«Je parle de tous les gens qui portent une différence»

«Je parle de tous les gens qui portent une différence»
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Pourquoi avoir attendu huit ans avant d’enregistrer un nouvel album ?

Tout simplement parce que j’ai été occupé ailleurs. Il y a eu l’écriture des deux romans (« La commode de couleurs » (2020) et « Écoutez la pluie qui tombe » – 2022 -) et les lectures qui ont suivi, les 90 concerts du spectacle musical « Bouches cousues »… Mon manager m’a d’ailleurs dit : « Ça suffit. Votre troisième roman attendra, car nous voulons entendre de nouvelles chansons de votre part.

L’album s’appelle « La Réplique », qui est aussi le titre d’une des chansons, où vous faites allusion à ces femmes qui refusent d’être la réplique de la réplique, d’être des « Machines à accoucher »… A travers ce titre, quoi message que vous souhaitez envoyer aux femmes ?

Quand j’écris des chansons, je ne me dis pas que je veux faire passer un message. Je suis beaucoup plus spontané que ça. Si « La Réplique » est venue ainsi dans ma tête, c’est probablement à cause de l’époque que nous vivons et des paroles de femmes qui souffrent. Il y a aussi ces réseaux sociaux où l’on voit toutes ces jeunes filles se trahir, se transformer, se maquiller pour correspondre à la femme parfaite…

Dans « À toi », vous chantez ceci : « A toi qui n’es ni d’ici ni d’ailleurs/A toi le poisson migrateur/A toi qui m’enrichis de tes couleurs/A toi qui brouille ton visage/A toi toi, ton âme et sa pâleur/À toi dont le seul bagage est ton courage et ton cœur. Visiblement, le sort des migrants vous affecte ?

Oui, c’est évident même si dans cette chanson, je ne parle pas spécifiquement des migrants. J’évoque ainsi tous ceux qui portent une différence, qui peut parfois susciter de l’hostilité chez les autres. Je suis la petite-fille de trois grands-parents immigrés espagnols. C’est donc quelque chose qui fait partie de moi. Ce fut probablement la plus grande tragédie de mon peuple de devoir quitter sa terre natale et c’est probablement pour cela qu’il n’a pas pu nous transmettre sa culture, ce qui aurait été pour lui un souhait profond. FAIRE. Je pense que cette Méditerranée, berceau de mon peuple, comme le dit si bien le rappeur Toan, est aujourd’hui le théâtre de bien trop de drames.

Je sens que j’ai un devoir de mémoire.

Que pensez-vous de la loi sur l’immigration qui vient d’être votée ?

Je ne peux pas vraiment vous en parler parce que je n’ai pas tous les tenants et les aboutissants, mais ce que je peux vous dire, c’est que lors des discussions, ce qui m’a le plus choqué, c’est de dire que, potentiellement, un texte inclurait le fait que la non-assistance à personne en danger est autorisée si la personne n’est pas née en France ou de nationalité française.

Plusieurs titres sont chantés aussi bien en français qu’en espagnol ? Pourquoi ce choix ?

Parce que je suis né de trois grands-parents espagnols et que je ressens un fort devoir de me souvenir de leur voyage.

Votre tournée comprend 90 dates, dont une le 17 mai à Art Rock à Saint-Brieuc, le 6 juillet à Fouesnant (29), le 13 juillet aux Vieilles Charrues à Carhaix (29) et le 6 décembre à Brest. . Quels souvenirs gardez-vous de vos passages en Bretagne ?

Des souvenirs incroyables, comme à Art Rock, en 2007, à Saint-Brieuc, où Patti Smith m’a suivi et où j’ai reçu un accueil très chaleureux. Et bien sûr, il y a eu mes premières Vieilles Charrues (2006). Comme nous jouions à 16 heures, nous avions peur qu’à ce moment-là le site soit un peu vide. Mais non, quand on est arrivé sur scène, on a pu constater qu’il y avait autant de monde que ce soir-là. Et quand on a diffusé « La femme chocolat », on est devenus complètement spectateurs du public qui connaissait la chanson par cœur. Cela ne nous était jamais arrivé auparavant. Et là, pour la première fois, nous avons eu 40 000 personnes qui ont chanté la chanson du début à la fin. Je crois que j’ai même commencé à pleurer au milieu de la chanson, j’étais tellement abasourdie. Avec les musiciens, on s’est demandé si ce n’était pas un rêve. C’était un moment complètement lunaire.

La scène me donne le sentiment d’être utile.

Que vous apporte la scène ?

La scène m’apporte une forme d’excitation, un sentiment d’utilité car on voit que si on donne beaucoup de soi, les gens que l’on affronte oublient tous leurs problèmes, du moins pour le temps qu’ils ont passé avec nous et qui est précieux dans un monde aussi difficile que le nôtre.

Après vos deux premiers romans, avez-vous un nouveau projet d’écriture ?

J’ai plein de projets en cours : je serai la voix de Frida Kahlo à 20 ans dans un long métrage qui sera présenté au festival d’Annecy en juin prochain. J’ai également composé toute la musique d’un dessin animé pour les tout-petits, adaptation d’un roman jeunesse qui a notamment été réalisé par l’un des animateurs de « Kirikou ». Actuellement, je suis également dans la série « The Newlook », de John Malkovich où j’incarne Édith Piaf à 20 ans. Quant à l’écriture du troisième roman, je m’y attaquerai quand j’aurai le temps.

Dans une interview à La Tribune, vous avez révélé que, par le passé, vous aviez échappé à deux tentatives d’agression sexuelle, dont une par soumission chimique. Pourquoi as-tu attendu si longtemps pour en parler ?

J’en avais déjà parlé auparavant et si on n’y regarde que maintenant, c’est probablement parce que le voile se lève, notamment grâce à une femme extraordinaire, Caroline Darian, qui a créé l’association « M’ne dors pas ».

et qui m’a demandé de faire partie de leur soutien. Concernant les circonstances de mes deux attentats, je ne souhaite pas entrer dans les détails.

Association de soumission anti-chimique.

 
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