Après avoir mis un terme à sa carrière professionnelle, l’ancien défenseur (33 ans) est devenu arbitre. Le Stéphanois ne regrette pas cette reconversion et aspire à gravir les échelons.
Après plus de 260 matches chez les pros, Loris Néry décide de changer de maillot en octobre 2023. Après avoir évolué à Valenciennes, Nancy et Grenoble, l’ancien défenseur se tourne vers l’arbitrage en rejoignant la section de l’AS Saint. -Étienne, son club formateur. A 33 ans, celui qui compte également six sélections en équipe de France Espoirs et trois en U20, évolue déjà en Régionale 1. Après Gaël Angoula et Jérémy Stinat, Loris Néry ne regrette pas son choix.
« Quand avez-vous décidé de devenir arbitre ?
Il y a un peu plus d’un an, Pape Abdou Paye, ancien coéquipier et ami, me parlait de la passerelle « joueur/arbitre ». (voir encadré) après avoir rencontré Gaël Angoula lors d’un mariage. A l’époque, je cherchais encore un club pour continuer à jouer mais je ne voulais pas m’approcher de ma famille. Au final, je n’ai pas trouvé ce que je voulais et j’ai passé la FIA (Formation initiale en arbitrage) à Pouilly-sous-Charlieu à l’automne 2023. J’ai tenu bon et quand j’ai réussi l’examen, je n’avais plus qu’une envie : être sur le terrain.
Quand avez-vous arbitré votre premier match ?
C’était le 22 octobre 2023 lors d’une réunion de district de la Loire entre La Fouillouse et Toranche. C’était amusant car je connaissais beaucoup de monde, notamment des joueurs de ma génération mais aussi l’entraîneur Feuillantin. Cela m’a rassuré et m’a donné un peu plus de confiance. J’étais un peu stressé par toute la gestion d’avant-match mais tout s’est très bien passé, même sur le terrain.
Sa fiche
Loris Néry, né le 5 février 1991 à Saint-Étienne
Alors: côté droit
Fin de carrière : octobre 2023
Cours : AS Saint-Étienne (1999-2012); Valenciennes (2012-2018); AS Nancy Lorraine (2018-Oct. 2020); Grenoble Foot 38 (Oct. 2020-2023)
Statistiques: 63 matches de Ligue 1 (1 but) ; 170 matches de Ligue 2 (2 buts) ; 20 matches en Coupe de France
Sélections : 6 avec les Espoirs de l’Equipe de France ; 3 avec les U20
Lorsque vous avez tiré le coup de sifflet, avez-vous été surpris par certains aspects ?
Lors de ma première formation, je me suis dit que j’allais connaître plus de choses que les autres grâce à mon parcours professionnel. Finalement, j’ai réalisé que les joueurs ne connaissaient pas toutes les règles. Par exemple, si l’arbitre arrête le jeu dans l’une des deux zones, même si vous attaquez, c’est le ballon au sol pour le gardien adverse. Je ne savais pas et par terre, j’aurais pu gémir (sourire). On se soucie très peu des règles quand on est pro.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile lorsque vous avez commencé ?
J’ai eu la chance de ne pas trop rester dans le quartier, où on n’a pas d’assistant pour signaler les hors-jeu. C’est très difficile de tout gérer seul. Pour moi, ce sont les arbitres qui méritent le plus. J’ai joué deux ou trois matches à ce niveau puis j’ai rapidement évolué en Régional. Depuis, je n’ai fait que R1, c’est beaucoup plus simple d’être en trio. Tout s’est passé très vite pour moi. Actuellement, je suis une formation à distance afin de passer un examen théorique à la FFF en juin qui me permettra, en cas de réussite, d’arbitrer en National 3.
J’ai vécu de la frustration et je sais comment un joueur peut réagir (…) C’est pour ça que j’essaie d’être dans le dialogue
Quel style d’arbitre êtes-vous ?
Je m’inspire un peu de mon expérience d’ex-pro à arbitre. Je sais ce que j’ai aimé et ce que je n’ai pas aimé chez les arbitres que j’ai rencontrés. J’ai connu de la frustration et je sais comment un joueur peut réagir. J’ai toujours dit qu’un arbitre est avant tout un humain et qu’il ne peut pas tout voir. C’est pourquoi j’essaie d’être dans le dialogue.
