Basé au Québec, Canada depuis 1995, le fabricant d’enceintes Verity Audio a ajouté une corde à son arc en 2017 en proposant une gamme d’électronique attractive. Celles-ci sont conçues comme le prolongement naturel d’une gamme d’enceintes qui s’est progressivement imposée auprès des mélomanes à la recherche d’un son privilégiant l’expressivité dans un environnement domestique.
Juste avant le nouveau modèle Florestan et son tweeter à ruban de 2 pouces présenté en mai 2023 au High-End Show de Munich, le Québécois a lancé l’Arindal, dont le nom évoque le prince amoureux d’une fée dans l’opéra de Wagner. Les fées.
Dans sa majorité, la gamme d’enceintes Verity Audio privilégie une configuration trois voies en deux volumes physiquement distincts – soit une tête médium-aigu placée sur un caisson de basse – dans le but d’atteindre un rendement jamais inférieur à 91 dB, jusqu’à atteindre le chiffre record de 99 dB sur le vaisseau amiral Monsalvat.
Avec son médium de 150 mm en polypropylène dopé associé à une bobine courte de 50 mm, elle-même relayée dans les aigus par un tweeter à dôme souple et un aimant néodyme de 25 mm, l’efficacité de l’Arindal s’élève à 93 dB/W/m. La charge moyenne est décomprimée à l’arrière au moyen d’une grille à fentes verticales.
Un woofer de 24 cm doté d’une membrane multicouche en papier et carbone équipé d’une bobine mobile courte de 76 mm détaille les basses avec un son suffisamment convaincant pour se fondre dans les 93 dB obtenus globalement. Ce haut-parleur est monté dans un volume indépendant chargé de bass-reflex et regarde en arrière. Verity Audio défend ce principe en indiquant que « cette disposition réduit la distorsion des basses par une meilleure gestion de la dispersion dans la pièce, tout en offrant une plus grande extension des basses qu’un appareil classique », c’est à dire le haut-parleur diffusant vers l’avant.
Comprenez que l’enceinte s’appuie sur les réflexions des murs adjacents pour étendre sa réponse dans les basses. Une réponse qui, au total, couvre un large spectre entre 20 Hz et 50 kHz à ±3,0 dB.
Quoi d’autre? Pour stopper les vibrations, les deux caissons sont isolés par une solide plateforme en aluminium équipée d’élastomères spéciaux. Tandis que le caisson de basse repose sur une base MASIS (Système d’isolation contre les bruits mécaniques et aériens) constitués de différents matériaux absorbant l’énergie pouvant être transmise au sol. Les connecteurs sont tirés du catalogue Furutech. Enfin, chaque colonne mesure 120 cm de hauteur et pèse 75 kg.
De telles maquettes étant difficiles à déplacer, l’écoute a eu lieu un matin à l’auditorium de l’Acoustic Gallery (Paris 17e). Pour l’occasion, le système était composé d’un lecteur réseau Aurender N20 suivi d’un lecteur DAC/CD/SACD Playback Design MPS-8, d’un bloc d’alimentation CH Precision A1.5 de 2×150 W sous 8 Ω, d’un câblage Shunyata Research.
La combinaison d’un haut rendement décompressé dans le médium et d’une dispersion contrôlée des basses génère un cocktail aussi surprenant que savoureux. L’énergie est bien présente partout, avec une articulation prononcée dans le médium qui fait des merveilles sur des enregistrements de petits groupes comme le Blattwerk Quintett dans des transcriptions de Ma mère l’oie de Ravel (Schweizer Fonogramm), ou avec une voix comme celle de la soprano Lise Davidsen accompagnée au piano par Leif Ove Andsnes (mélodies d’Edvard Grieg, Decca).
Les Arindal privilégient l’expressivité mais savent aussi se défendre lorsqu’ils sont sollicités dans la basse. Sur Nemeton pour percussions solo de Matthias Pintscher (Ensemble Intercontemporain, Alpha Classics), à défaut de basses amples et sous-jacentes, il apparaît réactif, voire explosif, voire enveloppant. Entre rondeur et tonicité, les Arindal empruntent prioritairement la seconde voie. L’acte du prince en somme.