« Je voulais me lancer un défi » – .

« Je voulais me lancer un défi » – .
« Je voulais me lancer un défi » – .

A bientôt 40 ans, Romain Salin a bouclé il y a quelques semaines une saison débutée au Portugal et terminée à Fougères en N3, un an après son départ du Stade rennais. L’année 2024 sera celle d’un nouveau défi pour le gardien, qui devient l’entraîneur principal du CPB Bréquigny, en R1. A l’aube d’une nouvelle expérience, le consultant France Bleu Armorique s’est entretenu avec SRO pour évoquer cet enjeu, et le Stade rennais bien sûr.

Comment avez-vous vécu ces derniers mois, ponctués de plusieurs expériences ?

Un arrêt en 2023 n’était pas forcément prévu. Je me suis inscrit à Maritimo Funchal pour une saison. L’objectif était de remonter en première division, et je suis déçu car les gars l’ont raté de peu en terminant 4ème. Je suis très frustré pour eux, et de les avoir abandonnés en début de saison. Mais c’était la famille, je ne me voyais pas continuer ce qui s’était passé avec la tentative de cambriolage chez moi. Début septembre, c’était un peu vide. L’idée était de raccrocher les crampons, mais quand j’en ai eu l’occasion (à Fougères), j’ai trouvé très bien pour la suite d’avoir de l’expérience dans un club amateur, de comprendre comment ça marche. Être plus pédagogue que directif, devoir parfois faire des concessions pour plaire parce que les gars travaillent, avoir cette compréhension. C’était une bonne expérience. Je n’ai pas beaucoup joué car j’ai reçu un carton rouge qui m’a valu une suspension pour les 5 derniers matches (rires). L’idée était que le club se maintienne, et ça a été le cas. Il y avait peut-être l’idée de faire une autre saison en tant que joueur ; le club m’avait proposé de devenir en même temps entraîneur adjoint de l’entraîneur principal. Mais j’avais aussi envie de me challenger, j’ai eu cette opportunité au CPB Bréquigny, le coach s’est arrêté, la direction a changé. Ils m’ont rencontré plusieurs fois, j’ai trouvé que ça pouvait être un projet sympa de reprendre immédiatement une équipe R1, c’est le niveau maximum que je peux atteindre en faisant le BEF. Je me suis rapidement positionné pour accueillir des adultes plutôt que des jeunes.

Pour quoi ?

Je veux avoir un feedback plus rapide, je ne veux pas qu’il y ait d’autorité. La carrière n’aura pas d’importance parce que s’ils ne l’aiment pas, ils me le diront ou je le ressentirai. C’est mon avis, mais je trouve que chez les jeunes il y a le côté autorité qui vient plus naturellement, ils n’osent pas dire ce qu’ils pensent. Je voulais me lancer dans les choses difficiles.

Quel sera votre rôle ?

Je serai l’entraîneur de l’équipe principale du CPB Bréquigny. Je fais aussi du recrutement, je suis en plein milieu de ça. J’ai la chance d’avoir aussi des gens qui sont là depuis un moment, avec Stéphane Lepaisant et Benoît Auréart. J’ai du soutien et j’en ai besoin. Je suis une personne communicative mais je me remets toujours en question. J’ai pas mal d’idées mais le plus dur sera de bien me structurer, de me former et d’être prêt. C’est pourquoi j’ai accepté ce travail. J’ai aussi cette double culture avec mes 8 ans au Portugal et mes 10 ans en France. Je me suis dit : prenons cette équipe, et voyons où nous en sommes dans un an ou deux, voyons si elle me plaît. J’aurai le recul pour savoir si c’est pour être numéro 1 dans un club amateur et plus si affinités, ou pour revenir dans un staff, ou pour me spécialiser au poste de gardien. Il n’y a pas forcément de plan, c’est juste un ressenti.

