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Le retrouve Arnaud Mignardi

Le retrouve Arnaud Mignardi
Le Rugby retrouve Arnaud Mignardi

Par

Thomas Corbet

Publié le

10 nov. 2024 à 19h23

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International deux fois via Agen, Biarritz ou Clermont, Arnaud Mignardi a passé une grande partie de sa carrière sous les couleurs de Brive. Né en Aussiclub de ses débuts, il revient dans le Gers pour porter une dernière fois le maillot de sa ville natale en Nationale 2 puis devenir entraîneur des Espoirs. Joueur de caractère, il est un puits d’anecdotes et de souvenirs. A l’heure du Rugby je l’ai trouvé : un bon moment.

Arnaud Mignardi : départ à Auch, arrivée à Auch

A l’ère du rugby professionnel, l’expression club de cœur peut paraître comme une jolie phrase, parfois un peu creuse. Et puis il y a ceux pour qui l’attachement à un club, une ville, un maillot, reste viscéral à vie. Le genre de complicité dont on ne se défait jamais, comme celle qui existe entre Arnaud Mignardi et Auch.

D’ailleurs, lorsqu’on évoque ses meilleurs souvenirs, ce ne sont pas les saisons de Top 14, la Coupe d’Europe, ou ses sélections avec le XV de qui refont surface en premier dans l’esprit de l’ancien trois-quarts centre.

« Parmi mes meilleurs souvenirs, il y a mon arrivée ici à Jacques-Fouroux, à 18 ans et pour quelques jours face au grand Biarritz. Les vieux m’ont fait l’honneur de me laisser entrer en premier dans un stade bondé. Je m’en souviendrai toute ma vie », se souvient-il.

C’est donc tout naturellement qu’après un parcours qui l’a conduit à Agen, Brive ou Clermont, l’Auscitain de naissance est revenu dans la capitale gasconne pour vivre ses dernières heures de joueur après une première expérience d’entraîneur à Dax.

« J’ai ressenti le besoin de rejouer. Tout s’était arrêté d’un coup pendant le Covid et j’avais besoin de finir sur un terrain pour raccrocher les crampons. J’étais en contact avec Greg Menkarska, le manager du RC Auch, nous sommes partis une saison, j’en ai fait deux et ça m’a largement suffi ! J’ai atteint le bout des choses, physiquement, logistiquement, il n’y avait pas besoin d’en faire une de plus », sourit-il.

Une promesse de longue date

Cette dernière danse aurait pu être vue comme une pirouette, rendue facile par la proximité d’Arnaud Mignardi avec le RC Auch, un besoin personnel à assouvir, sans aller jusqu’à parler de caprice. C’était évidemment bien plus que cela : le rendez-vous était pris depuis longtemps.

« Quand je suis parti d’ici (pour Agen en 2006, ndlr), je me suis toujours dit que je reviendrais pour boucler la boucle, je l’avais promis à mon grand-père. Le premier maillot que je portais était celui d’Auch, le dernier que je porterais serait celui d’Auch », explique Arnaud Mignardi.

Arnaud Mignardi a su tenir sa promesse en terminant sa carrière de joueur sous le maillot auch. (©RC également)

Un retour qui lui permet de se lancer dans sa deuxième carrière : « J’ai été lancé ici à 18 ans, c’est Auch qui m’a révélé. J’ai toujours été très attaché à ma terre, j’ai toujours eu envie de restituer ce qu’on m’a donné, tous les savoirs, toutes les valeurs. Ce que le rugby gersois a pu m’apporter, je souhaite le transmettre à nouveau à Auch. »

C’est ainsi qu’il participe aujourd’hui à la restructuration de la formation auscitaine, mise à mal par la faillite du FC Auch en 2017 et de retour en action grâce au travail des différents acteurs du club.

« Il faut redevenir un club formateur où il y a des pépites qui éclosent, on a retrouvé le niveau Crabos, on a retrouvé le niveau Alamercery, les jeunes en Super Challenge… Tout ça commence à payer, je suis en “Je suis en train de prendre les Espoirs et je vois que la génération qui arrive passe un bon moment, ça commence à ressembler à quelque chose avec des gars qui sont potentiellement capables dans deux ans de jouer premiers et d’intéresser les plus grandes équipes”, espère-t-il.

Malheureux en finale

En près de 20 ans sur les terrains, de la Nationale 2 au Top 16 devenu Top14, Arnaud Mignardi a eu le temps d’amasser quelques souvenirs, bons comme mauvais. Est-ce qu’il changerait quelque chose à sa carrière ?

