Le flanc droit en défense du Canadien semblait scellé sur le long terme, il n’y a pas si longtemps.
Montréal a obtenu un défenseur prometteur de 20 ans, Justin Barron, dans l’échange contre Artturi Lehkonen en mars 2022. Repêché à 25 anse rang deux ans plus tôt, Barron avait récolté 20 points en 43 matchs à sa première saison professionnelle dans la Ligue américaine et il avait le physique pour le poste à 6 pieds 2 pouces et 200 livres.
Un autre choix de première ronde, à 31 anse rang en 2021, Logan Mailloux, a fait saliver certains partisans avec une production de 47 points en 72 matchs à sa première saison avec le Rocket de Laval l’an dernier. Il était encore plus gros, mesurant 6 pieds 3 pouces et 213 livres, et possédait un tir fulgurant.
Et le 28 juin 2023, David Reinbacher, 6 pieds 3 pouces et 207 livres, 22 points en 46 matchs chez les pros, à Klöten en Suisse, complèterait le trio en étant repêché cinquième au total par le Canadien.
Mais un peu plus de trois ans plus tard, le départ de Barron pour Nashville mercredi soir nous confirme une nouvelle fois à quel point se projeter dans l’avenir est tout sauf prévisible.
Reinbacher est tombé au combat lors d’un match préparatoire, souffrant d’une grave blessure au genou. Il reste, à 20 ans, un défenseur au potentiel énorme, et il aurait probablement joué des matchs à Montréal cet automne, mais il a connu une saison difficile à Kloten l’an dernier, même si ses 11 matchs à Laval en fin de saison en en a rassuré beaucoup.
Certains optimistes voyaient en Mailloux la réincarnation de Brent Burns ou d’Evan Bouchard. Le jeune homme présente cependant d’importantes déficiences en termes de compréhension du jeu, malgré des atouts physiques indéniables.
Mailloux totalise dix points à ses cinq premiers matchs dans la Ligue américaine cette saison. Mais il n’a pas été convaincant lors de son bref rappel à Montréal, encore médiocre dans une situation défensive.
Les choses se sont également calmées offensivement à Laval avec seulement 3 points à leurs 14 derniers matchs, et une fiche de -8. Il a récemment été rétrogradé au sein de la troisième paire de défenseurs du Rocket.
Mailloux aura 22 ans en avril et franchement, on ne voit pas beaucoup de progression dans son jeu. La crème des défenseurs de sa génération, Owen Power, Luke Hughes, Simon Edvinsson, Brandt Clarke, Olen Zellweger et Ryker Evans, sont déjà établis dans la LNH.
Barron, maintenant âgé de 23 ans, a été inconstant depuis un peu moins de trois ans au sein de l’organisation des Canadiens. Cependant, il a eu toutes les chances de s’établir dans la LNH. C’est un patineur fluide et rapide et n’est pas dénué de potentiel offensif.
Mais sa faiblesse en territoire défensif, ses mauvaises prises de décision avec et sans la rondelle et son manque d’audace ont fait de lui un défenseur vulnérable.
Le pari de Kent Hughes en valait pourtant la peine. Lehkonen était un joueur de niveau intermédiaire à Montréal qui, à la veille de son 27e anniversaire, n’avait pas amassé plus de 31 points en une saison. Dans un contexte de reconstruction, le CH n’était pas prêt à lui proposer un contrat annuel de 4,5 millions pour cinq ans ou plus.
En plus de Barron, Montréal a obtenu un choix tardif de deuxième ronde en 2022 de l’Avalanche. Ce choix a été utilisé pour passer de 26e au 21e se classer en 2024 et repêcher Michael Hage.
L’échange de Justin Barron mercredi corrige quelque peu la situation sur le flanc droit. Alexandre Carrier, 28 ans en octobre, n’est pas Kristopher Letang. Vous ne remarquerez peut-être même pas le défenseur droitier de 5 pieds 11 pouces et 175 livres la plupart du -.
Mais cela apportera au Canada une stabilité en matière de défense, mais aussi et surtout un équilibre. Avant de se blesser début décembre, Carrier était le partenaire de Roman Josi au sein du premier duo des Predators, avec 20 minutes de jeu par match. Il a joué avec Jérémie Lauzon sur la deuxième paire les deux années précédentes.
Malgré son petit gabarit, Carrier est un spécialiste défensif, efficace en désavantage numérique, très fiable, malgré une saison difficile cette année, comme la plupart de ses coéquipiers à Nashville.
Il représente le quatrième ou cinquième défenseur d’une équipe en lice pour la Coupe Stanley, mais il renforcera considérablement le top 4 du Canadien, l’un des plus faibles de la Ligue nationale en ce moment.
L’arrivée de Carrier permettra à Martin St-Louis de maintenir David Savard avec Arber Xhekaj dans le troisième duo, où ce vétéran fait un bon travail d’encadrement du jeune colosse, et donne au Canadien un bon duo pour affronter les meilleurs trios adverses, si nous décidons par exemple de jumeler Carrier avec Kaiden Guhle.
Cela permettra aussi à la direction du Canadien de céder à la tentation si jamais une organisation rivale faisait une offre irrésistible pour Mike Matheson, à un an et demi de sa pleine autonomie, sans se retrouver complètement démuni de défense.
Barry Trotz critiqué
Ce métier n’est pas très populaire à Nashville, où les cols bleus comme Carrier sont toujours populaires et font partie de l’ADN de l’organisation.
Pourquoi alors avoir vendu un défenseur de 28 ans à qui on venait de proposer un contrat de trois ans ? Car Nashville se retrouve dans la cave du classement alors qu’elle pensait être en course pour les playoffs.
Le directeur général des Predators Barry Trotz libère également de la masse salariale, puisque Carrier recevra 3,75 millions cette saison et les deux prochaines, un salaire légèrement supérieur à celui de David Savard, un défenseur de cette même catégorie.
Le Canadien n’est pas dans une situation très différente de celle de Nashville pour le moment, mis à part un manque de profondeur à court terme du côté droit en défense. Trotz croit pouvoir combler le vide laissé par Carrier à moindre coût avec Nick Blankenburg et Adam Wilsby, un gaucher employé à droite, sans oublier Barron.
Peut-être que le directeur général des Predators prépare également un autre échange avec cette réduction de la masse salariale de l’équipe.