voici pourquoi la série sud-coréenne cartonne dans le monde entier

voici pourquoi la série sud-coréenne cartonne dans le monde entier
voici pourquoi la série sud-coréenne cartonne dans le monde entier

Selon les estimations de Bloomberg, toujours réalisées en 2021, Jeu de calmar a généré des retombées financières de près de 900 millions de dollars. Un chiffre qui a depuis été largement dépassé, notamment avec le tumulte autour de l’arrivée de la deuxième saison.

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Gladiateurs des temps modernes

Qu’est-ce qui explique un tel succès ? En grande partie, notre fascination – perverse, il faut l’avouer – pour les jeux macabres. Le spectacle et la violence – et l’excitation qui en découle – constituent le moteur de Jeu de calmar. Le programme fonctionne sur la base de mécanismes bien connus qui rappellent le sort des gladiateurs. Ces derniers luttent pour survivre dans l’espoir, à terme, d’être émancipés et donc libres. Dans la série sud-coréenne, les gladiateurs sont remplacés par des gens ruinés, endettés jusqu’au cou et désespérés, qui n’ont d’autre solution que de s’affronter dans des jeux meurtriers pour tenter de remporter un énorme chèque, synonyme de nouvelle vie. En quelque sorte retrouver la liberté en se libérant de ses dettes. C’est une thématique bien ancrée dans la période que nous connaissons aujourd’hui : celle de la précarité, avec nos sociétés dans lesquelles l’écart entre pauvres et très riches ne cesse de se creuser.

Il ne sert à rien de revenir sur le succès des films dédiés aux gladiateurs, Gladiateur 2 de Ridley Scott, sorti récemment, en témoigne. Tout comme l’histoire de Spartacus, qui traverse les siècles.

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Crime : la recette gagnante

La violence et la mort en spectacle ne sont pas nouvelles et ont toujours fasciné les hommes. Il suffit de voir aujourd’hui le succès des émissions télévisées consacrées aux grandes affaires criminelles et autres faits divers sanglants, comme Faites venir l’accusateuretc. Même constat pour les films et séries qui deviennent innombrables. Certains l’ont bien compris. C’est le cas de RTL qui, en Belgique, a lancé mi-novembre une chaîne de télévision, RTL District, «pour les amateurs de sensations fortes et d’enquêtes criminelles”. Il est exclusivement consacré aux questions de justice et aux grandes affaires pénales.

On peut aussi penser au succès phénoménal des livres du criminologue et médecin légiste belge Philippe Boxho. Écrites sur papier, ses récits de meurtres et de morts le propulsent en tête des ventes, devant les grands noms de l’édition. Il est vrai qu’il n’a pas son pareil lorsqu’il s’agit de leur dire, tant verbalement que par écrit.

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Il n’est donc pas surprenant que Jeu de calmar rencontre son public. En revanche, ce qui était surprenant, c’est qu’il provienne d’une série sud-coréenne. Ce n’est pas à proprement parler le genre de cinéma ou de télévision qui est populaire auprès du grand public, du moins dans les pays dits occidentaux comme le nôtre. C’est oublier la stratégie politique qu’a imaginée la Corée du Sud pour se redresser économiquement après la crise des années 90, qui a durement frappé l’Asie, et la volonté de Séoul de se tailler une place sur la scène internationale.

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Le soft power, redoutable arme politique coréenne

Après avoir traversé la crise asiatique des années 90 et avec comme voisins gigantesques la Chine et le Japon, la Corée du Sud – la Corée du Nord, c’est une autre histoire – a élaboré un plan pour retrouver des couleurs économiques et ne pas se laisser écraser. On appelle cela du soft power et il repose sur sept piliers, comme tant d’ambassadeurs coréens : les technologies, la gastronomie, le lifestyle (pensez beauté et K-Beauty), la langue coréenne, mais aussi la culture, à travers la musique, le cinéma et… les séries.

Faut-il revenir à la K-pop, le phénomène musical qui a rempli les stades ? En 2019, BTS, le boys band phare du mouvement, s’est produit dans deux salles du Stade de à guichets fermés. C’est énorme pour un groupe qui chante exclusivement en coréen ! Ce n’est pas le seul groupe musical dont on parle. On pense aussi à son homologue féminin Blackpink. Ou, en remontant plus loin dans le temps, au succès inattendu et vertigineux de Psy avec son « Gangnam Style ».

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Si le cinéma n’a pas encore connu ici le même succès populaire, la vague coréenne, appelée Hallyu, commence également à déferler sur nos contrées. Les films sud-coréens se multiplient et remportent des prix prestigieux. Parasitede Bong Joon-Ho, Palme d’or à Cannes en 2019, une première pour un long métrage coréen, a également remporté l’année suivante l’Oscar du meilleur film – premier film non anglophone à réussir cet exploit. Egalement lauréat des statuettes du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original et du meilleur film international, Parasite ouvre les portes du cinéma coréen au grand public.

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Et qu’en est-il des séries sud-coréennes ? Si Jeu de calmar constitue un cas un peu particulier, la vague de ce que l’on appelle les K-Dramas, autrement dit les feuilletons « made in Korea », est une réalité. Et c’est Netflix qui lui a ouvert les portes des pays occidentaux. La plateforme a acquis de tels programmes alors que les productions sud-coréennes étaient interdites de diffusion en Chine (comme la K-pop et d’autres produits culturels) où elles étaient très populaires. La faute aux tensions entre Séoul et Pékin liées, entre autres, à l’installation de systèmes anti-missiles américains sur le territoire sud-coréen au milieu des années 2010. Il suffit de jeter un œil au catalogue proposé par la plateforme de streaming pour mesurer combien de ces séries sont présentes. Et Netflix n’est pas le seul à avoir succombé à la tentation. Qu’il s’agisse d’Apple + ou d’Amazon Prime Video et d’autres sociétés de vidéo à la demande (VOD), on les trouve partout. C’est ainsi que le public occidental, pas forcément accro aux codes des productions asiatiques, s’imprègne progressivement de la culture coréenne.

 
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