jeelle a gardé sa parka à l’effigie du SU Agen. Cela peut être utile dans ces moments-là. Mais lorsqu’il l’enlève, Clément Bougier porte désormais fièrement le sweat-shirt rouge de la sélection du Maroc. Le surintendant du SUA depuis près de sept ans (décembre 2017-février 2024) est au service des Lions de l’Atlas depuis septembre dernier. Une équipe nationale qui revient à la vie après quatre ans et demi de suspension de toutes compétitions officielles suite à de graves problèmes de gouvernance. Il a débuté sa reconstruction à Agen en juin dernier lors d’un stage de quatre jours qui a réuni 66 joueurs. Un nouveau départ également pour Clément Bougier.
C’est l’histoire d’un concours de circonstances. Sans l’intervention de l’enfant d’Oujda Abdelatif Benazzi et de l’éducateur du SUA Driss Zine, cette sélection n’aurait jamais mis les pieds sur les terrains annexés d’Armandie. Et sans l’aide de l’ancien manager agenais Bernard Goutta, intervenu auprès des Lions de l’Atlas pour assurer un cadre de travail, Clément Bougier ne se serait jamais lancé dans l’aventure. « Ils m’ont contacté parce que Bernard ne disait que du bien de moi. Après quelques échanges, le sentiment est passé très vite avec le président de la Fédération Royale Marocaine de Rugby (FRMR) Hicham Oubajja et l’entraîneur Kouider Gasmi. »
A Casablanca en famille
La « Bougie » n’a donc pas hésité longtemps avant de raviver la flamme qui avait vacillé avec son départ du SU Agen. « J’ai arrêté parce que je n’avais plus de vie entre l’horaire qui pouvait changer à tout moment, les longs déplacements nocturnes sur la route, les entraînements du dimanche, ou encore la réadaptation à un nouveau manager chaque année… C’était devenu trop compliqué et j’ai je voulais être aux côtés de mon partenaire et de mes deux enfants [NDLR : un garçon de 3 ans et une fille née en juillet dernier]. » Clément Bougier a ainsi retrouvé à 33 ans son poste d’employé communal tout près de la maison familiale, à la mairie de Temple-sur-Lot.
« C’est un grand défi. Je continue ma passion, j’ai un projet où je peux tout créer et laisser ma marque”
« Beaucoup de clubs m’ont appelé pour être leur steward », assure-t-il. Mais je voulais vraiment donner la priorité à ma vie de famille. Et là, le destin a voulu que la sélection marocaine s’entraîne à Agen. J’ai accepté de les aider car ils ne sont en freelance qu’une semaine à dix jours, pour qu’on puisse s’organiser. » Comme en novembre dernier lorsqu’il avait accompagné l’équipe à Casablanca pour deux matches du groupe B Afrique. « Les familles étaient invitées à ce rassemblement, j’ai pu amener ma femme ! Il doit y avoir une petite étoile au dessus de nous, nous aimons ce pays. Cela fait longtemps que nous partons en vacances à Marrakech deux fois par an… »
Bernard Goutta, l’ancien manager du SU Agen désormais à Carcassonne, travaille avec l’équipe nationale marocaine depuis l’été dernier.
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« Il y a tout à faire »
Le 2 février, alors qu’il revient à Casablanca pour un match décisif sur la route du Mondial 2027 (lire par ailleurs), Clément Bougier ne fera pas de tourisme. « Ce qui est cool, c’est qu’il y a tout à faire. Même s’il y a un personnel nombreux, tout le Monde est attentionné et adorable, tout est nouveau pour eux. Il leur manquait un cadre, une organisation. Ils attendaient que je leur apporte un côté professionnel en termes d’intendance. Ils n’étaient pas habitués à ça. Et je retrouve ce qui m’a plu au SUA comme préparer les vestiaires, être en contact avec le milieu sportif, mais sans les désagréments de rouler de nuit toutes les deux semaines ! »
-Après avoir travaillé en freelance aux côtés de Sébastien Calvet en équipe de France U20, Clément Bougier pensait pouvoir rejoindre les U18. Il ne regrette pas d’avoir saisi l’opportunité offerte par la sélection du Maroc qui a désormais ses habitudes à Agen où elle dort à l’Enap. « Je voulais repartir avec une équipe nationale. Après avoir connu les Barbares, c’est un beau défi. Je continue ma passion, j’ai un projet où je peux tout créer et laisser ma marque. » Avec aussi des perspectives sportives qui font briller les yeux de l’enfant d’Aiguillon : « Pour l’instant, nous n’avons pas de ressources illimitées. Mais si on atteint la poule A, ça peut y aller très vite. »
« Pour l’instant, nous n’avons pas de ressources illimitées. Mais si on arrive dans la poule A, ça peut aller très vite là-bas.»
La montée en puissance des footballeurs, demi-finalistes de la dernière Coupe du monde et qui accueilleront les matches de la Coupe du monde 2030, en est la preuve. « Comme le roi du Maroc est très sportif, le rugby tente de suivre la vague après avoir signé un accord avec la FFR. » De quoi rêver grand pour Clément Bougier : « Déjà, monter dans le groupe A pour disputer la Coupe d’Afrique, c’est super. Jusqu’à présent, ce n’est que du bonheur. En plus, je voyage, c’est tellement bon, je m’éclate. Mais évidemment j’espère faire la Coupe du monde 2027 en Australie, ce serait énorme ! »
Reda Benazzi, le frère cadet de la légende du SUA, fait partie des cadres de la sélection marocaine, même s’il évolue désormais en Régionale 1 au CRC XV.
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En route vers la Coupe du monde 2027
Barrage décisif face à la Tunisie. Relancée en juillet dernier, l’équipe nationale marocaine a disputé deux matches dans le groupe B de la Coupe d’Afrique en novembre. Sur la pelouse du complexe Mohamed Benjelloun de Casablanca, les Lions de l’Atlas ont dominé leurs homologues de Madagascar (53-37) et du Botswana (64-0). Dans cette sélection, « au niveau national » – selon Clément Bougier – dans laquelle évolue la majorité des joueurs en Europe, on reconnaît des noms comme le « frère de » Reda Benazzi (Confluent Rugby Club XV, Régional 1), l’ancien fly- le demi Agenais et Marmandais Fouad Boulaghrifa (Nantua, Fédérale 1), l’ailier passé par le Top 14 Valentin Tireford (Graulhet, Nationale 2), ou encore l’expérimenté deuxième ligne Yassine Maamry (Valence-Romans, Pro D2) et le pilier Zakaria El Fakir (Biarritz, Pro D2).
Clément Bougier rejoindra les Lions de l’Atlas dimanche 2 février, accompagné de deux chevilles ouvrières de l’association SUA : le kiné Crabos Imad Azarkan et l’éducateur Driss Zini en charge du parrainage de la sélection. Maroc (40e monde) accueillera ensuite la Tunisie (46e mondial) pour un match de barrage décisif, le 9 février à Casablanca, afin de désigner le dernier participant à la phase finale de la Coupe d’Afrique 2025, qui se tiendra à Kampala en Ouganda (10-21 juillet), elle-même qualificative pour la Coupe du Monde 2027 (1est octobre-13 novembre) en Australie. Le nombre d’équipes passe de 20 à 24 pour ce 11e édition, le Maroc peut croire en ses chances de faire partie de la fête. Pour ce faire, il lui faudra remporter la Coupe d’Afrique 2025 ou au moins être finaliste puis battre le vice-champion d’Asie.
