après l’incendie, colère dans le quartier Étienne Jodelle

après l’incendie, colère dans le quartier Étienne Jodelle
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Par Carine Robinault
Publié le

26 avril 24 à 11h55

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L’incendie de la toiture d’un immeuble du quartier Etienne-Jodelle, vendredi 19 avril 2024, à La Ferté-Bernard a provoqué d’importants dégâts. Dommages matériels avec appartements inhabitablesmais aussi psychologique pour les habitants qui se retrouvent confrontés à un deuxième incendie en quelques mois.

Certains locataires n’ont pas pu partir seuls. Piégés, ils ont été évacués vers le grande échelle sapeurs pompiers.

” Feu ! »

Pendant que ces derniers pointaient leurs lances sur l’incendie, l’équipe municipale se trouvait sous une grange, à quelques mètres de là, pour recenser les habitants. Quarante-neuf personnes ont été recensées pour être relogées, orientées vers le centre d’hébergement « Le Closeau » pour quelques heures avec boissons chaudes et gourmandises. Certains ont préféré une solution familiale, voire rester dans leur voiture.

Sous une banderole, David Challange, directeur de cabinet du maire, a rappelé vendredi dernier la liste de tous les locataires de l’immeuble incendié du quartier Etienne-Jodelle. ©Echo Sarthois

Sur place, les réactions des habitants ne se sont pas fait attendre. « La dernière fois, c’était la nuit, c’est encore plus stressant », explique Jacqueline, qui habite au quatrième étage. «J’étais à la maison, j’ai entendu ‘Feu’. Je suis sorti le plus vite possible. » A côté d’elle, Nadège avec sa fille : « Ma fille se remettait à peine du premier incendie… Ça fait peur », murmure-t-elle.

Bâtiment condamné

Parmi les discussions entre riverains, cette femme jure : « Je vais partir de là, ce n’est plus possible ! » Un sentiment largement partagé, quelques jours après l’incendie, au pied du 6, rue Etienne-Jodelle. « Il y a beaucoup de gens qui veulent partir », raconte cet homme qui entre alors dans l’immeuble voisin.

Jacqueline, encore abasourdie par cet événement, revient sur les lieux en espérant retrouver un représentant de Sarthe Habitatle bailleur social en charge de l’immeuble… Malheureusement, personne.

L’entrée était barrée par une grande planche de bois vissée. Comme beaucoup de locataires, elle était transféré dans un hôtel de la ville… Le lendemain, mardi 23 avril, nous la retrouvons, réunie avec d’autres camarades en difficulté : « Nous avons pu récupérer quelques affaires, vendredi, vers 22h30, en compagnie d’un pompier. Mais c’était un jeu d’enfant. J’ai pu prendre des médicaments… » D’autres ont également récupéré leurs animaux (chat, serpent…)

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Des travailleurs en tension

La tension de l’incendie est retombée, la colère prédomine toujours dans la bouche de ces locataires. ” Nous allons déposer une plainte ensemble contre l’entreprise qui a réalisé les travaux pour mise en danger d’autrui. Ils n’ont même pas appelé les pompiers… Nous allons réclamer des dommages et intérêts », affirme Elhya, qui affirme avoir elle-même prévenu les secours.

Tandis que l’enquête se poursuit, selon certains riverains, les ouvriers engagés dans les travaux d’étanchéité ont été entendus élever la voix et vus au bord du combat. «Depuis mon balcon, j’ai entendu des cris très forts. Mais je n’ai rien compris, ils ne parlaient pas français. Un ouvrier a jeté le chalumeau Pour aller expliquer à son collègue, le toit a commencé à brûler, il s’est enfui”, raconte-t-elle, approuvée par deux autres locataires.

Une fuite qui s’explique éventuellement par l’avancée ou la propagation du feu. A ce moment-là, les ouvriers ont peut-être eu le réflexe de sauver leur vie. C’est ce que la présente enquête tentera de définir.

Elhya reprend le contrôle et continue sur sa lancée…

Nous attaquerons également Sarthe Habitat. Ce bâtiment ne contenait aucun extincteur, ce n’est pas normal.

Elhya Taza, habitante du quartier

Et les locataires continuent de faire payer le bailleur social : « Sarthe Habitat nous a assuré qu’ils prendraient en charge les nuitées d’hôtel. Aujourd’hui, ils commencent à changer de ton. Ce que Sarthe Habitat dément.

