? Il s’agit plutôt d’une trêve difficile.
La clé est donc à portée de main, prête à tourner au moindre caprice. Si « Tarif Man » passe à l’action d’ici deux semaines, c’est l’ensemble de l’économie québécoise qui pourrait s’effondrer.
Aluminium, aérospatiale, automobile : les piliers de notre prospérité s’effondreraient sous le poids de ces tarifs douaniers. Selon le gouvernement Legault, au moins 100 000 emplois sont menacés.
Face à ce danger, le Canada ressemble à un écureuil protégeant ses noix d’un grizzly américain. Notre dépendance est flagrante : les trois quarts de nos exportations aboutissent aux États-Unis.
Et le pire ? Notre économie, trop centrée sur la consommation et l’immobilier, manque cruellement d’outils pour survivre à une guerre commerciale majeure.
Le chaos
La Banque du Canada l’avait prédit en 2019 : un tarif de 25 %, et une récession garantie. Le PIB chuterait de 6%. Ce ne serait pas seulement une tempête économique. Ce serait un tsunami.
La crise dépasserait toutes les récessions précédentes, à l’exception du choc temporaire de la pandémie. Exportations en chute libre, dollar canadien en déroute, investissements gelés, marché du travail paralysé : un chaos économique généralisé.
Et ce n’est pas tout. Selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, 65 % des PME augmenteraient leurs prix pour survivre. Vous trouvez déjà votre panier d’épicerie trop cher ? Préparez-vous au pire.
Jeu dangereux
Alors que faire ? Le gouvernement Trudeau prévoit de répondre par des tarifs réciproques. L’idée est tentante : coup pour coup, œil pour œil, dent pour dent. Mais ce serait un jeu dangereux.
-Chaque tarif entraînerait une cascade de coûts supplémentaires pour les Québécois. Jus d’orange, matériaux de construction, voitures : tout deviendrait plus cher. Une spirale infernale.
Avec des finances publiques fragilisées par des années de dépenses excessives, Ottawa aurait du mal à soutenir les secteurs en crise.
Certains experts proposent des solutions audacieuses : réduire les impôts, réduire les barrières commerciales entre les provinces, investir dans l’innovation. De bonnes idées, mais loin d’être des remèdes immédiats.
La leçon de chinois
La Chine a opté pour une stratégie différente lors du premier mandat de Trump. Pour calmer ses enthousiasmes, Pékin avait promis d’acheter massivement des produits agricoles américains. Une tactique qui a permis de gagner du temps, même si tous les engagements n’ont pas été respectés.
Le Canada pourrait s’en inspirer. Pourquoi ne pas promettre d’acheter davantage de matériel militaire, de trains ou d’avions fabriqués aux États-Unis ? Ce type de concession permettrait à Trump de déclarer une « victoire » tout en désamorçant les tensions.
Le prix de l’inaction
Nos dirigeants manquaient de vision. Pendant plus d’un an, la réélection de Trump semblait probable. Pourtant, au lieu de se préparer, plusieurs élus ont préféré détourner le regard.
Ils ont parié, à tort, sur une réélection de Joe Biden, misant sur une continuité qui n’a jamais eu lieu. Justin Trudeau, en qualifiant récemment la victoire de Trump de « revers », n’a fait qu’aggraver des relations déjà fragiles avec Washington.
Pendant ce temps, aucune mesure proactive n’a été mise en place pour protéger nos industries, nos emplois et notre pouvoir d’achat.
Si Trump tourne la clé, il verrouillera notre commerce. Et pour l’instant, le Canada cherche toujours son double.