Les coraux sont des bêtes sexuelles

Les coraux sont des bêtes sexuelles
Les coraux sont des bêtes sexuelles
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« Alcyonium sp. », un corail mou. LEEMAGE VIA AFP

LLa science l’a toujours su : les apparences sont trompeuses. Les coraux en constituent l’un des exemples les plus parfaits. En observant ces récifs multicolores, capables d’éviscérer un bateau, leur qualification minérale apparaît naturelle. Mais comme les humains ne manquent pas de sens de l’observation, depuis l’Antiquité, les plus malins d’entre eux – Aristote, Pline l’Ancien, Ovide – le classeront parmi les plantes. Qu’un caillou puisse pousser chaque année au fond de la mer semblait déjà inhabituel. Mais le fait qu’il se ratatinerait et mourrait une fois retiré de l’eau ne laissait aucun doute. Une « plante pierreuse », disent les sages grecs. Une plante, donc.

Jusqu’en 1726, Jean-André Peyssonnel, médecin de profession, naturaliste de passion, correspondant de l’Académie des Sciences en Guadeloupe, lance une bombe. Dans une lettre à ses collègues, il a annoncé qu’après avoir observé de près la créature, il était devenu convaincu qu’il s’agissait d’un animal. Tempête sous les perruques, hurlement de Réaumur et Jussieu. L’iconoclaste est invité à regarder ailleurs. C’est donc en Angleterre qu’il publiera ses conclusions. Jussieu fera amende honorable et Buffon mettra fin au débat en 1749 en les soulevant ” pour toujours “ au rang d’animal.

De la nature des cellules au mode de nutrition, la science moderne ne manque pas d’arguments en ce sens. La reproduction occupe une place importante. Car même si ce groupe de près de 800 espèces présente une certaine diversité au moment de former une progéniture, les deux principaux acteurs en jeu ici ne nous sont pas inconnus : les ovules et les spermatozoïdes. Ici, les pluriels sont importants. Les scientifiques parlent en effet officiellement de « reproduction massive »officieusement une orgie. “Une des plus belles choses que l’on puisse voir”souligne l’océanographe Pascale Joannot, ancienne directrice de l’aquarium de Nouméa et spécialiste des coraux.

Le rôle essentiel de la température de l’eau

Le phénomène se produit au début de l’été, quelques nuits après la pleine lune. Dans l’immense récif, un premier polype libère son ovule et son sperme, puis un autre. Et de plus en plus. Dans les jours suivants, des centaines de milliers de personnes suivirent le mouvement. La nuit océanique prend des allures de ciel enneigé. La suite est presque banale : un ovule rencontre un spermatozoïde. L’œuf obtenu devient une larve. Sauf qu’il atteint ensuite le fond, s’enracine – pardon, s’accroche au sol, et développe un exosquelette fait de carbonate de calcium qui finira, par clonages successifs, à constituer le fameux « récif ».

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