Deux éducateurs de l’US Colomiers ont vu leurs voitures incendiées devant leur domicile. Violences intolérables pour les dirigeants du club amateur qui ont décidé de suspendre leurs activités, en signe de protestation contre cette multiplication des incivilités. Un phénomène qui a également été remarqué par Gérard Bellehigue, président de l’Association nationale des éducateurs. Il a témoigné ce samedi auprès de BFMTV.
Le club de l’US Colomiers, dans la région toulousaine, est toujours sous le choc. Les voitures de deux de ses éducateurs ont été incendiées dans la nuit de lundi à mardi. Une plainte a été déposée et la structure a décidé de se mettre en veille jusqu’au 11 novembre pour dénoncer ces violences qui pourraient potentiellement être la dernière illustration des dérives des fameux « Projets Mbappé » dans le football amateur.
Depuis plusieurs années, de nombreux éducateurs tirent la sonnette d’alarme pour dénoncer les comportements agressifs des parents qui souhaitent faire de leur enfant la future star du football mondial. Les enjeux d’un contrat et les sommes associées à une telle signature peuvent rendre fou. Un triste phénomène qui a également été remarqué par Gérard Bellehigue, président de l’Association nationale des éducateurs et de Cosmo Taverny, un club situé dans le Val-d’Oise.
« L’enfant qui réussit est celui qui est soutenu et aidé, pas celui qui subit des pressions »
« On voit ce phénomène s’accentuer depuis cinq ou six ans. Le football reflète ce qu’est la société aujourd’hui, avec de plus en plus de violence de la part d’une minorité. Il y a des comportements violents et des incivilités. Dernièrement, j’ai vu un parent entrer sur le terrain parce que son fils s’était heurté à un adversaire. Il a tiré l’oreille de l’adversaire… C’était le rôle de l’éducateur et non du parent d’entrer sur le terrain. mettre à terre et séparer les enfants”, a-t-il témoigné ce samedi matin sur le plateau de BFMTV.
La réussite de votre enfant se transforme parfois en obsession. « Pour certains parents, l’enfant est un investissement. Ils n’ont pas peur de le dire. Ils l’inscrivent dans un club, avec en plus un coaching privé et individuel, alors que le football est un sport d’équipe. Ce que nous faisons, c’est que nous organisons des réunions en début de saison. Malheureusement, tous les parents ne viennent pas. Cependant, cela sert à leur expliquer comment nous travaillons. ce que nous attendons des enfants. Le football, comme tous les sports collectifs, est là pour voir comment l’enfant va s’intégrer dans la société. Ça doit être un plaisir», a expliqué Gérard Bellehigue.
Ces dernières années, plusieurs clubs ont décidé de marquer le coup en supprimant les entraînements ou en passant à des séances à huis clos. « J’ai plusieurs exemples de parents qui mettent une pression énorme sur leur enfant, et l’enfant arrête ensuite de jouer au football à 14-15 ans. Il n’en peut plus. Cela vient souvent des papas. L’enfant n’en peut plus. avoir son père qui le critique du matin au soir. Il y a une telle pression que l’enfant finit par s’effondrer. Aujourd’hui, l’enfant qui réussit est celui qui est soutenu et aidé, et non celui qui. est sous pression», a conclu Gérard Bellehigue.