En 2021, les deux partenaires décident de co-investir dans une première usine de production de biogaz par pyrogazéification à l’échelle industrielle, encore appelé biométhane de deuxième génération. Il devait coûter environ 150 millions d’euros et produire progressivement, à partir de 2026, 11 000 tonnes de méthane par an, soit 170 GWh, à partir de bois B et de Combustibles Solides de Récupération (CRU). Engie avait validé la technologie à Lyon dans son démonstrateur Gaya. Or, « les résultats des études d’ingénierie réalisées en 2023 et 2024 ont mis en évidence un montant d’investissement supérieur à celui initialement estimé, rendant impossible l’équilibre financier et la viabilité de ce projet », explique Engie. De plus, les partenaires n’étaient pas parvenus à obtenir une subvention du Fonds européen d’innovation « après plusieurs candidatures », ni un soutien financier du gouvernement français. Sans parler du problème de l’accès aux ressources en déchets ligneux.
Des gaz verts moins stratégiques
Engie assure néanmoins son intérêt pour la filière du biométhane de deuxième génération et continue « de rechercher des solutions technologiques innovantes pour sa production, y compris dans d’autres filières de méthane de synthèse comme la gazéification hydrothermale et l’E-méthane ». Engie indique travailler sur un nouveau projet de carburants alternatifs sur le site d’Haropa Port du Havre. Pourtant, lors de ses salutations à la presse début janvier, la directrice générale Catherine McGregor expliquait que son groupe tournait le dos à son activité gazière pour se concentrer sur les électrons. « Aujourd’hui, nous ne produisons que de l’électricité »a-t-elle déclaré, avant de présenter ses excuses auprès de Cécile Prévieu, responsable des gaz renouvelables du groupe, rappelant que le groupe produisait encore « 1 TWh de biométhane ».
Une tendance confirmée quelques jours plus tard dans la nouvelle organisation de la gouvernance du groupe. Les gaz verts n’apparaissent plus dans aucun titre des grandes business unit d’Engie. Cécile Prévieu se voit confier le pôle réseaux. Les projets d’hydrogène vert sont également tous reportés. Les molécules, même vertes, ne semblent plus stratégiques chez Engie. De son côté, CMA CGM semble s’orienter davantage vers une nouvelle technologie, la gazéification hydrothermale, utilisant notamment les eaux usées pour produire du biogaz. Un accord en ce sens a été signé avec Suez en octobre.
