Dans toute guerre, les dommages collatéraux sont toujours difficiles à prévoir. Sinon, nous parviendrons à les éviter.
La dernière semaine nous a révélé la prochaine victime de la guerre commerciale qui attend le Canada avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.
Je parle ici de l’unité canadienne.
Oubliez les réactions négatives contre l’Alberta, qui refuse d’adopter le concept d’« Équipe Canada » pour protéger ses exportations de pétrole vers les États-Unis.
Donald Trump vient de servir sur un plateau d’argent un nouveau cheval de bataille au mouvement souverainiste.
Résistance aux pipelines !
Maudit pétrole !
Je l’ai déjà écrit dans ces pages, la guerre commerciale qui nous attend met en lumière le prix de l’environnementalisme québécois.
Ce refus de toute exploration gazière, cette phobie des pipelines et des gazoducs.
Ce qui est clair surtout, c’est que Pierre Poilievre n’entend pas se laisser intimider par ce consensus québécois.
Au contraire, il voit dans l’impact dévastateur des tarifs douaniers de Donald Trump la preuve ultime qu’il est temps de braver la tempête politique et de diversifier les marchés canadiens.
-« Nous dépendons des Américains à cause des libéraux et des « gauchistes » radicaux qui ne veulent rien avoir à faire avec le développement économique. J’autoriserai la construction d’usines de gaz naturel, de gazoducs, d’oléoducs et d’autres projets sans subventions de l’État pour pouvoir exporter notre énergie dans le monde entier », a-t-il soutenu jeudi. Bienvenue, le fantôme d’Énergie Est ! Bonjour, le spectre d’un port près de la nurserie des bélugas à Cacouna. Bonjour, le risque de contamination de dizaines de cours d’eau dans la grande région de Montréal. Bonjour, la menace pour l’eau potable de Montréal en cas de fuite.
Maudites juridictions fédérales-provinciales !
Jusqu’à présent, le gouvernement Legault a préféré rester discret sur le dossier.
Le dilemme est réel entre les libéraux centralisateurs et la promesse d’autonomie en cas de gouvernement Poilievre.
Denis Coderre a coupé la poire en deux. L’acceptabilité sociale d’un projet doit être régionale, dit-il. Alors oui à GNL Québec, non à un pipeline qui traverse la région de Montréal.
Mais dans la mesure où un pipeline qui traverse plusieurs provinces est de compétence strictement fédérale, un gouvernement Poilievre aurait tout le pouvoir pour imposer un pipeline au Québec.
On souhaiterait que le projet soit moins controversé et mieux monté que celui d’Énergie Est.
Mais il faut voir les réactions au vitriol du débat de l’époque pour comprendre comment un chef du Parti québécois en tête des intentions de vote, ou encore un premier ministre indépendantiste à la veille d’un référendum, se réapproprierait le débat autour d’un nouveau projet de pipeline qui traverserait le Québec jusqu’à l’Atlantique.
Entre ras-le-bol du Canada anglais et élan d’affirmation nationale, le Parti québécois pourrait bien trouver ses conditions gagnantes.
Qui aurait pensé que Donald Trump se révélerait être un allié potentiel du mouvement indépendantiste ?