Portrait de la biologiste Catherine Potvin

Portrait de la biologiste Catherine Potvin
Portrait de la biologiste Catherine Potvin

Peu connue du grand public, la biologiste québécoise Catherine Potvin aime comparer son histoire à celle d’Obélix, tombé dans la potion magique lorsqu’il était petit. Mais sa potion est le changement climatique.

Alliant science et politique, sa carrière l’a conduite du Québec au Panama, le pays qu’elle a représenté lors des négociations internationales sur le climat.

Après trois années à s’impliquer bénévolement au sein du Comité consultatif sur les changements climatiques formé par le gouvernement du Québec, Catherine Potvin a décidé de quitter le comité à la fin de l’été 2024. Frustrée de constater que les résultats n’étaient pas au rendez-vous, elle a préféré s’incliner. sortir et retrouver sa « liberté d’expression ».

«Je comprends que ce n’est pas à nous, les scientifiques, de décider pour la société. Je suis très à l’aise avec ça. En revanche, moi, en tant que scientifique, je dois pouvoir continuer à dire qu’il y a une urgence [face aux changements climatiques]. Je pense qu’il y a encore une majorité de la population pour qui il est important d’avoir des scientifiques, des gens intègres, qui nous disent : c’est ce qu’on voit avec nos observations», affirme le nouveau retraité de l’Université McGill.

Si Catherine Potvin est aujourd’hui une spécialiste de renommée internationale des questions touchant à la forêt tropicale et au changement climatique, elle le doit à une rencontre fortuite avec le dioxyde de carbone, « ce gaz qui emprisonne la chaleur », résume. et dont la concentration dans l’atmosphère ne cesse d’augmenter depuis 1850.

« Le changement climatique s’est produit tout seul, sans mon choix », se souvient-elle.

Jeune biologiste, au début des années 1980, Catherine Potvin se retrouve à mesurer la photosynthèse des feuilles de diverses plantes grâce à un appareil qui enregistre la température ambiante et la concentration de dioxyde de carbone.

“Ça commence à 345 [parties par million] de dioxyde de carbone la première année où nous prenons nos mesures. L’année suivante, c’est 346, et l’année suivante, c’est 347, et je pense que j’ai un problème avec mon appareil. Mais tout le monde vivait la même chose et prenait les mêmes mesures. Le problème, c’était l’atmosphère», raconte-t-elle.

C’est ainsi qu’elle se retrouve confrontée à l’enjeu qui occupera toute sa carrière pendant les 30 prochaines années.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La biologiste Catherine Potvin

Je suis un peu comme Obélix ! Il est tombé dans la potion magique quand il était petit, et moi dans le changement climatique !

Catherine Potvin

Après un baccalauréat et une maîtrise en biologie à l’Université de Montréal, Catherine Potvin a principalement travaillé en laboratoire, où elle s’est intéressée à la façon dont les plantes s’acclimatent à leur environnement. Pour poursuivre ses recherches sur ce sujet, elle s’inscrit à un doctorat en botanique à l’Université Duke en Caroline du Nord.

Voyage sous les tropiques

Après avoir terminé ses études en 1985, elle a enseigné un cours à l’Université McGill sur la biologie de la conservation et les espèces menacées. Mais le syndrome de l’imposteur l’a rattrapée. « Je n’étais jamais allé sous les tropiques parce que j’avais tellement peur des serpents ! Mais 50 % de la biodiversité se trouve sous les tropiques. J’ai enseigné là-dessus, mais je n’étais pas compétent, je ne comprenais pas ces enjeux… »

Elle part ensuite pour Panama avec ses trois jeunes enfants âgés de 5, 7 et 8 ans et finit, en 1993, au Smithsonian Tropical Research Institute. «C’était l’un des centres de recherche les plus importants au monde», commente-t-elle.

Une fois arrivée dans la capitale Panama, Catherine Potvin a pris une autre décision qui l’a marquée à jamais.

Elle s’est rendue au Darién, une région mythique où l’on retrouve la communauté Emberá, un peuple indigène qui peint son corps en bleu et vit complètement en marge de la société occidentale.

Elle est tombée amoureuse de la forêt et de ses habitants. Le Panama est devenu en quelque sorte sa deuxième maison. Elle y est si souvent revenue qu’elle dit ne plus pouvoir compter le nombre de fois où elle s’est rendue dans ce petit pays de 4,5 millions d’habitants.

Pour la défense du Panama

En plus de poursuivre ses recherches dans le domaine, elle est rapidement devenue une experte incontournable sur tout ce qui touche à la forêt tropicale. Peu avant la Conférence de Montréal sur les changements climatiques en 2005, le gouvernement du Panama l’a approchée pour qu’elle se joigne à son équipe de négociateurs.

« Ils se sont dit : ‘On connaît Catherine Potvin, qui travaille au Panama, qui s’intéresse au changement climatique, au cycle du carbone et à la forêt. Elle parle français, anglais et espagnol. Elle vient de Montréal, ça ne coûtera pas de billets d’avion ni d’hôtel ! »

C’était un bon calcul de leur part, mais c’était aussi une grande marque de confiance ! C’était un travail énorme, je n’ai jamais travaillé aussi dur de ma vie.

Catherine Potvin, biologiste

Pendant six ans, l’Université McGill lui a permis de travailler à temps partiel comme chef des négociations internationales sur le climat pour le gouvernement du Panama. « J’étais responsable du volet forestier et je me suis retrouvé face au Canada, et mon travail consistait à défendre les intérêts du Panama ! »

Aujourd’hui, elle se dit particulièrement fière d’avoir contribué à la reconnaissance des peuples autochtones dans les accords internationaux sur le climat. « Il est important d’écouter ce que les peuples autochtones ont à dire sur la forêt. En Amérique latine, la plupart des forêts encore intactes sont gérées par les populations autochtones. »

Une réflexion qui mérite d’être élargie, selon elle, pour mieux faire face au réchauffement climatique. « Le monde occidental pourrait apprendre beaucoup des sociétés autochtones traditionnelles, que ce soit au Québec, au Canada ou au Panama. Ce sont des sociétés très collectives où le bien commun est la norme. Malheureusement, nos sociétés modernes ont évolué de manière très individualiste. Cela ne va pas du tout avec les solutions au changement climatique, qui doivent être collectives. La communauté est le seul moyen de s’en sortir. »

Qui est Catherine Potvin?

  • Né en 1963 à Saint-Hyacinthe
  • Biologiste spécialisé dans l’étude des forêts tropicales
  • Elle s’intéresse particulièrement au cycle du carbone et aux impacts du changement climatique.
  • Elle a représenté le Panama pendant six ans dans les négociations internationales sur le climat.
 
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