Comment avez-vous été alerté par le comportement de votre fils ?
Quand Maël
avait deux ans et demi – quand sa sœur Emma est née
– il a commencé à être violent envers tout le monde. Au moindre désagrément, il faisait de grandes crises de colère qui pouvaient durer des heures. Ensuite, l’entrée à la maternelle a été un désastre. Cette violence physique a duré plusieurs années, jusqu’à ce qu’il abandonne la première année.
À cette époque, comment avez-vous vécu cette situation ?
Très mauvais. Le regard des autres parents était insupportable. Personnellement, j’ai dû arrêter de travailler. D’année en année, nous avons continué à consulter des psychiatres et des psychologues. A cinq ans, il y a eu un premier diagnostic de Haut Potentiel Intellectuel. À six ans, on lui a diagnostiqué le syndrome d’Asperger, un trouble autistique. À l’âge de 8 ans, on lui a diagnostiqué un TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité). Ensuite, il y a eu l’ODD (trouble oppositionnel avec provocation). Pendant cette période, il a pris beaucoup de médicaments qui n’ont pas fonctionné. Pendant ce temps, la violence devenait de plus en plus forte. Et nous étions complètement impuissants.
« Mon père est bipolaire et, dans le passé, j’en avais déjà parlé comme une possibilité mais les médecins ne l’ont jamais retenu car, pour beaucoup d’entre eux, la bipolarité juvénile n’existe pas. »
Et puis en 2020, tout a changé…
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Le psychologue qui a suivi Maël évoque pour la première fois la bipolarité juvénile. Mon père est bipolaire et, dans le passé, j’en avais déjà parlé comme une possibilité mais les médecins ne l’ont jamais retenu car, pour beaucoup d’entre eux, la bipolarité juvénile n’existe pas. Puis, en faisant des recherches, je suis tombée sur l’association Bicycle, spécialisée dans les troubles de l’humeur chez les enfants. J’ai tout de suite retrouvé Maël dans les témoignages de ces familles ! J’ai pu être mis en relation avec un médecin spécialiste qui collabore avec l’association. Nous l’avons rencontrée et elle a pu diagnostiquer le trouble bipolaire juvénile et prescrire le traitement qui l’accompagne.
« Finalement, son errance médicale a duré huit ans, de l’âge de deux ans et demi à celui de dix ans »
Que s’est-il passé ensuite ?
Très vite, Maël se transforme. Les crises de colère sont devenues beaucoup moins sévères et surtout, nous avions le contrôle sur lui. A l’école, ses professeurs le trouvaient « transformé ». Aujourd’hui âgé de 14 ans, il a des amis et fréquente un collège ordinaire. Maël sait qu’il devra probablement suivre un traitement pour le reste de sa vie, mais cela ne l’empêche pas d’être très créatif, pertinent et d’avoir beaucoup d’humour. Finalement, son errance médicale dura huit ans, de l’âge de deux ans et demi à celui de dix ans.
Pourquoi avoir souhaité témoigner dans l’émission “Ça commence aujourd’hui”, animée par Faustine Bollaert et diffusée sur France 2, jeudi 23 janvier à 13h55 ?Je crois que la psychiatrie reste aujourd’hui un sujet tabou. Pour moi, il faut en parler. L’année prochaine, la santé mentale deviendra la grande cause nationale, j’attends de voir. Si nous traitons les enfants dès le plus jeune âge, nous aidons également les services psychiatriques dédiés aux adultes. Je veux aussi transmettre un message d’espoir. Mon fils a fait un excellent voyage et va beaucoup mieux maintenant. En fait, il m’a encouragé à participer à l’émission. Il est très fier de moi.
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