Vous avez été assistant contre Newcastle, vous allez jouer à Mayol contre Toulon : suivez-vous les traces de Jonny Wilkinson ?
En effet. J’ai vécu une semaine particulière contre Newcastle, en tant qu’entraîneur adjoint. Être à proximité des joueurs quand je ne jouais pas était une bonne expérience. Et puis c’était Newcastle, une équipe que j’ai souvent eu l’occasion d’affronter, des joueurs que je connaissais. C’était génial d’être impliqué comme ça. Et maintenant, il y a ce match contre Toulon. C’est une autre étape. J’étais remplaçant la saison dernière à Mayol. J’avais vu des matchs à la télévision mais l’expérience était géniale. J’espère qu’il sera de nouveau là samedi. Et qui sait, peut-être qu’il y aura un coup de pied comme Wilkinson…
Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Un modèle. Mais pas seulement pour moi. Même si on ne joue pas au rugby, en Angleterre, tout le monde connaît Jonny Wilkinson. Je ne l’ai jamais rencontré. Mais j’ai grandi en aimant sa façon de jouer. Je voulais être comme lui. Pouvoir jouer contre un club pour lequel il est une légende, c’est un immense honneur pour moi et un beau défi.
Est-ce qu’il a inspiré votre décision de venir jouer en France ?
J’ai regardé beaucoup de documentaires sur lui, où il raconte à quel point il a aimé son expérience en France et on voit à quel point les supporters de Toulon l’aiment. J’ai vu beaucoup de vidéos hommage sur YouTube de Wilkinson. Il a apprécié son aventure ici et peut-être que cela l’a décidé à venir, à découvrir un autre monde, un peu plus facile pour moi. À l’époque, j’avais envie de me challenger dans un environnement différent. Pau était mon défi. Mais je pense que ce que Jonny Wilkinson a fait m’a inspiré : il est venu ici, il a gagné beaucoup de titres, il a réalisé des choses dont les gens ne rêvent même pas, il a gagné le Top 14, la Champions Cup. C’était aussi le sens de ma décision. Je veux toujours évoluer ici et gagner des choses.
Wilkinson a marqué l’histoire de Toulon : est-ce le sens de votre prolongation à Pau ?
100%. J’aime Pau et j’aime le rugby que je développe ici. J’ai signé à Pau pour essayer d’accomplir quelque chose et je n’ai pas changé d’état d’esprit. La Section n’a jamais atteint le top 8, n’a jamais été en Champions Cup depuis son retour dans l’élite. C’est pourquoi je suis venu ici. Et c’est ce que je veux toujours. Je veux jouer les grands matches. J’ai prolongé mon contrat plus tôt car j’ai les mêmes aspirations. Je suis concentré là-dessus, je crois en ce groupe, j’aime évoluer avec ce staff. Prolonger le mandat de trois ans était une décision naturelle. Je suis heureux d’être sur cette voie.
Votre statut est celui d’un joueur incontournable : déjà 10 matches de Top 14 cette saison, un seul match manqué…
Un match manqué ? Ah oui, Bordeaux. Et j’étais remplaçant à La Rochelle. Je ne me sens pas fatigué. J’ai eu des périodes de récupération. Je suis frais et même très excité par les trois grands matches qui s’annoncent entre Toulon, Vannes et Castres. Nous devons obtenir de bons résultats. On a pris beaucoup de confiance en Challenge Cup entre la victoire contre Newcastle et le point ramené d’Afrique du Sud, il faut confirmer.
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La nouveauté de votre deuxième saison à Pau, c’est votre compteur d’essais : déjà trois réalisations en Top 14 contre une seule l’an dernier.
Je ne sais pas ce qui s’est passé… J’étais juste au bon endroit au bon moment. Même à Exeter, je n’ai jamais été un finisseur. Trois essais, c’est déjà un bon chiffre mais j’espère pouvoir continuer sur cette lancée car mon métier c’est de marquer des points pour qu’on soit en place au tableau d’affichage… Les essais m’aident énormément. J’ai aussi marqué ma première chute en Top 14. C’était synonyme de « full house », la première de ma carrière. C’était un petit moment spécial pour moi et ma famille. Je pense que je suis le 19ème à l’avoir fait en Top 14…
En revanche, votre efficacité en tant que buteur est en légère baisse (80,2% contre 83,3%) : comment l’analysez-vous ?
Je ne sais pas, je ne pense pas que ce soit lié au changement de règlement avec un délai plus court. L’efficacité d’un buteur dépend des périodes. Parfois tu es meilleur. Je m’entraîne autant que l’année dernière. Et qui sait, pour le reste de la saison, je pourrais être meilleur que l’an dernier. Je n’y pense pas trop : si je glisse dans l’émotion, la colère, cela va affecter mon jeu du week-end. Je vais rater quelques tirs, je vais réussir quelques tirs : je dois juste faire en sorte de continuer à m’amuser et de ne pas trop m’énerver parce que ça fait partie du rugby et il y aura toujours des échecs. Je travaille autant que je peux et j’espère que samedi mes notes seront bonnes…
Comment évolue votre relation avec Axel Desperes ?
On parle un peu en français, un peu en anglais. Je sais que je suis un joueur expérimenté, mais je me sens toujours comme un jeune. Et parfois, pas assez confiant pour donner mon avis à Axel et lui dire s’il a raison ou non. Mais nous travaillons bien ensemble. Je suis convaincu que cela me rend meilleur. Comme je le sais, il peut s’inspirer de mon jeu pour d’autres choses. C’est encore un jeune homme. Pour moi, il progresse clairement. En Challenge Cup, il était vraiment bon. S’il gagne en confiance et s’affirme, il sera un excellent joueur pour Pau. C’est un gros défi pour moi : des jeunes joueurs qui veulent ma place, ça me pousse à être meilleur.
Avec seulement dix points marqués en moyenne, l’efficacité offensive à l’extérieur est le problème de Palois. Comment l’expliquez-vous ?
Nous n’avons pas fait de bons matches à l’extérieur cette saison. C’est frustrant. Ma mission, en tant que numéro 10, est d’obtenir des points et de créer. C’est donc un projet sur lequel je me concentre. Après, je ne sais pas si c’est un sentiment typiquement français, mais quand les équipes reçoivent, il semble que le match compte beaucoup plus pour elles. La différence est frappante. Recevoir est toujours un grand défi. Ce sera pour nous à Toulon. Nous devons nous assurer de réussir en équipe. Nous sommes capables de le faire.
La victoire contre Lyon a été très précieuse : a-t-elle aussi redonné de la confiance ?
Oui, définitivement. Avant le match, j’étais inquiet. Une défaite pourrait nous mettre dans une situation difficile. Vannes a réalisé un beau succès contre La Rochelle, il a fallu battre Lyon qui est désormais derrière nous. Avec les autres confrontations de cette 12ème journée, il faut faire un bon résultat contre Toulon.
Par rapport à la Premiership, les joueurs anglais découvrent la peur de la relégation en France…
Chaque match en France est un match énorme. En Premiership, je n’ai jamais vraiment vécu ça. Et maintenant, il n’y a même plus de relégation directe. En France, il y a des positions à défendre. Pour moi, c’est la plus grande force du Top 14 : chaque match est précieux et il faut le gagner. Je suis bien conscient de cette pression.