le retour féroce du Dogue avant la Ligue des Champions

le retour féroce du Dogue avant la Ligue des Champions
le retour féroce du Dogue avant la Ligue des Champions

Impossible de le manquer en entrant dans le domaine Luchin, centre administratif et de formation du Lille Olympique Sporting Club (LOSC), une ancienne ferme flamande sauvée de la ruine il y a une vingtaine d’années : au centre de la cour intérieure, sur sa brique rouge socle, un dogue en bronze de 2,44 mètres de haut (tout comme un but de football) monte la garde, œuvre de l’artiste Jean Lemonnier (voir photo). L’imposant canidé fait partie de l’histoire de l’équipe depuis sa naissance, mais il n’est apparu sur le logo qu’en 1981. “C’est un emblèmeLe président Olivier Létang se confie au JDD. Il est fier, fort et féroce, comme notre nouvelle devise. »

Trois traits de caractère distillés à tous les niveaux du club dès son arrivée en fonction en décembre 2020 lorsqu’il succède à Gérard Lopez, l’homme d’affaires qui a propulsé les Girondins de Bordeaux en National 2 (4e division). « Le LOSC fêtera ses 80 ans en novembre mais il aurait dû mourir à 77 ansgrince-t-il. Les gens n’ont absolument aucune idée de ce que c’est que d’arriver dans un club criblé de 400 millions d’euros de dettes. Dès qu’on ouvrait un tiroir, il y avait un dossier. C’était un champ de ruines, nous avons encore de nombreux litiges pénaux. Dans ce contexte, il fallait néanmoins restaurer la sérénité et l’ordre. »

Installé par des actionnaires puissants et volontaristes (le fonds d’investissement luxembourgeois Merlyn Partners), l’ancien manager de Reims, du PSG et président de Rennes a lancé une opération commando avec Christophe Galtier qui a abouti six mois plus tard, en mai 2021, au dernier titre de champion de France du LOSC. , également le dernier à avoir échappé à la version QSI du PSG. L’institution nordiste, force dominante du football français d’après-guerre (deux championnats et cinq Coupes entre 1946 et 1955) puis la belle au bois dormant pendant des décennies, peut reprendre une trajectoire aussi discrète qu’au final étonnante, celle d’une équipe qui n’a manqué que le Top 10. de L1 à trois reprises au XXIe siècle (2003, 2017 et 2018) et multiplie les diplômes européens.

« À la fin des années 1990, le club chute en L2remembers François Stock, founder of the supporters association Les Dogues du Net and creator of the podcast Le Bistro Allez Le LOSC. Nous sommes remontés à 2001 grâce à l’entraîneur Vahid Halilhodzic, qui nous a fait découvrir la Ligue des Champions. Avant cela, nous n’avions jamais joué une seule fois en Coupe d’Europe ! Cela semble fou, mais la mairie qui gérait le club semblait se contenter de le faire perdurer. Heureusement, elle a été privatisée et a enfin pu redécoller. »

Plus de 30 000 abonnés cette saison

Francis Graille et Luc Dayan (2000-2004) poseront les bases et l’emblématique Michel Seydoux (2004-2017) propulsera le LOSC dans une nouvelle dimension avec trois temps forts : l’installation en 2007 à Luchin, à une quinzaine de kilomètres de la ville. centre, le doublé Coupe-championnat en 2011 autour d’un phénomène appelé Eden Hazard, future star mondiale à Chelsea, et l’inauguration du stade Pierre-Mauroy l’année suivante, une arène moderniste de 50 000 places (la seule de L1 à disposer d’un toit rétractable) à des milliers de kilomètres de l’atmosphère « fricadelles-frites » du stade nord de Villeneuve-d’Ascq, ancien repaire des Dogues. Hormis la période Lopez, l’actuel LOSC a, peu ou prou, toujours connu des saisons à enjeux mais il souffrait d’un déficit d’image catastrophique auprès de son grand rival, le Racing Club de Lens, plus attachant et « populaire » que l’arrogant cousin. de la métropole d’un million d’habitants, dont les excès périodiques des partisans les plus virulents en période de crise n’arrangent rien.

Le reste après cette annonce

“Nous ne chantons pas The Corons mais ça ne marque pas de butsLocal de stockage en référence au tube minier de Pierre Bachelet, indispensable à la mi-temps au stade Bollaert. Dans les grands soirs, le public lillois n’a désormais plus rien à envier à ses concurrents. L’ambiance est clairement montée d’un cran grâce aux bons résultats, au nouveau stade que nous avons enfin fait nôtre et aux nombreuses associations de supporters. ».