Vous avez également déjà entraîné du football récréatif avec l’USPG…

Oui, c’est différent, il n’y a pas eu de formation. Mais malgré leur niveau, tous les plans de jeu ont été compris et mis en œuvre. Quand il y a un super état d’esprit, le bonheur d’être ensemble, c’était vraiment génial. Ce fut une très bonne expérience éducative, permettant à tout le monde de jouer.

Alors vous confirmez que vous ne rejouerez plus ?

J’ai pris un permis pour être 3ème ou 4ème garde au CPB. Mais le but n’est pas de jouer. Il s’agit d’être solidaire, de donner la priorité aux jeunes, pour qu’on puisse continuer la formation des gardiens. J’ai pris un permis au cas où. Mais je me dirige vers autre chose.

Avez-vous déjà fixé vos objectifs pour la saison ?

Non, je ne suis pas en mesure d’en donner pour le moment. Je veux que les joueurs s’amusent. L’idée est de les soutenir. Ce sont eux qui fixeront les objectifs, et les exigences pourront être relevées. Je suis capable d’évoluer dans le domaine pédagogique, et d’évoluer vers le management s’il faut obtenir du résultat. C’est aussi à eux de décider s’ils le souhaitent. Quand on est entraîneur amateur, c’est à eux de fixer les objectifs, et c’est à moi de mettre les choses en place pour ce qu’ils se sont fixés. En tout cas, c’est comme ça que je vois les choses pour la première partie de saison. J’ai de bons petits joueurs qui ont vécu une saison difficile (le CPB est relégué en R1 après une saison en N3, ndlr). L’idée c’est de se faire plaisir à nouveau, plus de victoires que l’an dernier. Je m’en prends aussi à un entraîneur qui a fait R2-R1-N3. Je ne l’ai jamais rencontré, j’espère pouvoir le faire, c’est toujours bien. L’idée est avant tout que les joueurs s’amusent.

“L’important dans un club, c’est que tout le monde voit dans la même direction”

Allez-vous poursuivre votre carrière à Rennes, alors qu’on imagine garder un oeil sur le Stade Rennais ?

Le Stade Rennais fait partie de nos discussions, cette ville vibre avec le Stade Rennais. Chaque discussion me ramène au Stade Rennais. Il serait absurde de penser que je n’y prête pas attention. J’ai encore des amis, j’ai un attachement particulier au Stade Rennais, j’y ai signé mon premier contrat en 1997 à 13 ans. J’ai plus d’attachement au Stade Rennais qu’à moi, mais ce n’est pas grave, ça fait partie du jeu (rires). Je suis très heureux de vivre dans cette ville.

Votre fils Maïdy y jouait également jusqu’à récemment (non retenu par le club).

Oui c’est fini, ça fait partie d’une carrière. Était-il à la hauteur des standards du club ? Peut-être pas, c’est un club très exigeant. La vie continue, il se lance dans un autre projet. A lui de grandir tranquillement. Il y a de la stabilité. On a trouvé une ville et un club qui nous ont permis de bien finir, que tout le monde soit bien, et je remercie le Stade rennais pour ça. Je ne remercie pas certaines personnes qui m’ont évidemment évincé de force. On a vu les résultats derrière, et je pense que ce n’était pas forcément une bonne chose pour le Stade. J’ai toujours dit que j’arrêterais quand je trouverais quelqu’un capable de faire le travail qu’on faisait dans le vestiaire. Pour moi, ils n’avaient pas trouvé la personne qui pourrait nous remplacer. Ils l’ont pris, ils ont essayé, et ça n’a pas marché. C’est comme ça, maintenant je leur souhaite le meilleur, je ne vis pas dans le passé, mais le message est passé.

Quel regard portez-vous sur les récents changements, le départ de Florian Maurice et l’arrivée de Frédéric Massara ?

