Prise d’otages, allocutions diffusées sur les réseaux, cocktail molotov… face au cycle des violences, Kurdes et Turcs appellent au calme

Prise d’otages, allocutions diffusées sur les réseaux, cocktail molotov… face au cycle des violences, Kurdes et Turcs appellent au calme
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En trois jours, la Belgique a retrouvé l’intensité et la violence qui régissent les relations entre les partisans ultranationalistes de Recep Tayyip Erdogan et les partisans les plus radicaux de la cause kurde. Depuis dimanche soir, les vendettas succèdent aux provocations politiques et causent de lourds dégâts, au point que les représentants des deux diasporas ont communiqué mercredi pour apaiser sérieusement les tensions.

Tout a commencé dimanche soir, lorsque des membres de la communauté kurde sont passés par un quartier turc de Heusden-Zolder (Limbourg) connu pour abriter des loups gris au retour des célébrations de Nowrouz, la nouvelle année du calendrier persan. Le convoi arborait des drapeaux jaune vert rouge, la version tricolore du mouvement national kurde, des drapeaux du Kurdistan irakien et l’effigie d’Abdullah Öcalan, chef incarcéré du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), organisation considérée comme terroriste par l’Union européenne.

Cette exposition de symboles politiques a été prise pour «pure provocation”, comme l’a déclaré Safa Akyol, président de Bizzturk. Ce représentant d’une faîtière d’associations belgo-turques estime cependant qu’il ne s’agit pas d’une exportation du conflit entre la Turquie et les rebelles kurdes, mais seulement d’un cycle de violences qui fait suite au «attaques par des sympathisants du PKK ». “La pure provocation vient du groupe de terroristes attaqués qui ont apposé des drapeaux du PKK sur leurs voitures.»

Suite à ces “Provocation”, Des maisons kurdes ont été prises d’assaut dans le Limbourg. A Cheratte (Liège), un café lié à la communauté turque a été attaqué lundi soir par une cinquantaine d’individus cagoulés et armés. Le même jour, des échauffourées ont eu lieu lors d’une manifestation pro-kurde sur la place du Luxembourg à Bruxelles.

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En Allemagne, des ultranationalistes turcs ont appelé les membres de la diaspora pro-Erdogan à prendre masques, armes et gants pour brûler tout ce qui appartient aux Kurdes de Belgique. De leur côté, des partisans du PKK ont diffusé les adresses de ceux qu’ils considèrent comme des Loups gris (mouvement armé néofasciste turc) en Belgique. Ils divulguent des informations personnelles, des prénoms, des photos de famille. Des pro-PKK ont également été filmés portant des cagoules, des cocktails Molotov à la main. Les vidéos, que nous avons pu consulter, tournent en boucle sur les réseaux sociaux des différentes diasporas.

Ces violences qui surviennent à Bruxelles, Heusden-Zolder, Liège, Gand, Maasmachelen, Beringen, Houthalen, Cheratte et Visé sont largement commentées en Turquie. Certains médias locaux rapportent que des Kurdes belges ont été pris en otages. Le fait d’armes est acclamé et présenté comme une neutralisation des sympathisants du PKK. Depuis la Turquie, le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié ces sympathisants de «des gens immoraux, méprisables et méchants ».

Un média turc rapporte que les Turcs ont neutralisé deux sympathisants du PKK. ©DR

« Il convient de replacer ces incidents dans un contexte qui trouve son origine dans un conflit vieux de près d’un siècle », recadre Bahar Kimyongür, écrivain turc dont la tête a été mise à prix par le régime Erdogan. “Le problème est éminemment politique et idéologique. Le Turc moyen n’a aucune agressivité envers le Kurde moyen. Ces affrontements sont l’œuvre de dirigeants, provocateurs excités par leur nationalisme. Un citoyen normalement constitué aurait fait preuve d’indifférence face à une famille brandissant les emblèmes du mouvement national kurde. Mais pour les Loups gris, le drapeau kurde est un chiffon qui n’a pas le droit d’exister.»

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Inquiet, un groupe d’associations belgo-turques a adressé un mail à la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V). “Nous vous encourageons, Madame la Ministre, à vous coordonner plus attentivement avec les forces de l’ordre afin de mettre en place des dispositifs de sécurité appropriés lors d’événements liés à des groupes tels que le PKK”, ils écrivent.

NavBel, le conseil des communautés kurdes, a appelé ses membres à n’agir que «dans un cadre juridique, humain et pacifique ».

 
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