Quel mot a retenu notre attention dans l’actualité cette semaine ? Que révèle-t-il ? Notre chroniqueur se penche sur la question.
Si la journée du 20 janvier a commencé dans la joie pour les partisans de Donald Trump, elle a été remplie d’appréhension pour les autres – ceux qui craignent le second mandat de ce président revanchard ainsi que tous les pays qui craignent un changement de ton dans les relations internationales.
Au Canada, on craignait, entre autres, l’imposition de tarifs douaniers, mais ce qu’on n’a pas vu venir, c’est que le bras droit du président, Elon Musk, allait terminer la journée de fête en effectuant un salut très problématique. , un salut qui a complètement détourné l’attention des cérémonies d’inauguration.
Ce salut (un bras tendu en l’air), l’homme le plus riche du monde l’a réalisé lors d’un discours à l’arène Capital One, éclipsant ainsi les autres festivités ayant lieu ce soir-là.
Depuis, chacun a sa propre analyse : les partisans du tandem Trump-Musc et de nombreux commentateurs plus à droite ont minimisé le geste du patron de Tesla.
Pire, ils s’en prennent à tous ceux qui osent prétendre qu’il s’agit d’un salut nazi, les accusant de vouloir diaboliser la droite ou d’être aveuglés par leur haine de Trump.
Cette tactique de muselage (après tout, la meilleure défense est l’attaque) commence à porter ses fruits : plus personne n’ose appeler un chat un chat.
Disons-le, cette volonté de banaliser le salut d’Elon Musk a quelque chose de consternant. Est-ce là un aveuglement volontaire de la part de ceux qui se réjouissaient de la fin d’une époque ? Ou la peur de devenir les idiots utiles d’un mouvement de droite qu’ils sous-estiment ?
On est même allé jusqu’à comparer le geste d’Elon Musk à un salut romain. (Le salut romain est-il courant en 2025 ? Ou M. Musk vénère-t-il Jules César ?)
Le principal concerné s’est moqué de ses détracteurs, mais sans jamais nier ni expliquer explicitement son geste qui reprenait tous les codes de salut que l’on associe immédiatement à Hitler.
A ce sujet, pourquoi ne pas laisser la parole aux experts, à ceux qui comprennent dans leur chair la symbolique du nazisme et du fascisme ? “Un salut hitlérien est un salut hitlérien est un salut hitlérien »titrait l’hebdomadaire allemand Le tempsmardi1. Nous convenons que la société allemande connaît bien ce sujet.
Et que dire des groupes d’extrême droite, nombreux en Europe et en Amérique du Nord, saluant avec enthousiasme ce bras levé d’Elon Musk, le reconnaissant aussitôt comme le leur, et célébrant sa normalisation dans l’espace public ?
-Quand on sait aussi que ce geste n’est pas isolé, qu’il s’inscrit dans un contexte et dans une série de déclarations problématiques du multimilliardaire, il est vraiment très difficile de douter de ses intentions.
Elon Musk est considéré comme un homme d’une intelligence supérieure, alors pourquoi ne pas reconnaître que lundi il savait très bien ce qu’il faisait ? Sinon, il devrait s’excuser et s’expliquer clairement.
En parlant de salut… L’attitude agressive de la nouvelle administration Trump, notamment envers le Canada, offrira-t-elle le salut espéré à nos gouvernements en difficulté ? On dit que les élus canadiens pourraient faire mieux puisque les projecteurs seront braqués sur eux au cours des prochains mois. Cela signifie-t-il que les libéraux fédéraux et la CAQ de M. Legault pourraient bénéficier de la crise nationale provoquée par les menaces de Trump ? Que cette crise deviendrait en quelque sorte leur salut ?
Le premier ministre du Québec a déjà commencé à enfiler sa cape de super-héros comme au temps de la COVID-19.
Quant à l’aspirant chef libéral fédéral Mark Carney, il affirme – et ses partisans aussi – que son parcours fait de lui la meilleure personne pour affronter Donald Trump.
Dans le même temps, les oppositions qui avaient le vent en poupe semblent désorientées. Le chef du Parti québécois déclare bizarrement que Donald Trump a raison lorsqu’il affirme que la porosité de la frontière fait du Canada et du Québec de mauvais voisins. De son côté, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, semble avoir perdu son mojo.
Depuis lundi, il n’a proposé aucune stratégie digne de ce nom pour tenir tête aux intentions du nouveau gouvernement américain. Que ferait-il s’il devenait premier ministre du Canada dans quelques mois ? Pour le moment, hormis quelques idées déjà avancées par le PLC, silence radio du chef conservateur. La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, semble avoir réfléchi plus que lui à la question.
Comme le disait si bien le poète et philosophe Friedrich Hölderlin : « C’est lorsque le danger est le plus grand que le salut est le plus proche. »
1. Consultez l’article de Le temps « Un salut hitlérien est un salut hitlérien est un salut hitlérien » (en allemand)
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