Je pense que l’important dans un club, c’est que tout le monde voie dans la même direction. Et là j’avais l’impression quand même, étant un peu à l’intérieur, qu’il y avait les discours de presse, ceux à l’extérieur, et on se rendait compte que tout le monde ne jouait pas fair-play. Après, Rennes a toujours été un club très politique. C’est plus compliqué que vous ne le pensez. Ça ne fait pas de bruit, mais en dessous ça marche. Ce que j’aimerais, c’est que tout le monde travaille dans le même sens et cela au lieu de dire “ah tu as vu qu’il n’a pas réussi”mourir ” comment puis-je t’aider ? ». Et l’idée de ” comment puis-je t’aider ? » au Stade rennais, c’est compliqué. C’est toujours « mon petit nombril », tout le monde veut récupérer une petite partie d’une petite chose pour pouvoir performer. C’est ce qui me dérange le plus au Stade rennais.

Pensez-vous que Julien Stéphan est compatible avec Frédéric Massara ?

J’espère. A eux de bien gérer cela. Je ne vois pas pourquoi, Julien a réussi à obtenir des résultats par le passé. Massara ne connaît pas le milieu français, c’est quelqu’un qui a beaucoup d’expérience européenne. S’adapter à un nouveau championnat n’est évidemment pas facile, comment on se structure autour, comment ils s’articulent ensemble… Il n’y a aucune raison, il y a de la place pour bien faire les choses. Il faudra peut-être leur accorder un peu de temps. J’ai vu que le président Cloarec avait dit qu’ils joueraient (une place pour) la Coupe d’Europe la saison prochaine (objectif pour 2025-2026, ndlr). C’est un peu difficile de le dire directement. Je ne l’ai peut-être pas nécessairement dit. Quand on a vécu une saison difficile, quand il y a tout un remaniement, pourquoi déjà mettre la pression ? D’une manière ou d’une autre, après avoir eu cette déclaration, il remet d’emblée la pression sur Julien Stéphan.

Le Stade rennais connaît-il un véritable changement d’ère ?

Quand il y a un changement d’orientation (sportive) comme celui-là, il y a un changement d’ère. J’espère qu’on ne va pas parler de ce qui s’est passé ces 5-6 dernières années comme si c’était les meilleurs moments du Stade rennais, comme je l’entends déjà. J’espère que nous aurons fait, avec mes collègues, ce qu’il faut pour dire que nous avons été une étape pour que le Stade rennais continue de grandir. De tout cœur, j’espère qu’ils recommenceront avec quelque chose d’un peu plus neuf, que la mayonnaise prendra bien, et qu’on sera fiers d’être Rennais tous ensemble, car il y a une belle énergie dans la ville quand le Stade rennais gagne. Nous verrons s’il y a des preuves d’intelligence. J’attends de voir, j’ai hâte de voir comment ça va se passer, même si je serai moins attentif car on m’en demandera plus (avec le CPB, ndlr).

Les départs sont nombreux dans le monde du travail. Pensez-vous que cette nouvelle ère devrait commencer par un renouveau majeur ?

C’est toujours la meme chose. Si vous supprimez toute l’âme, soyez prudent. Je ne sais pas. Avec qui ? Pour quoi ? Quels joueurs sont motivés pour rester ? Aujourd’hui, si on n’est pas motivé, il ne faut pas vraiment garder les joueurs. Combien veulent vraiment partir ? Je sais que certains ont demandé ouvertement à partir. Combien y en a-t-il et pourquoi ? Ont-ils l’impression d’être en fin de cycle, ou ont-ils des offres intéressantes à l’extérieur ? Mais Rennes est un grand club. Aujourd’hui quand on voit les problèmes dans le football, les droits TV, il y a encore un peu de sérénité à Rennes, de sécurité. Les gens ne se rendent pas compte quand ils veulent quitter Rennes. Je dis souvent aux jeunes : faites attention quand vous voulez partir. Il y a des endroits où ça peut faire rêver, mais Rennes est un très grand club. Il a en tout cas tout pour être un grand club. J’ai beaucoup bougé, et j’ai le recul de dire qu’on n’est pas dans un club moyen avec Rennes.

 
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