Quelle relation aviez-vous avec les arbitres lorsque vous étiez joueur ?
J’étais pas trop énervant, je me plaignais plus à l’entraînement (sourire). Je n’ai pris que deux cartons rouges dans ma carrière, dont un contre Lille (10 septembre 2011). Je ne pensais pas avoir commis une grosse erreur, mais quand j’ai revu les images, l’arbitre a eu tout à fait raison de m’expulser.
267
Entre 2010 et 2023, il a disputé 267 matches professionnels pour l’ASSE, Valenciennes, Nancy et Grenoble.
9
L’arrière droit a porté 9 fois le maillot de l’équipe de France de jeunes : 6 avec les Espoirs, 3 avec les U20.
2023
Le 22 octobre 2023, Loris Néry arbitre son premier match entre La Fouillouse et Toranche (District de Loire).
Est-ce aussi une manière de redonner ce que le football vous a apporté ?
Je pense que je peux apporter une autre approche après avoir côtoyé le monde professionnel en tant que joueur. Certains deviennent coachs pour partager leur expérience. Mon approche est un peu différente mais je reste dans le football et c’est intéressant.
J’ai parlé avec Gaël Angoula au téléphone après ma première formation (…) Il m’a fait part de son expérience
Avez-vous pu échanger avec Gaël Angoula et Jérémy Stinat qui, après avoir été joueurs professionnels, évoluent désormais en Ligue 1 ?
J’ai eu Gaël (Angoula) au téléphone après ma première formation. Il m’a expliqué son parcours, qui est similaire au mien. Il m’a expliqué quoi faire pour réussir les différents examens et m’a partagé son expérience.
Loris Néry sous le maillot du Grenoble Foot 38 lors du duel avec le Stéphanois Mathieu Cafaro en octobre 2022 lors d’un match de Ligue 2 (photo Dave WINTER/FEP/ICON SPORT).
Avez-vous l’ambition, comme eux, d’atteindre le plus haut niveau ?
Je ne me fixe pas vraiment d’objectifs même si j’aimerais au moins toucher le National. Le niveau est très bon et il y a de très bonnes ambiances dans les stades. Après, si je peux accéder à la Ligue 1 ou à la Ligue 2, pourquoi pas.
Jouez-vous toujours au football ?
J’ai pris une licence de football loisir au club de L’Étrat-La Tour (Loire) avec mon frère Eymeric. Je m’entraîne tous les mercredis. Cela me permet de retrouver des valeurs simples même si je joue très peu : je suis très occupé le week-end, entre l’arbitrage et ma famille. »
L’ancien joueur-arbitre professionnel « bridge »
Les anciens joueurs professionnels candidats à l’arbitrage de haut niveau doivent suivre la procédure complète suivante :
- avoir moins de 33 ans au 1er janvier de la saison pour laquelle le joueur postule
- avoir été joueur sous contrat professionnel dans une équipe de première ou deuxième division en France, Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie ou d’un niveau jugé équivalent par la CFA, depuis au moins 5 saisons et ne pas avoir été dans cette situation depuis moins de 3 saisons complètes au 1er janvier de la saison pour laquelle il postule (attestation demandée à la LFP)
- avoir suivi une formation initiale en arbitrage
- être titulaire d’une licence d’arbitre depuis au moins un an à la date du dépôt de la demande et avoir été régulièrement désigné pendant cette période.
Les ARC souhaitant présenter des candidats répondant à ces critères doivent communiquer à la Commission Fédérale d’Arbitrage, au plus tard le 1er décembre de la saison de candidature, le dossier administratif prévu à l’article 17.1.b) et les éléments permettant de garantir le respect des critères fixés. ci-dessus. Au-delà de cette date limite, les candidatures seront irrecevables, il en va de même pour les dossiers incomplets.
Entretien réalisé par Romain COLANGE de la FFF, repris par le CDA Loire.
La Commission Départementale d’Arbitrage profite de cet entretien pour souhaiter de bonnes vacances à tous les acteurs du football ligérien.
Crédit photo : Fred MARVAUX / ICON SPORT – Instagram / Meta