« Non, absolument rien. J’ai eu des hauts, des bas, j’ai vécu des choses que… non, je ne changerais rien. Même les bêtises que j’ai faites, même les défaites, je ne changerais rien parce que c’est moi”, souffle-t-il.

Des défauts, sans doute. Mais surtout tout un personnage, un refus de reculer même lors de ce fameux combat contre le titan de La Rochelle Jone Qovu, une mentalité d’acier qui a fait de lui un compétiteur redouté.

« Ce qui fait la différence à haut niveau, c’est la capacité à se dépasser, la capacité à surmonter les défis et à ne pas abandonner. On nous a appris à Auch que quand on a mal, on continue. Ici plus qu’ailleurs, nous sommes une terre de travailleurs, une terre de nécessiteux, où pour exister il faut se surpasser, car ils ne nous feront pas de cadeau, ils ne nous ont jamais fait de cadeau. croit celui qu’on surnommait le Bison.

Une force de caractère qu’il a utilisée sans se plier, notamment lors des saisons délicates en Corrèze : « J’ai vécu des moments inoubliables avec Brive en jouant en défense, où j’ai vraiment vu la valeur des hommes, j’ai vu le besoin d’être solidaire, le besoin de cohésion. Nous avions besoin les uns des autres pour exister, pour survivre car c’était vraiment la survie. C’était la fin, ça se jouait à un moment donné, ça se jouait à la minute près, il fallait tenir absolument, sinon c’était toute la ville, c’était tout un écosystème, un système budgétaire qui allait s’effondrer. la bouche. »

Des aventures humaines marquantes qui n’ont malheureusement jamais été récompensées par un bouclier ou un quelconque charme : « J’ai plein de souvenirs que je garderai gravés à jamais, mais je n’ai jamais connu de titre, j’ai toujours perdu en finale. J’ai perdu le Top 14 avec Clermont en finale, j’ai perdu la Pro D2 avec Brive en finale, j’ai perdu la Coupe d’Europe avec Biarritz en finale contre Toulouse en 2010… Bref, j’ai vécu de superbes épopées mais qui n’ont jamais fini avec titres. »

Vainqueur du Munster en demi-finale de la Coupe d’Europe 2010, les Biarritz d’Arnaud Mignardi s’inclinent en finale face à Toulouse. (©Icon Sport)

La tournée « suicide » du XV de France chez les All Blacks en 2007

On a compris qu’avant d’intimider Arnaud Mignardi, il fallait se lever tôt. Même une tournée estivale avec un XV français quelque peu expérimental ne l’avait pas particulièrement impressionné, lorsqu’il avait été choisi pour défier les All Blacks à domicile à deux reprises en 2007.

« J’étais sur le tour quand j’avais 20 ans, j’étais content ! J’ai quitté la filière moins de 17 ans, moins de 18 ans, moins de 19 ans, moins de 21 ans. Vous me donnez les sélections, je les prends ! J’étais heureux, insouciant”, se souvient le Gersois.

Ce qui ne l’empêche pas d’être lucide sur les difficultés de la mission à l’époque : « Je comprends que les gens disaient que c’était une tournée suicide parce qu’on a fini le Top 14 samedi soir, on a embarqué lundi pour aller en Nouvelle-Zélande et nous avons joué samedi. C’est à dire que tu as eu 24 heures de vol, tu as joué contre les All Blacks quelques jours plus tard avec une équipe novice. C’étaient les Barbares ! Contre les All Blacks, ce n’est pas suffisant. »

Avec deux cinglantes défaites 42-11 et 61-10, autant dire que les meilleurs moments de cette tournée au pays du long nuage blanc ne se trouvent pas sur le terrain, même si Arnaud Mignardi souligne « l’honneur d’avoir joué avec Christian Califano, Thomas Castaignède et Olivier Magne ».

C’est d’ailleurs l’ancien pilier toulousain qui revient sur le tapis au moment d’évoquer une ultime anecdote : « Il m’a demandé de lui raser la tête, il le faisait avant chaque match. J’avais une tondeuse à gazon et j’ai commencé à la tondre. Et là, plus de batterie, plus de chargeur car je l’avais oublié. Il lui restait une sorte de tâche, il était fou ! Il m’a dit « tu trouves, tu trouves quelque chose, je ne peux pas jouer comme ça demain, ce n’est pas possible ». Heureusement, nous avons trouvé une solution et les choses sont revenues à la normale. »

Et vu l’enjeu sportif très relatif de ce tour, l’essentiel était peut-être dans ces instants, ces tranches de vie insolites dont on profite encore près de 20 ans plus tard.

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