«Il est devenu clair que je ne peux pas être chef lors des prochaines élections en raison de batailles internes», a-t-il déclaré devant Rideau Cottage, sa résidence officielle.
Après de « longues conversations » avec sa famille « pendant les fêtes de fin d’année », le «combattant», qui ne recule pas « facilement devant un combat », a fini par se rendre à l’évidence.
« Hier soir, au dîner, j’ai partagé avec mes enfants la décision que je partage avec vous tous aujourd’hui : j’ai l’intention de démissionner de mon poste de chef du Parti libéral du Canada et de Premier ministre une fois que le parti aura choisi son prochain chef à la suite d’un scrutin national. processus rigoureux et compétitif», a-t-il annoncé, visiblement ému.
« Le pays mérite un choix clair et réel lors des prochaines élections. »
Le président du Parti libéral du Canada, Sachit Mehra, a annoncé qu’une réunion du Conseil national aura lieu cette semaine pour lancer le processus de sélection d’un nouveau chef du parti.
M. Trudeau a également indiqué qu’il avait demandé à la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, de proroger le Parlement jusqu’au 24 mars, ce qu’elle a accepté. Cela empêchera les partis d’opposition de renverser le gouvernement avant cette date.
« Le Parlement a besoin d’un réinitialiseril faut se calmer un peu pour retourner au travail pour les Canadiens et ne pas se lancer dans une politique mesquine constante. », a justifié Justin Trudeau, déplorant la paralysie du travail parlementaire qui a lieu depuis septembre.
Des supports qui se sont effondrés
Le soutien au premier ministre, déjà érodé par les défaites successives dans les fiefs libéraux cet été, s’est effondré après le départ fracassant de la vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland à la mi-décembre, le matin même de la présentation de son énoncé économique.
M. Trudeau, qui a été largué par les principaux caucus régionaux de son parti politique pendant les fêtes et risquait de se faire mettre à la porte par ses adjoints mercredi, n’a pas voulu donner sa version des faits sur le départ de Mme Freeland, dont Le nom circule dans les médias comme celui d’un candidat cherchant à lui succéder.
Il a toutefois souligné qu’il aurait « vraiment souhaité » que son partenaire politique de longue date « se charge d’un des dossiers les plus importants », celui des relations canado-américaines.
«Je remercie Justin Trudeau pour ses années de service au Canada et aux Canadiens. Je lui souhaite, ainsi qu’à sa famille, le meilleur”, a-t-elle réagi sur X.
Poussé vers la porte de sortie par des « batailles internes », le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé sa démission lundi. (CPAC)
Les oppositions exigent des élections rapides
La démission de Justin Trudeau « ne change rien », selon les partis d’opposition, qui avaient déjà indiqué qu’ils retireraient leur confiance au gouvernement à la première occasion.
«La seule façon de réparer ce que les libéraux ont brisé, c’est de tenir des élections», a réagi le chef conservateur Pierre Poilievre, en publiant sur X une vidéo d’environ quatre minutes dans laquelle il attaque le bilan du gouvernement libéral.
Selon lui, «tous les députés libéraux, les ministres et les candidats à la direction du parti ont aidé Justin Trudeau à briser ce pays». Et peu importe qui prendra la tête du pays, il n’obtiendra pas son soutien.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a également appelé à des élections dès que le successeur de Justin Trudeau « arrivera au pouvoir ».
Selon M. Blanchet, le gouvernement libéral « n’a présenté que des apparences en matière de préservation de la langue française », a « complètement perdu le contrôle des dépenses publiques » et a été « multiculturaliste jusqu’à l’irresponsabilité ».
« Ce sera à l’histoire d’évaluer le bilan personnel de Justin Trudeau comme premier ministre, mais les Québécois porteront un jugement sur le bilan du gouvernement libéral en général. Et j’ai peur que ce jugement soit extrêmement sévère”, a-t-il ajouté.
M. Blanchet a toutefois salué la démission de Justin Trudeau comme premier ministre du Canada et chef du Parti libéral, qu’il a qualifié de « bonne décision ».
Le chef du Nouveau Parti démocratique du Canada, Jagmeet Singh, a affirmé qu’il n’appuierait en aucun cas le remplacement de Justin Trudeau d’ici les élections.
« C’est fini, c’est clair. Lorsqu’il y a une motion de censure, les néo-démocrates voteront contre le gouvernement », et « peu importe qui sera le nouveau chef ».
Le premier ministre du Québec, François Legault, a également salué lundi l’engagement politique de Justin Trudeau. «Des défis importants nous attendent, notamment avec l’arrivée de Donald Trump le 20 janvier. Je continuerai de travailler avec M. Trudeau, son successeur et le gouvernement en place pour éviter ces tarifs», a-t-il ajouté.
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a pour sa part accusé les libéraux «de faire passer leurs intérêts politiques égoïstes avant les Canadiens» en prorogeant le Parlement à un moment où le pays doit faire face à «l’une des négociations les plus importantes des organisations internationales».
« Il s’agit de l’un des actes les plus irresponsables et égoïstes d’un gouvernement dans l’histoire du Canada », a-t-elle écrit, appelant tous les partis fédéraux « à forcer la tenue d’élections à la première occasion.
Donald Trump revient à la charge
L’annonce de la démission imminente de Justin Trudeau intervient alors que le président élu des États-Unis, Donald Trump, menace d’imposer des droits de douane de 25 % après son entrée en fonction le 20 janvier.
Ces dernières semaines, le républicain a également qualifié à plusieurs reprises Justin Trudeau de « gouverneur du Canada », réitérant son allusion à une annexion du Canada par les États-Unis sur son réseau Truth Social.
Donald Trump a rapidement réagi à la démission du Premier ministre canadien.
« Les États-Unis ne peuvent plus supporter les énormes déficits commerciaux et les subventions dont le Canada a besoin pour rester à flot. Justin Trudeau le savait et a démissionné. Si le Canada fusionnait avec les États-Unis, il n’y aurait pas de droits de douane, les taxes diminueraient considérablement et ils seraient TOTALEMENT à l’abri de la menace des navires russes et chinois qui les entourent constamment. Ensemble, quelle grande Nation ce serait !!!”
Son nouveau complice, le multimilliardaire Elon Musk, qui sera à la tête d’un nouveau département sur l’efficacité gouvernementale dans la prochaine administration Trump, a affiché à plusieurs reprises son soutien à Pierre Poilievre pendant les fêtes.