L’infliximab plus efficace que le cyclophosphamide dans le traitement de la maladie de Behçet

L’infliximab plus efficace que le cyclophosphamide dans le traitement de la maladie de Behçet
L’infliximab plus efficace que le cyclophosphamide dans le traitement de la maladie de Behçet

La maladie de Behçet est une inflammation des vaisseaux sanguins, de tous types (artères et veines) et de toutes tailles. “D’une certaine manière, il s’agit d’une maladie auto-inflammatoire et d’une autre, d’une vascularite”, explique le Professeur Patrice Cacoubchef du service de médecine interne et d’immunologie clinique de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP).

Les causes de la maladie ne sont pas connues, mais elle touche des populations spécifiques, issues de la « Route de la Soie » historique : bassin méditerranéen, Moyen-Orient et Extrême-Orient.

“Certains haplotypes comme HLA B51 ont six fois plus de risques de développer la maladie de Beçhet”, souligne le Pr Cacoub. « On pense aujourd’hui que sur cette base génétique, certains attaquants antigéniques provoquent une activation des lymphocytes T CD4, provoquant une cascade inflammatoire pouvant entraîner des lésions ophtalmiques (uvéites), des ulcères buccodentaires et génitaux, des douleurs articulaires ou, dans les formes les plus sévères, des lésions cérébrales et vasculaires pouvant mettre en jeu le pronostic vital ou être fonctionnelles », explique-t-il. La maladie évolue par poussées, avec des périodes de rémission.

Dommages oculaires pouvant conduire à la cécité

Les formes les plus graves peuvent inclure des thromboses veineuses intracérébrales, des thromboses veineuses profondes touchant les veines caves, ou encore des thromboses artérielles. Les lésions oculaires peuvent également être très graves et conduire à la cécité, en particulier lorsque le segment postérieur de l’œil est touché.

Les traitements actuels de la maladie dépendent de sa forme. « Si les lésions sont cutanées ou muqueuses, on traite avec de la colchicine ou de l’aprémilast. En cas de lésion oculaire, les corticoïdes sont associés à un immunosuppresseur, souvent l’infliximab.

Et dans les formes les plus compliquées, avec atteinte vasculaire, artérielle ou neurologique, les corticoïdes sont également prescrits en association avec un immunosuppresseur, laissé au choix du médecin : le cyclophosphamide ou l’infliximab », explique le Pr Cacoub. Cependant, aucune étude randomisée et contrôlée n’a encore été menée pour déterminer l’efficacité de ces médicaments.

C’est pourquoi le Professeur Cacoub et son équipe ont décidé de lancer l’essai ITAC [1]le premier essai prospectif, randomisé et contrôlé à démontrer l’efficacité de ces médicaments.

Entre mai 2018 et avril 2021, 52 patients atteints d’une maladie de Behçet sévère ont été inclus dans 21 centres répartis à travers la . Les patients étaient âgés en moyenne de 40 ans et les deux tiers d’entre eux souffraient d’une maladie vasculaire grave, dont la moitié touchait les artères et l’autre moitié les veines. Les 30 % restants souffraient de lésions neurologiques centrales. « La plupart recevaient déjà des corticoïdes et un traitement immunosuppresseur », précise le médecin.

Réponse de 81 % pour les patients sous infliximab

Les patients ont été répartis au hasard en deux groupes, l’un recevant du cyclophosphamide (25 patients) et l’autre recevant de l’infliximab (27 patients). L’infliximab a été injecté à raison de 5 mg/kg par voie intraveineuse, en moyenne toutes les quatre semaines. Le cyclophosphamide a été injecté à raison de 0,7 g/m² par mois par voie intraveineuse. Parallèlement, tous les patients ont reçu une corticothérapie à doses décroissantes : de 1 mg/kg/jour à moins de 0,1 mg/kg/jour à la semaine 22.

-

Le critère de jugement principal était la réponse complète (rémission clinique, biologique et radiologique) à la semaine 22.

« Nous avons démontré une telle réponse pour 81 % des patients sous infliximab, contre 56 % des patients sous cyclophosphamide », indique le Pr Cacoub.

Les critères d’évaluation secondaires, notamment la réponse vasculaire ou neurologique, étaient plus favorables à l’infliximab. La tolérance était également meilleure avec ce traitement (30% d’effets secondaires, contre 64% dans le groupe cyclophosphamide). De plus, quatre fois moins de rechutes ont été observées dans le groupe infliximab (16 % contre 4 %).

« Grâce aux statistiques bayésiennes, nous pouvons calculer la probabilité a posteriori pour un patient d’obtenir une réponse complète à la semaine 22. Nous avons obtenu un résultat de 97,4 % pour l’infliximab, contre 6 % pour le cyclophosphamide », souligne le Pr Cacoub.

Pour lui, cette étude « a permis de répondre à la question non résolue de l’efficacité des traitements et de manière très claire. Cela va changer la prise en charge des patients et l’infliximab remplacera demain le cyclophosphamide », estime-t-il.

Liens d’intérêt des experts : Aucun

Inscrivez-vous aux newsletters Medscape : sélectionnez vos choix

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV Comment profiter de l’alignement de six planètes cette semaine, un spectacle rare
NEXT Un optimisme retrouvé au sein des entreprises suisses