Rabah Slimani se confie avant son retour avec le XV de

Rappelé pour la première fois en équipe de depuis le quart de finale de la Coupe du monde 2019, perdu contre le Pays de Galles (19-20), le pilier Rabah Slimani (57 sélections), qui porte aujourd’hui les couleurs du Leinster, a réservé pour le Midi Olympique. ses premiers mots avant de retrouver Marcoussis. Ils respirent la joie et la maturité, mêlées d’une touche d’émotion.

Comment avez-vous vécu votre rappel en équipe de France plus de cinq ans après votre dernière sélection ?

Pour être transparent, je ne peux pas dire que je n’y pensais pas. Mais je n’y croyais plus. C’est donc une vraie surprise. On me demandait souvent si j’espérais encore être sélectionné un jour et je répondais que le train était parti sans moi, que l’histoire était finie. Depuis que je n’ai plus été sélectionné, beaucoup de joueurs ont été convoqués et ont été très bons. Une nouvelle génération est apparue, a commencé une autre histoire. Et, logiquement, je pensais que ce n’était plus le mien. Maintenant, je n’ai jamais abandonné quoi que ce soit. J’avais encore une petite flamme au fond de moi.

Vous êtes-vous déjà fixé un objectif ?

Ni plus, ni moins qu’avant. Quand j’entre sur un terrain de rugby, c’est pour gagner. Et tant que je joue, je veux donner le meilleur de moi-même. Je sais que je n’ai plus 25 ans, mais si je peux apporter mon expérience, c’est quelque chose que j’apprécie. Cette convocation, pour moi, n’est qu’un bonus. Si on me fait confiance pour jouer ou figurer sur une feuille de match, tant mieux. Si je ne joue pas, je serai le premier supporter du XV de France.

En quoi êtes-vous différent du moment de vos dernières sélections ?

J’ai déjà presque six ans de plus (rires). Ce n’est pas forcément négatif car aujourd’hui j’ai une approche différente des entraînements, des matchs et des challenges. Je sais ce que représente l’équipe de France. Avoir été absent pendant cinq ans m’a permis d’avoir une autre vision. Quand j’étais plus jeune, je me mettais beaucoup de pression. Aujourd’hui, j’y vais sans stress. Je sais ce que je dois faire. Le personnel a été très clair sur ce qu’il attendait de moi. Et puis, je me sens beaucoup plus libre dans ma tête.

C’est à dire ?

Je me mets beaucoup moins de pression. Le rugby est mon métier, mais cela reste un jeu, une passion. J’ai la chance d’en vivre et c’est comme ça que j’arrive à être positif.

Comment vos six premiers mois au Leinster vous ont-ils permis de revenir en équipe de France ?

Quand Leinster est venu me chercher, j’ai ressenti un fort sentiment de confiance. Reconnaissance de mon travail. Cela m’a fait beaucoup de bien. Ce n’est pas moi qui ai demandé à rejoindre l’une des plus grandes équipes d’Europe, ce sont les managers qui ont voulu me recruter. Ils m’ont dit : « Nous te voulons, nous avons besoin de toi et nous savons pourquoi nous venons te chercher. » Ces mots résonnent encore dans ma tête. Cela m’a fait beaucoup de bien. Et je vais vous confier un secret : depuis que je suis à Dublin, personne ne m’a jamais parlé de mon âge.

-

Oh oui ?

Jamais. Ce n’est pas un sujet ici. Parfois, en France, j’avais le sentiment d’en avoir fini. En entendant : « Il a 35 ans, il ne sert plus à rien », on finit par le croire.

Comment expliquez-vous cela ?

Dans le monde anglo-saxon, un joueur âgé est un joueur expérimenté. Jusqu’à quel âge Dan Cole a-t-il joué pour l’Angleterre ? 35 ou 36 ans (NDLR : il a participé au Tournoi des 6 Nations 2024 à presque 36 ans) ? Cian Healy est toujours sélectionné en équipe d’Irlande et il a 37 ans. Cela ne choque personne. Ici, le joueur est considéré pour sa performance. Barre de points.

Le fait d’évoluer dans un système où une large place est accordée à la préparation, à la régénération ou encore au repos a-t-il été aussi bénéfique ?

J’en suis convaincu. Ici, tout est prévu. Tout le monde sait quelles sont ses échéances, quel match il est censé jouer. Les programmes sont adaptés en conséquence. J’ai fait plus de musculation à mon arrivée car j’avais plus de temps. J’ai même perdu quelques kilos (rires). Pendant les vacances, j’ai eu du temps libre, également pendant la tournée d’automne. Je n’ai jamais autant apprécié ma famille que depuis que je suis à Leinster. Évidemment, cela affecte les performances. Ma charge mentale est moins lourde ici. J’ai l’impression de vivre une seconde jeunesse.

Comment votre sélection au Leinster a-t-elle été accueillie ?

C’était incroyable ! J’avais l’impression qu’ils étaient encore plus heureux que moi. Déjà pour moi, c’était exceptionnel. Mais ensuite eux… Plusieurs d’entre eux m’ont pris dans leurs bras pour me faire un câlin, dont Furlong. C’était génial. Ils ne m’ont même pas dérangé par le fait que nous pourrions éventuellement nous rencontrer le 8 mars (NDLR : date Irlande – France). Ils étaient juste heureux pour moi. Le manager Leo Cullen aussi. Effectivement, ça m’a rassuré.

Pour quoi ?

En fait, j’étais gêné envers eux car ils m’avaient également engagé pour assurer l’intérim lors des périodes internationales. Logiquement, je n’ai plus été sélectionné depuis 2019. Et puis, paf, on me rappelle. Mais Leo Cullen était génial avec moi. Il m’a dit : “Ne t’inquiète pas, nous trouverons des solutions.” Profitez-en, profitez-en. » J’ai vraiment apprécié. Et puis, j’ai aussi senti que c’était une reconnaissance de leur travail. Si je reviens à Marcoussis, c’est aussi grâce au Leinster.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV Lucas Martin, un avenir et déjà un présent en tant que pute
NEXT Exclus Forfait Midi Olympique – Louis Bielle-Biarrey (UBB) pour le rassemblement du XV de France avant le Tournoi des 6 Nations 2025