« Au cinéma, la métamorphose est plus intérieure »

« Au cinéma, la métamorphose est plus intérieure »
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Passionnée d’univers décalés, Élise Girard signe « Sidonie au Japon » et confie à Isabelle Huppert le rôle d’une romancière qui se rend à Kyoto lors de la sortie d’un de ses romans… sans se douter que le « face-à-face » avec elle Un éditeur japonais allait lui mettre le cœur en ébullition, ni qu’elle allait voir apparaître le fantôme de son mari… Entre romance et deuil, fantastique et mélancolie, la réalisatrice livre un ouvrage tendre qui joue habilement – ​​et avec finesse – sur les différences, les codes et des cultures. De son côté, la star française endosse avec bonheur ce rôle de femme qui reprend peu à peu goût à la vie et à l’amour. Une performance de choix pour un film attachant, co-écrit par feu Sophie Fillières.

En plus d’être à l’affiche de « Sidonie au Japon », vous venez de terminer les représentations au théâtre de « Bérénice ». Vous aimez particulièrement passer d’un registre à un autre ?

« Sidonia au Japon » a été tourné il y a un an et demi. Cela montre à quelle vitesse le temps passe… En fait, ce sont deux projets tellement espacés que je n’ai pas l’impression de passer avec le vertige d’un univers à l’autre. Et même si c’était le cas, cela ne me poserait pas l’ombre d’un problème !

Au cinéma, vous aimez jouer avec des variations, parfois infimes, pour incarner différents personnages. Au contraire, au théâtre, on a le sentiment que vous préférez vous éloigner davantage de votre image. Approchez-vous ces deux arts différemment ?

Sans doute au théâtre la métamorphose est-elle plus spectaculaire, ou du moins plus lisible, plus évidente. C’est accentué par le système placé autour de moi. Par exemple, pour « Bérénice » que met en scène Roméo Castellucci ou pour tous les spectacles que j’ai fait avec Bob Wilson, la lumière, l’espace, même la fumée me font un peu « disparaître » sans toutefois m’éloigner. tout seul. C’est d’ailleurs un des plaisirs que je ressens en faisant ce genre de spectacle. C’est à dire que nous sommes enfin au comble de l’artifice théâtral, alors qu’au contraire, pour ma part, j’ai l’impression de toucher une forme de vérité. Au cinéma, on est plutôt dans une forme de réalisme. Dès lors, la métamorphose est plus intérieure.

Avez-vous eu envie de collaborer avec Élise Girard lorsque vous avez découvert « Drooles d’oiseaux », où elle mettait en scène votre fille, Lolita Chammah ?

Ma fille, Lolita, était à la fois drôle et émouvante dans ce film que j’ai adoré, tout comme le premier long métrage d’Élise Girard, « Belleville-Tokyo » avec Valérie Donzelli. Lorsque le réalisateur m’a parlé de faire un film avec moi au Japon, j’ai trouvé la proposition originale. Quel que soit le scénario, l’idée d’aller raconter à l’autre bout du monde une Française qui part se perdre… et surtout se retrouver, était passionnante.

La mise en relation de ces deux personnages avec leurs différences culturelles crée une légèreté

Une des particularités du film est de jouer sur les codes, les différences culturelles entre la France et le Japon…

De manière très drôle, cela fait surgir une série de situations un peu burlesques. Il y avait un dosage précis à respecter et Élise Girard l’a fait admirablement, sans jamais tomber dans la caricature ou la moquerie. La mise en relation de ces deux personnages avec leurs différences culturelles crée une légèreté, en opposition avec une thématique plus tragique liée au deuil, qui traverse tout le film…

Le film emprunte également des motifs chers au cinéma japonais, avec notamment la présence d’un fantôme, qui perturbe le séjour de Sidonie. Cette idée vous a particulièrement séduit ?

C’est d’autant plus amusant qu’il est aussi question de fantômes dans le film « Les Gens d’à côté » d’André Téchiné que j’ai tourné entre-temps. Il y a parfois des coïncidences. À une époque par exemple, je faisais une série de films qui se déroulaient dans des situations lointaines ou quelque peu hostiles ; il y a eu aussi une période où j’avais principalement des rôles de mère. Ce sont les fantômes. Celui-ci est encombrant, mais n’est pas morbide. Et c’est d’autant plus dangereux que ce spectre du mari est extrêmement présent dans les pensées de Sidonie. Du coup, cette rencontre avec son éditeur japonais la met dans une situation qu’elle ne peut contrôler, lui ouvrant la porte à une nouvelle histoire, vraie, réelle, vivante. Résultat, le fantôme devient de plus en plus invisible…

« Sidonie au Japon », d’Élise Girard. 01h35 Sortie le 3 avril 2024.

 
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