Indépendant, ensoleillé, travailleur acharné, ambitieux, drôle, gentil, passionné. Les adjectifs utilisés par Caroline, fidèle fiancée de Tiffany Foster, pour qualifier la Canadienne de 40 ans sont nombreux ! Abordable et chaleureux sont deux adjectifs que nous ajouterions volontiers à la liste. Nous commençons notre entretien en anglais, mais le natif de Vancouver m’interrompt rapidement : « Je peux aussi parler quelques mots en français si cela est plus facile pour vous. Même si mon français n’est vraiment pas parfait ! (sic) » Nous sommes d’accord : les questions dans la langue de Molière, ses réponses dans celle de Shakespeare. La Colombie-Britannique, où elle est née, et le Québec sont à plus de 5 000 km, mais sa mère a insisté pour inscrire ses filles à des cours de français. Une corde de plus à mettre sur votre arc.
Issue d’un milieu plutôt modeste – son père était pompier, sa mère travaillait chez Canadian Airlines – Tiffany Foster a vécu plusieurs vies avant d’arriver ici aujourd’hui. « J’ai pu suivre des cours à l’école d’équitation locale, mais j’ai vite dû travailler en parallèle de mes études pour me permettre de poursuivre ma passion. » La jeune femme ne lâche rien, elle va travailler avec les chevaux. « J’aurais certainement été décoratrice d’intérieur si je n’avais pas été équestre. J’achète beaucoup (trop) de meubles, et Caroline soupire à chaque concours car il y a des nouveaux meubles à charger dans le camion (rires). Je profite de parcourir le monde pour trouver de belles pièces à ramener à la maison.
Après une première expérience dans les écuries de Brent et Laura Balisky à Langley, Eric Lamaze lui propose de travailler pour lui. A cette époque, Tiffany Foster, âgée de 21 ans, n’avait jamais grimpé plus haut que 1m20 dans les épreuves. L’adage dit que la patience est la mère de toutes les vertus. Il aura fallu plusieurs années, la convalescence d’un dos cassé ainsi que la confiance de ses désormais fidèles propriétaires Artisian Farm, avant que la Canadienne atteigne enfin le haut niveau. Aujourd’hui, elle a bâti un petit empire, avec des écuries à Langley (à environ une heure de sa ville natale), à Wellington, en Floride, ainsi qu’à Vrasene, en Belgique !
D’ailleurs, elle vient de passer quelques jours dans ses écuries européennes. Ses complices Figor et Électrique ont débarqué mardi soir. « J’essaie de planifier suffisamment tôt un planning pour toute l’année, afin qu’ils ne prennent pas l’avion trop souvent », explique Tiffany. Nous passons quelques mois dans chaque écurie avec mes chevaux et mes élèves, car cela nous permet de voir différents circuits. Car oui, en plus de gérer son entreprise Little Creek Equestrian et sa trentaine de chevaux, la Canadienne entraîne également une équipe 100% féminine ! « Ce n’était pas un objectif fondamental, mais nous avons une super ambiance. Elles sont deux fois mères et leurs filles. Beaucoup de kilomètres parcourus chaque année, entre trois pays sur deux continents. Cela ne l’empêche certainement pas d’essayer d’être présent à tous les événements du Rolex Grand Slam, et notamment à l’étape canadienne de Spruce Meadows à Calgary, bien sûr. « Mais revenir à Genève était aussi un de mes objectifs. D’ailleurs, le but quasi ultime serait de faire un jour partie des dix meilleures cavalières du monde et de pouvoir participer au Top 10 Rolex IJRC… » D’ici là, elle compte forcément sur « Figgy » pour lui proposer, peut-être , une belle victoire dans le Grand Prix Rolex. « Surtout après m’être fait ‘voler’ de si peu le trophée (rires) à Spruce Meadows en 2023 par Martin Fuchs en barrage… Depuis ce jour, je rêve de revanche !
Aurore Favre