Après La sorcière, Le phare et Le Nordistele talentueux réalisateur Robert Eggers apporte aujourd’hui sa touche atypique au remake d’un classique de l’horreur plus que centenaire, Nosferatu le vampire Friedrich Wilhelm Murnau.
Comme à son habitude, le cinéaste américain nous propose une proposition radicale, visuellement bluffante et terriblement captivante. Voici la critique du film, garantie sans spoilers.
L’histoire du film
En Allemagne de 1838, l’obsession entre une jeune femme hantée, Ellen Hutter, et l’ancien vampire de Transylvanie qui la traque, le comte Orlok, va conduire à une horreur indescriptible.
Notre avis
Sorti en 1922, le Nosferatu de FW Murnau est l’un des premiers chefs-d’œuvre du cinéma et de l’expressionnisme allemand (comme Métropole un toi Cabinet du Docteur Caligari). Cette adaptation non autorisée du roman Dracula de Bram Stoker (la production sera également captée par la patrouille) a également su créer des images iconiques, encore vives dans l’imaginaire collectif.
Robert Eggers, auréolé de la réputation d’un cinéaste à l’univers sombre et esthétiquement audacieux, s’empare désormais de ce monument pour en proposer une réinterprétation à la fois moderne et respectueuse de l’œuvre originale. Un remake d’une beauté folle, qui s’impose comme l’une des grandes claque cinématographique de cette fin d’année 2024.
Les connaisseurs du célèbre vampire ne seront pas perdus avec cette nouvelle adaptation, puisque le Nosferatu d’Eggers est fidèle à l’histoire originale. On retrouve ainsi le jeune Thomas Hutter (Nicholas Hoult) envoyé par son employeur en Transylvanie pour conclure un accord avec le mystérieux Comte Orlok. Il laisse sa femme Ellen en Allemagne, mais elle semble être sous l’étrange influence d’Orlok.
Simple outil narratif dans le film de Murnau, le personnage d’Ellen se retrouve ici au centre de l’intrigue et de ses thèmes : la prison sociale, le désir refoulé, l’animalité latente de l’homme… En modifiant légèrement le point de vue, la version d’Eggers révèle toute sa richesse et sa pertinence, offrant au passage à Lily-Rose Depp un golden score. L’actrice franco-américaine, habitée et étonnante, retrouve ici le grand rôle de sa (courte) carrière.
Loin de simplement adapter une histoire centenaire, Eggers transcende son matériau original tant dans le fond que dans la forme. Le film manie ses références avec soin, convoquant l’esthétique du cinéma muet, l’expressionnisme allemand et l’œuvre de Murnau (de Faust a Aube) à travers une multitude de flashs visuels vertigineux.
D’une gigantesque main noire plaçant son ombre sur une ville entière à Thomas perdu dans une forêt sombre et enneigée, en passant par les apparitions spectrales et cauchemardesques de la créature et la désaturation de l’image rappelant le noir et blanc originel, Nosferatu est tout simplement l’un des plus beaux films de 2024.
A partir de ces mots on pourrait imaginer que Nosferatu n’est qu’une proposition visuelle, détachée de toute considération pour ses spectateurs. Ce n’est pas le cas. Où Le phare pourrait paraître pompeux, Nosferatu remplit son rôle de film d’horreur terrifiant et efficace, qui vous fera sursauter plus d’une fois.
Le long-métrage est bel et bien le conte horrifique attendu. Il manie ainsi ses effets avec soin et diffuse intelligemment sa mythologie et son folklore effrayant. Surtout, la terreur qui entoure Orlok est magnifiquement entretenue et chaque apparition du personnage glace le sang.
Nosferatu est cependant loin d’être irréprochable. Car si la proposition d’Eggers entre hommage visuel, respect de la mythologie et relecture moderne fonctionne pour l’essentiel, le film échoue malheureusement dans sa dernière partie, où une tension si joliment construite s’effondre un peu. La dernière demi-heure, trop programmatique et redondante, casse ainsi un peu notre enthousiasme.
Néanmoins, malgré ce dernier acte et un récit qui aurait mérité d’être resserré, Nosferatu reste une formidable réussite et l’un de nos derniers coups de cœur de l’année cinéma 2024. A ne pas manquer au cinéma.
Nosferatu sort en salles le 25 décembre 2024.