Le club vient d’apurer une dette de 400 millions d’euros

Signe que les temps changent, l’un d’eux a récemment éclos dans le Pas-de-Calais, fief traditionnel des Lensois. Impensable il y a quelques années. Cela fait sourire Olivier Létang et ses équipes de communication, très engagées dans ce derby marketing des Hauts-de-France. à Lille, le bruit court que les maillots du LOSC commenceraient à supplanter ceux des Artésiens. Difficile de vérifier, mais les ventes de tuniques rouges et blanches sont en hausse, tout comme la fréquentation en tribunes (36 200 spectateurs en moyenne la saison dernière, cinquième total national juste derrière… Lens) et les abonnés (plus de 30 000 cet été, du jamais vu). dans dix ans).

“Indépendamment du jeu et du spectacle, en tant que président, je veux une équipe avec de la personnalitéasserts Olivier Létang. Nous avons une communauté d’environ dix millions de personnes (réseaux sociaux inclus, NDLR) qui nous suit et veut être fier de ses couleurs. » Ici, nous disons : « Le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien. Quand je suis arrivé, j’ai dit ok, mais sans devenir arrogant, on va quand même dire qu’on veut gagner. Nous sommes là pour ça, à tous les niveaux du club. C’est fondamental. »

« La plus grosse affiche de l’histoire du LOSC à domicile »

Réputé dur, exigeant et pragmatique, celui qui assumait avoir porté la flamme olympique tout en refusant à ses joueurs de rejoindre la sélection de Thierry Henry (“Le club passe avant tout, il fallait se qualifier pour la Ligue des champions, et nous l’avons fait”dit-il en substance) fait craquer l’armure lorsqu’il se souvient de certaines affiches. « J’ai été très touché par l’ambiance face à l’OM, ​​Lens et Aston Villa. On sent une dynamique positive avec une communauté qui se rassemble car elle sent les valeurs fortes du club. Avec le football, on touche aussi à l’humain. Quand nous voyons nos supporters heureux, chanter, s’étreindre, pleurer et rire, cela fait partie de nos responsabilités. Nos racines sont profondes. »

Le natif de Manceau, qui nous révèle avoir achevé ces derniers jours le règlement de la dette colossale laissée par ses prédécesseurs, jouit d’une certaine popularité auprès des supporters qui lui sont particulièrement reconnaissants d’avoir placé le centre de formation au cœur du projet. Autrefois producteur de grands noms comme Hazard, Digne, Cabaye ou Debuchy, il avait été laissé en jachère sous l’ère Gérard Lopez-Luis Campos (aujourd’hui directeur sportif du PSG). “Ils ont favorisé un commerce incessant d’acteurs inconnus avec l’étrangerdéplore François Stock. Les jeunes ne venaient plus, il n’y avait plus de perspective. La goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est Matias Fernandez-Pardo, qui est revenu en Belgique et que nous avons fini par acheter. »

En juillet, l’un des joyaux de la maison, le défenseur Leny Yoro (18 ans) a été vendu à Manchester United pour près de 70 millions d’euros, bonus compris. Un coup énorme qui conforte le LOSC dans sa politique d’autonomie financière, relativement affranchi des fameux droits TV en chute libre qui plombent les comptes de nombreux concurrents. Avec le probable futur gardien des Bleus Lucas Chevalier (22 ans), le prometteur milieu Ayyoub Bouaddi (16 ans) ou encore l’ondulant ailier kosovar Edon Zhegrova (25 ans), l’avenir à moyen terme semble déjà assuré.

En juillet, l’un des joyaux de la maison, le défenseur Leny Yoro (18 ans) a été vendu à Manchester United pour près de 70 millions d’euros, bonus compris.

Avant cela, mercredi (21h sur Canal+), c’est le Real Madrid qui se rendra pour la première fois dans le nord de la France. « La plus grosse affiche de l’histoire du LOSC à domicile »décide son président. « Le Real et ses quinze victoires en Ligue des champions sont une référence, un exemple dans de nombreux domaines. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour lui mais il va falloir avoir faim, comme les Dogues que nous sommes. Nous ne serons pas spectateurs. » Il y en aura de toute façon suffisamment dans les stands, avec des prix attractifs pour les plus fidèles. “On ira au stade avec des étoiles dans les yeux, c’est super émouvant”conclut François Stock, parmi les 50 000 chanceux. Derrière sa férocité, le Dogue est très sentimental.

 
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