Charlie Dalin est non seulement un bon marin, mais aussi un excellent marin. C’est avant tout un sportif méticuleux, « presque obsédé par la recherche de la performance », selon son entourage. Diplômé de l’école d’architectes de Southampton, Le Havre n’a jamais manqué les étapes : dériveur, Mini 650, Figaro puis Imoca.
Toujours en pensant aux résultats. « J’ai travaillé, tout ça ne s’est pas fait en un jour », raconte celui qui a toujours placé le curseur au bon endroit dans ce Vendée Globe. Ni trop haut, ni trop bas. « Charlie prenait toujours des initiatives, sans regarder ce que faisaient les autres : c’était lui le patron », analyse Desjoyeaux. « Charlie a de la passion, de l’expérience, des choses à prouver : il n’est pas loin du sommet de son art », ajoute Jean-Luc Nélias, son team manager.
« Il y a plus de 10 ans, il était déjà concentré sur la performance, sur les tanches du bateau. Il est carré, rigoureux, concentré sur la performance à mort », analyse Gildas Morvan qui l’avait embarqué en 2012 lors de la Transat Ag2r qui s’était soldée par une victoire.
Hormis le Cap Horn qui lui a échappé pendant 9’30”, Dalin a franchi les deux autres caps majeurs en tête. Il n’a plus quitté le top 3 depuis le franchissement de l’équateur à l’aller. Mieux encore, il a été mis en tête plus de 250 fois, contre 76 pour Richomme. Cela représente 50 des 65 jours en tant que leader. C’est ce qu’on appelle une Masterclass. Une copie parfaite. Dalin était tout simplement imbattable cette année.
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2 Un esprit en acier trempé
L’homme n’est pas du genre à avoir le moral yoyo, Charlie Dalin est un dur à cuire. En mer, notamment, où il ne laisse rien transparaître de ses émotions. Richomme avoue une « perte de bien, une baisse de moral » au retour dans l’Atlantique Sud, Dalin répond inlassablement que « tout va bien à bord de la Macif ».
Gardez le cap en toutes circonstances, ne montrez aucune faiblesse. Aucun défaut. Pas du genre à s’étaler sur les réseaux sociaux, à en faire des tonnes dans les médias, il préfère consacrer son temps et son énergie à faire avancer son bateau.
Le reste… S’il n’apparaît pas à certains comme le marin le plus sympa du monde (ne comptez pas sur lui pour danser sur les tables et faire le show au micro à l’arrivée), le 2ème du Vendée Globe 2020 -2021 est un homme calme et posé. Bien comporté. Discret aussi. Qui n’a pas été médiatisé en 2023 lorsqu’il a été privé de la Transat Jacques Vabre pour raisons médicales. Il s’est simplement retiré, a attendu le feu vert des médecins, pour revenir encore plus fort. En témoigne sa victoire sur la Transat New York – Vendée en juin dernier. Et ce succès dans le Vendée Globe. Fort, très fort.
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3 Une équipe solide, des façons de bien travailler
L’équipe Macif est composée de huit personnes à temps plein, plus le skipper. Ils travaillent tous chez MerConcept, l’équipe de course au large de François Gabart, basée à Concarneau. Ancien coureur au large, équipier de longue date de Thomas Coville chez Sodebo, le Quimperois Jean-Luc Nélias est le team manager de l’équipe de Charlie Dalin, le « monsieur plus ». Il a su apporter son expérience, son sérieux et sa rigueur au sein d’une équipe où, du matin au soir, ça va bien sur les différents projets, de l’Ultime SVR Lazartigue, à l’Ocean Fifty de l’équipage féminin jusqu’à l’Imoca Macif.
Quand tu as François Gabart, vainqueur du Vendée Globe, disponible tous les jours, ça te fait progresser. Engagée dans la voile depuis 2015, la compagnie d’assurance a financé le nouvel Imoca Macif (8 millions d’euros) et alloue un budget de fonctionnement annuel de 1,8 million d’euros. De quoi bien faire les choses.
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4 Verdier, le bon plan
Il y a quatre ans, Charlie Dalin avait déjà fait confiance à l’architecte morbihannais Guillaume Verdier, vainqueur en 2024 de la Coupe de l’America avec les Néo-Zélandais et de l’Arkéa Ultim Challenge Brest avec le Gitana 17 de Charles Caudrelier, pour son premier Imoca Apivia. « Nous avons utilisé Apivia pour réaliser la nouvelle Macif : nous l’avons imaginé pour gagner non pas le championnat mais le Vendée Globe », raconte Nélias.
Les faiblesses du premier ont été gommées, le second bateau a été boosté dans plusieurs domaines. Le nouveau foiler, construit au chantier CDK Technologies, avec la maîtrise d’œuvre de MerConcept, n’a été mis à l’eau qu’en juin 2024.
Mais très vite, on a vu que la machine allait vite et bien, qu’elle n’était pas la plus rapide à certaines vitesses mais qu’elle n’avait pas de trous dans la raquette. « Un bateau polyvalent qui arrive à prendre le vent en premier dans les phases de transition : cela permet de créer des écarts importants », explique Armel Le Cléac’h, séduit par la machine.
« Charlie est architecte naval, donc il a une énorme perspicacité, il comprend vite, sait faire avancer un bateau plus vite », ajoute Nélias. Il a rapidement retrouvé les commandes de ce bateau. » Depuis 2018 et ses débuts en Imoca, que ce soit à bord d’Apivia ou de Macif, Charlie Dalin est à chaque fois monté sur le podium, à l’exception d’une 4ème place sur la Transat CIC 2024. Aucun autre skipper n’a fait mieux.
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