Autour du village olympique, une révolution urbaine forcée

Autour du village olympique, une révolution urbaine forcée
Autour
      du
      village
      olympique,
      une
      révolution
      urbaine
      forcée
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Qu'elle est belle cette soirée d'été, la terrasse bondée sous les albizzias en fleurs, les “bonjour” Des serveurs partout, cette bonne humeur générale dans un quartier soudain sans voiture. Une fois de plus, on fermera plus tard, à minuit plutôt qu'à 21 heures. C'est comme ça depuis le début des Jeux olympiques et paralympiques. Les athlètes incognito, leurs entraîneurs, les vendeuses de la boutique officielle, tous ces gens qui vivent ensemble dans le village olympique, à deux pas, se retrouvent Aux Bons Vivants, une brasserie dans son jus installée au pied de cette tour blanche qui borde l'A86, au nord de Paris.

The terrace of the brasserie “Aux Bons Vivants” on boulevard Ornano in Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), September 3, 2024. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

Le propriétaire des lieux, en pantalon gris moiré, savoure. Quand la parenthèse se refermera, si les promoteurs reviennent, cette fois, il discutera de la vente. Le bureau de tabac aux stores rouges a fait son temps. « Je veux un nouveau commerce, une nouvelle clientèle. Une déco haut de gamme, pas ces petites tables en désordre. Et comme ça, ce verre sera à 10 euros et non pas à 5 euros. »

La métamorphose spectaculaire de la tour Pleyel, face à lui, donne des ailes. L'ancienne adresse de la caisse d'allocations familiales de Seine-Saint-Denis abrite depuis juin un hôtel de luxe, avec bar et piscine sur le toit, et un centre d'affaires bien sûr.

« Après les Jeux, c'est notre tour. Du tabac au chinois, en passant par la boulangerie, le garage, le couscous, ils vont tout raser. »assurent Hacen et Malika Madi. Le couple tient le salon de coiffure situé sur le même trottoir que Les Bons Vivants, à l'extrémité nord du boulevard Ornano, à Saint-Denis. Pendant quarante ans, Hacen y a coupé les cheveux de tout le « 93 », “from Livry-Gargan to Montfermeil”. Malika applique les couleurs. Aucune amertume dans les voix : « Ils nous poussent à partir, mais nous sommes assez vieux, nous sommes les derniers. »

Hacen Madi dans son salon de coiffure du boulevard Ornano à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 27 août 2024. Dans quelques mois son local sera démoli pour laisser place à la construction d'un nouveau bâtiment. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »
Malika Madi, habitante de longue date de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), boulevard Ornano, le 27 août 2024. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

« Ils agrandissent Paris, c'est pour les jeunes »ajoute Abdallah, un ami et voisin, père de deux étudiants et d'une lycéenne. L'avenir est encore flou pour le couple. Quitter l'appartement qu'ils louent près de l'échangeur de la Porte de La Chapelle, mais pour aller où ? « L’Algérie m’attend », assure Hacen, 68 ans, né à Saint-Denis. Malika rêve d'outre-Atlantique.

Grand gagnant de l'héritage de Paris 2024

Fin septembre, une fois la caravane des Jeux repliée, la municipalité de Saint-Denis doit présenter aux habitants sa vision à cinquante ans de ce quartier de Carrefour Pleyel. Le projet initial d'installer le plus de bureaux possible a été revu. Mais imaginer que ce bout de banlieue figé dans le passé résistera aux investisseurs est illusoire. Tout bouge ici à une vitesse fulgurante. Cet ancien territoire d'industries lourdes que se partagent Saint-Denis et Saint-Ouen est en pleine mutation depuis trente ans. La construction du Stade de France pour la Coupe du monde 1998 a marqué un premier tournant. La desserte du RER étant renforcée, les sièges sociaux se sont installés, en nombre.

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