“Aujourd’hui, ça ne marcherait pas !” Machal Méril revient sur le comportement de François Truffaut envers les femmes et donne son avis sur le mouvement #MeToo

“Aujourd’hui, ça ne marcherait pas !” Machal Méril revient sur le comportement de François Truffaut envers les femmes et donne son avis sur le mouvement #MeToo
“Aujourd’hui, ça ne marcherait pas !” Machal Méril revient sur le comportement de François Truffaut envers les femmes et donne son avis sur le mouvement #MeToo

A l’occasion de la diffusion du deuxième épisode deEnquête parallèle (la troisième est déjà en boîte), samedi 4 janvier sur 3, où elle incarne la mère de Florence Pernel, Macha Méril nous a accordé une interview à son image : dynamique et positive. Et ce alors même qu’elle revenait des obsèques de Niels Arestrup. Son âge, son parcours, le mouvement #MeToo, la maternité, Michel Legrand… A 84 ans – dont soixante-cinq dans sa carrière –, l’actrice n’évite aucune question.

Macha Méril parle sans détour de son âge

Télé-Loisirs: How are you?
Macha Méril.
Bien ! Je trouve que la vieillesse est un âge extraordinaire. Si nous sommes en bonne santé, ce qui est mon cas, c’est le moment où nous nous connaissons le mieux. C’est pourquoi, à mon avis, la vieillesse est une aventure. C’est très rare qu’on raconte cela dans les films. Nous pensons que le public ne veut pas voir de personnes âgées mais cela dépend de lesquelles. Autour de moi, je ne vois que des femmes qui, après 80 ans, sont incroyablement actives. La vieillesse n’est pas une réduction, c’est un enrichissement. En fait, je ne dis pas ça pour me vanter. [Elle rit.]

A quel âge diriez-vous que ça commence ?
A la ménopause, dès que les hommes ne nous voient plus comme des mères possibles. Même du point de vue de la sexualité, c’est bien plus intéressant. À mon avis, l’amour n’est pas une chose jeune.

Faites-vous référence à votre belle histoire avec le compositeur Michel Legrand ?
Cela a été un merveilleux cadeau de la vie. J’avais 74 ans quand je l’ai trouvé. Nous n’aurions pas pu vivre ensemble avant car à l’époque où nous nous sommes rencontrés [en 1964, ndlr], il était occupé par sa carrière et j’étais occupé par la mienne. Nous n’aurions pas pu nous supporter.

Macha Méril dévoile l’autre métier qu’elle aurait aimé exercer

Dans Enquête parallèle, vous incarnez une ancienne actrice. Si vous n’aviez pas été actrice, quel métier auriez-vous aimé faire ?
J’aurais adoré faire de la politique, être un grand diplomate ou m’occuper de géopolitique. Je m’intéresse aux mouvements mondiaux. D’ailleurs, je m’exprime parfois sur LCI avec Darius Rochebin pour parler de la Russie et de l’Ukraine. [Ses parents étaient issus de la noblesse russe, ndlr.]

Quel est le secret de votre énergie ?
Je n’ai pas de règle : quand la vie m’appelle quelque part, j’y vais. Je fais attention à mon alimentation, je nage et marche beaucoup, mais je ne fais aucun sport, je trouve ça ennuyeux… Et surtout, il faut rayer de son carnet toutes les choses qui dérangent. Il y a beaucoup de gens que j’énerve, eh bien, j’oublie ça. On ne peut pas plaire à tout le monde.

De quoi êtes-vous le plus fier artistiquement ?
Avoir été choisi par de grands réalisateurs : Fassbinder, Lelouch, Godard, Varda… Et être encore là, en forme et avec une autre proposition. Je ne suis plus le même que j’avais 30 ou 40 ans. À chaque fois, je m’améliore !

Et votre plus grand regret ?
Je n’en ai pas beaucoup parce qu’il faut être gentil avec soi-même. Ce n’est pas un regret mais ça m’est arrivé deux fois qu’on me propose un film – Les mariés de l’An II, de Rappeneau et La vie et rien d’autre, de Tavernier – mais ce sont finalement Marlène Jobert et Sabine Azéma qui ont été choisies. Je ne suis pas bancable mais ce n’est pas grave, j’ai fini. Ce sont des choses que nous ne pouvons pas contrôler.

Macha Méril révèle le secret de son positivisme

Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à l’Actors Studio ?
Dommage parce que je trouvais ça ridicule ! La méthode était un peu trop psychanalytique. J’ai vu Joanne Woodward, Anna Bancroft, Marlon Brando… [Elle a également tourné avec Dean Martin et Elizabeth Montgomery dans Mercredi soir, 9 heures…, ndlr.] Je viens d’un autre cinéma. J’ai senti l’appel de la nouvelle vague, j’ai rompu mon contrat américain de sept films avec Paramount sans aucun regret de revenir tourner Adorable menteur, par Michel Deville [sorti en 1962, ndlr].

Vous avez révélé que vous aviez une mauvaise expérience avec François Truffaut…
Il ne s’est pas toujours très bien comporté, voire très mal ! Aujourd’hui, cela n’arriverait pas. Les femmes de ma génération ont tout pris en silence. C’est pourquoi je trouve merveilleux le mouvement #MeToo. À mon avis, ce n’est qu’un début.

Est-ce indiscret de vous demander pourquoi vous n’avez pas eu d’enfants ?
Comme beaucoup de jeunes filles de mon époque, j’ai dû avorter tardivement à 16 ans. Après, je n’ai jamais pu en avoir. C’est une des tragédies de ma vie mais ce n’en est pas une si on se dit que ça veut dire quelque chose. J’avais d’autres tâches, ce n’était tout simplement pas mon destin.
Quel positivisme !
[Elle rit.] C’est mon petit côté aristo. Je pense qu’il faut bien paraître, ne pas montrer un visage de mater dolorosa… même quand les choses ne vont pas bien !
Que pouvons-nous vous souhaiter pour 2025 ?
Pour monter le film que je veux faire sur la vieillesse, Et voilà ! qui raconte l’histoire d’une femme qui quitte la maison de retraite où on veut l’enfermer. Peut-être que ce sera mon dernier combat.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Conor McGregor répond à Khabib Nurmagomedov
NEXT Portrait de la biologiste Catherine Potvin