Le talonneur rochelais Tolu Latu a retrouvé la sérénité à La Rochelle. Après un passage au Stade Français marqué par des problèmes extra-sportifs, l’international australien (21 sélections) évoque la rédemption.
Quelques jours après une défaite surprenante et inquiétante face à Vannes, quel bilan tirez-vous de ce match ?
Nous avons été dominés physiquement, notre exécution n’a pas été bonne et nous n’avons pas su être réalistes. Nous devons nous efforcer de saisir nos chances lorsque nous les obtenons et nous devons être sûrs de pouvoir imposer notre physique en défense. Vannes nous a dominés dans ces domaines.
Il y a ce sentiment que quand on perd cette saison, on tombe très bas. Ce fut le cas à Anoeta, à Montpellier et donc contre Vannes. Est-ce un problème dans les têtes ?
Je ne pense pas que ce soit un problème mental, mais nous devons exécuter notre plan de match lorsque les - sont durs. Dans les moments faibles, il faut gagner nos touches, nos mêlées, nos contacts, nos duels. C’est juste de l’exécution dans les moments importants.
“La victoire de Vannes à La Rochelle est tout sauf un vol”
Sur la pelouse de La Rochelle, les Bretons ont impressionné par le contenu de leur rencontre et suivent leurs concurrents directs pour le maintien. Le RCV n’est pas mort, loin de là. pic.twitter.com/EegapPBMEQ
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Ronan O’Gara a déclaré qu’il devrait à nouveau élever la voix auprès de certains joueurs. L’a-t-il fait ?
Oui. Lundi matin, nous avons eu une réunion d’équipe et son message a été reçu par les joueurs. Nous devons maintenant lui montrer que nous avons bien entendu par des actions. A commencer par cette semaine et le premier match de Champions Cup.
Cette Champions Cup débute vendredi contre Bath. Cette compétition peut-elle être une manière d’oublier les problèmes du championnat ?
Ce n’est pas comme ça qu’on le voit mais c’est une façon de rebondir après la contre-performance contre Vannes le week-end dernier. Nous voulons aussi montrer à nos supporters quelle équipe nous sommes vraiment. C’est l’occasion de se racheter mais de ne pas oublier. Nous avons retenu la leçon et nous savons où nous voulons nous améliorer. Nous devons le montrer par des actions et pas seulement par des paroles.
Pensez-vous que la Champions Cup est une compétition particulière à La Rochelle ?
Oui, je le ressens. Dès la saison dernière, à mon arrivée, j’ai très vite ressenti un soutien particulier de la part de nos supporters lors de cette Champions Cup. Cette compétition fait partie de l’histoire du Stade Rochelais. Le gagner deux fois de suite est une grande réussite pour le club.
Comment gérez-vous le fait qu’en l’absence de Pierre Bourgarit, vous avez de grandes responsabilités sur le terrain ?
Pour moi, c’est un défi que je suis heureux de relever. Je fais de mon mieux et je continuerai à tout donner pour l’équipe. Personnellement, je dois veiller à ce que la conquête se passe bien et à avoir de la discipline sur le terrain. J’ai aussi bien sûr envie de faire des tacles et de porter le ballon. Faites les choses dont l’équipe a besoin. C’est un défi passionnant en attendant le retour de « Burga ».
Est-ce qu’avoir une certaine expérience vous aide à gérer la pression ?
J’ai l’impression qu’avoir un peu plus d’expérience m’aide à relever ce défi. Je n’ai pas beaucoup de pression, c’est vraiment plus un défi pour moi. Être un peu plus âgé me fait savoir qu’au rugby, il y a toujours des erreurs qui peuvent être commises mais que malgré ça, il faut continuer à avancer. Vous pouvez vous améliorer chaque semaine en ayant cet état d’esprit.
En arrivant de Montpellier la saison dernière, vous attendiez-vous à jouer autant de matches ?
Je savais que j’allais avoir du - de jeu grâce à la rotation qui était installée dans l’équipe, notamment à cause des matches de Champions Cup. Mais je ne pouvais pas voir l’avenir et me voir jouer autant de matches pour être honnête. Je suis très content de mon - de jeu et même du - que j’avais en début de saison, quand il y avait « Bourga » avec Quentin Lespiaucq et moi. Avoir trois bonnes putes permet à La Rochelle de toujours être performante et cette compétition les aide à travailler plus dur et à être meilleures.
Avez-vous le sentiment qu’on parle enfin de vous pour vos performances sur le terrain, plus que pour vos problèmes en dehors ?
Je pense que c’est exactement ce que le club crée en soutenant ses joueurs sur et en dehors du terrain. M’aider, moi et ma famille, à nous installer à La Rochelle a rendu les choses très faciles. En seulement une semaine, j’ai pu m’installer facilement à La Rochelle et la transition a été très simple. Alors quand est venu le - du rugby, je me suis concentré sur le rugby et quand c’était fini, j’avais du - pour ma famille. Le club m’a beaucoup aidé en dehors du terrain, tout comme le groupe de joueurs. Beaucoup ont été très utiles.
Il y a quelques mois, le président du Stade Français Hans-Pieter Wild déclarait que vous aviez « un problème d’alcool ». Et ça ?
Ce fut une période sombre de ma carrière. Je le regrette. J’ai pris des décisions dont je ne suis pas fier. Cela restera toujours en moi, mais je ne le laisserai pas définir qui je suis en tant que personne. J’ai besoin de continuer à jouer avec La Rochelle et à faire mon travail. Le club m’aide en dehors du terrain avec des choses comme ça.
Comment avez-vous réagi à cette déclaration ?
J’étais un peu en colère que cela soit dit comme ça, en public. Blâmer un joueur comme ça… Je sais que j’ai pris de mauvaises décisions mais je pense qu’il aurait pu l’exprimer d’une manière différente. Il aurait pu me le dire en face plutôt que de le dire publiquement.
Comment essayez-vous de vous sortir de cette situation ?
J’ai eu de l’aide en dehors du club et La Rochelle m’a alors aidé. Je veux juste me concentrer sur moi et ma famille et m’assurer de ne pas commettre les mêmes erreurs.
Votre indiscipline sur le terrain a également été pointée du doigt. Mais depuis votre arrivée à La Rochelle, vous n’avez pas récupéré un seul carton. En êtes-vous fier ?
Je ne suis pas vraiment « fier ». Je prends simplement de meilleures décisions sur le terrain. Le personnel m’a aidé avec ça. J’ai souvent dépassé la limite et reçu des cartons jaunes, mais c’est quelque chose sur lequel je me concentre.
Avez-vous vécu une renaissance à La Rochelle ?
En tant que personne, je suis un homme nouveau. En tant que père, je dois être un exemple pour mes deux garçons et si je prends des décisions stupides, cela ne me concerne pas uniquement. Cela affecte également mon partenaire et mes deux enfants. Ce n’est plus seulement moi, c’est bien plus grand que moi.