Sarthe Habitat veut « retrouver une situation apaisée »

Mis en cause par les locataires, le bailleur social Sarthe Habitat assure faire le maximum. D’abord dans les expertises réalisées depuis l’incendie du vendredi 19 avril. « Il y a eu une reconnaissance pour juger de l’intégrité de la structure. Et l’expertise reste à venir. Notamment auprès des assurances locataires », assure Stéphane Hochet, directeur adjoint du territoire chez Sarthe Habitat.
Le bailleur a également dû reloger les habitants des dix-huit logements touchés par l’incendie. « Certains ont opté pour une solution familiale ou avec un tiers. Pour les autres, ils sont dans des hôtels dont les premières nuits sont payées par leur compagnie d’assurance. « Or, pour plusieurs d’entre elles, le nombre de nuits remboursées touche déjà à sa fin… » Sarthe Habitat s’engage à prendre en charge les nuits supplémentaires », poursuit Stéphane Hochet, accompagné d’Estelle Bouchet, la responsable du territoire.
Actuellement, Sarthe Habitat souhaite « retrouver une situation apaisée » avec ses locataires. Notamment en étant « très très flexible » pour les rendez-vous dans le but de récupérer certains effets personnels dans les appartements concernés.
En matière de réinsertion, plusieurs scénarios sont envisagés par le bailleur. « Nous voulons connaître leurs souhaits en matière de relogement. S’ils préfèrent retourner immédiatement dans un autre logement et quitter le leur. Ou s’ils préfèrent attendre à l’hôtel jusqu’à ce que leur logement soit sûr et puisse être réintégré », précise le gérant.
Sarthe Habitat ne dispose cependant pas de date pour prévoir une réinsertion dans le bâtiment incendié. «Nous n’avons aucune information à ce sujet. Seulement une estimation. »
Une estimation restée secrète, les deux salariés de Sarthe Habitat n’ayant pas souhaité se manifester. « Nous sommes dépendants des délais. Le programme d’opérations a déjà été lancé, mais nous sommes soumis à plusieurs paramètres que nous ne contrôlons pas. »
Concernant le sujet des extincteurs, Stéphane Hochet a été clair : « nous respectons la réglementation. Ils ne sont pas obligatoires dans ce type de bâtiment. » Les dispositifs de désenfumage installés et contrôlés régulièrement permettent de s’en passer.

Eau dans les appartements

Ensuite, c’est aux assurances d’intervenir pour certaines victimes, « jusqu’à ce que l’expert vienne, on n’a rien », explique Valérie, en attendant. Alors je rassemble tous mes Reçus « .

Pendant ce temps, Elhya montre les vidéos de son appartement du deuxième étage, qui a les pieds dans l’eau. « Il y avait de l’eau jusqu’au rez-de-chaussée », glisse Atika.

Selon nos informations, l’eau était complètement aspirée dans tout le bâtiment.

Mais le problème des locataires, c’est aussi qu’ils vivent au jour le jour. ” Nous sommes sans-abri dans quelques jours », raconte Cindy, qui venait d’emménager dans le quartier. Tout le monde est alors d’accord : tant qu’il n’y aura pas de solution trouvée par Sarthe Habitat, “on va squatter l’hôtel, on ne va pas sortir de notre chambre”.

Un loyer à payer ?

Même si cela nécessite de maintenir une logistique pour les repas… « Il faut manger froid, nous n’avons qu’une bouilloire. Heureusement, les petits déjeuners se prennent à l’hôtel », constate Valérie, qui garde le sourire. Les autres suggèrent alors : « pourquoi la banque alimentaire ou les Restos du Cœur ne nous contactent-ils pas ? »

Parmi les locataires, certains partagent quelques repas pour un peu plus la convivialité dans ce moment difficile. «Hier (lundi), j’ai passé ma journée à pleurer», souligne Jacqueline.

Nous avons droit à une aide psychologique, nous avons reçu un message de Sarthe Habitat avec un numéro vert.

Benjamin, résident local

Quand Valérie veut mettre en avant la solidarité de certains habitants du quartier. « Certains proposent de fabriquer des machines, demandent des nouvelles. Je voudrais vraiment les remercier. »

Sébastien poursuit : « une dame nous a proposé de nous accueillir pour dîner le soir. Nous l’appelons et nous pouvons aller chez elle. Mais tout le monde est unanime : « on n’ose pas demander aide. Nous ne voulons pas déranger.

Il y a aussi la question du loyer. « Je vais bloquer les prélèvements », assure ce locataire. «Nous paierons un loyer complet en avril, quand on n’est pas là du 19 au 30 ? » demande Elhya.

Devant la mairie ?

Jacqueline – dont l’appartement n’a été que partiellement endommagé (une vitre cassée) – s’est vu proposer une solution de relogement… à Vibraye. « Mais je ne veux pas quitter La Ferté-Bernard, j’y suis né. En plus, ils veulent m’y envoyer pour toujours. J’ai demandé si c’était temporaire. Ils m’ont dit que si je voulais revenir, ce serait à mes dépends », s’énerve le retraité.

Les autres n’ont reçu aucune proposition, mais ne comptent pas non plus quitter la cité Fertoise. « Mes enfants vont à l’école ici », souligne Cindy. Et ils ont fait savoir : « il y a des maisons vides qu’ils ont gardées pour Ukrainiens. Pourquoi n’en profiterions-nous pas ? »

Pour se sentir entendus, les locataires souhaitent aller encore plus loin. “Nous prévoyons de camper avec nos tentes devant la mairie, pour être vus, si rien ne bouge.”

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