“Le 4L Trophy lui a permis de rester jeune”, Géraldine Rey revient sur la disparition de son père, fondateur du rallye-raid étudiant

“Le 4L Trophy lui a permis de rester jeune”, Géraldine Rey revient sur la disparition de son père, fondateur du rallye-raid étudiant
“Le 4L Trophy lui a permis de rester jeune”, Géraldine Rey revient sur la disparition de son père, fondateur du rallye-raid étudiant

« Il a tenu jusqu’au bout pour la 4L. » Même s’il n’a pas pu suivre la dernière édition (du 15 au 25 février), car « physiquement, ce n’était pas possible », Jean-Jacques Rey a suivi à distance son petit bébé. Via sa fille, Géraldine. Au téléphone. « Le soir du clôture, je lui ai passé un dernier coup de téléphone. Le lendemain, il a libéré les chevaux. »

Fondateur du 4L Trophy, ce rallye-raid solidaire 100% étudiant, devenu au fil des années une institution, Jean-Jacques Rey est décédé à l’aube de ses 80 ans, le 22 mars. Présent au départ du Dakar en 1986 , la même année où il fonde la société Désertours, il bat un record de vitesse une décennie plus tard. A bord de son 4×4, il a voyagé de Paris à Dakar en 2 jours, 23 heures et 6 minutes. De quoi figurer encore dans le Guinness Book.

Entre-temps, l’idée d’un rassemblement dédié aux jeunes a germé dans son esprit. Un soir, en bivouac. Les 4×4 oubliés, dont les prix étaient jugés prohibitifs. « Et si on essayait avec une voiture normale, pas trop chère ? », se demandait-il. Modèle de fiabilité et fabriqué à sept millions d’exemplaires, la 4L sera finalement retenue. Le test, avec un modèle loué chez Hertz, confirme son choix. « Je ne lui ai rien épargné : piste caillouteuse, traversée de dunes… »

De cinq 4L positionnées sur la ligne de départ en 1997, le nombre d’équipages s’élève aujourd’hui à près de 1 150. Cet événement, “a été un véritable bain de jouvence”, assure Géraldine. Cela lui a permis de rester jeune dans sa tête. Il est resté jeune jusqu’au bout. C’était un éternel adolescent. Un visionnaire aussi. Jean-Jacques Rey « a vu les choses avant qu’elles n’arrivent », s’exclame-t-elle. Il aimait le goût du risque. Pour lui, rien n’était impossible. Il n’a fait que suivre son instinct, ses intuitions. Des défis ? Il nous l’a mis tout le temps. Cela n’a pas toujours été facile, il a fallu s’accrocher.

Charbon de bois

Outre le 4L Trophy, père et fille ont promu en binôme les trophées Roses des Sables et Roses des Andes, avant d’enchaîner les treks féminins au Maroc et au Sénégal. « Nous n’avons pas eu le temps de réfléchir, nous avons dû y aller. Il nous a fait du charbon pendant 30 ans, raconte Géraldine Rey. Il travaillait 24 heures sur 24, mais comme c’était sa passion, ce n’était pas du travail pour lui. »


Pour Jean-Jacques Rey, le 4L Trophy a été un « véritable bain de jouvence ».

Trophée FlashSport/Raid 4L

Depuis, elle a repris l’entreprise familiale Désertours, basée à Ciboure. Alors que les équipes et 22 collaborateurs préparent déjà les 30 ans du 4L Trophy, tout le monde reste concentré sur la prochaine édition. Sans leur guide. « Le désir de garder vivant sa mémoire est fort. Nous restons soudés et animés par l’envie de bien faire », affirme le nouveau manager.

Leur souhait le plus cher est de préserver l’ADN du rallye : action, partage, solidarité. En un demi-siècle, 28 écoles furent construites et de nombreux puits érigés. Chaque année, 60 tonnes de matériel éducatif et sportif sont transportées et neuf tonnes de nourriture sont collectées pour la Croix-Rouge.

Les petits-enfants au départ

En février prochain, ses petits-enfants incarneront son héritage et la transmission des valeurs qu’il leur a inculquées : l’amour de l’aventure et l’engagement solidaire. Pendant qu’Edoia et Alexis, les bambins de Franck (au sol avec Géraldine) opéreront dans l’organisation, Luma et Santxo (18 et 20 ans) traverseront les dunes du désert marocain. « S’il avait été là, papa aurait flippé », sourit leur mère.

« Nous avons reçu des milliers de messages nous disant que mon père avait changé leur vie. »

Une fois le voyage terminé, les participants « reviennent totalement transformés, avec beaucoup plus de confiance en eux et une envie de vivre », raconte Géraldine Rey, heureuse de voir les mariages et les bébés estampillés 4L Trophy « pulluler ». A l’annonce de la disparition de son père, « nous avons reçu des milliers de messages nous disant qu’il avait changé leur vie », souligne-t-elle. Nous avons eu beaucoup de soutien lors des funérailles. J’ai été très surpris de voir d’anciens phyristes. »


Jean-Jacques Rey et sa fille Géraldine aux côtés du chanteur Florent Pagny.

Trophée FlashSport/Raid 4L

Après avoir longtemps hésité, elle finit par entrer dans le bureau de son père. « Je suis là tout le temps », dit-elle, entourée de ses photos. Aujourd’hui, sa folie nous manque mais j’ai l’impression qu’il est toujours parmi nous. Je peux savoir ce qu’il aurait pensé, ce qu’il aurait dit, comment il se serait exprimé. » A la fin des funérailles, le prêtre Mikel Epalza « m’a demandé : Mais qu’aurait dit ton père pour conclure ? Que les inscriptions au 4L Trophy restent ouvertes ! Cela a beaucoup fait rire l’assemblée.

L’édition 2025

Parrainée par les Youtubeurs LeBouseuh (4,5 millions d’abonnés) et Dobby, la 28e édition du « plus grand événement sportif européen des 18-28 ans » se déroulera du 19 février au 2 mars 2025, à travers la , l’Espagne et surtout le Maroc (4 500 km). Un opus dédié à Jean-Jacques Rey, « le papa » de ce rallye mythique. Pour la première fois, Renault sera présent au village départ. La marque au losange proposera un stand avec une exposition d’anciennes 4L et du tout nouveau modèle électrique.

 
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