Accompagné de vents soufflant à près de 226 km/h, le cyclone Chido a frappé samedi l’île de Mayotte. Un événement qualifié d’exceptionnel et comparable au cyclone historique qui a dévasté l’île en février 1934. La présence d’eaux plus chaudes que la normale à la surface de l’océan a joué un rôle important.
La saison des cyclones commence officiellement le 15 novembre et se termine le 30 avril sur le sud-ouest de l’océan Indien. Il y a en moyenne 10 événements par an.
La surveillance du cyclone débute le 5 décembre avec l’apparition d’une zone perturbée au milieu de l’océan Indien. Immédiatement repéré par le Centre Météorologique Régional Spécialisé de La Réunion (CMRS), le système est devenu une dépression tropicale le 9 décembre à 4h12 UTC, puis une tempête tropicale modérée à forte le lendemain. On lui donne alors le nom de Chido.
Poursuivant sa route vers l’est, Chido a fait l’objet des premières alertes le 10 décembre et est devenu un cyclone tropical intense le lendemain à 18 heures UTC, ce qui équivaut à un ouragan de catégorie 3 sur l’échelle. par Saffir-Simpson. Dans la soirée et la nuit, il s’est abattu sur l’archipel d’Agaléga, détruisant la plupart des maisons et des écoles et obligeant les habitants à se réfugier dans l’aéroport fraîchement rénové.
Des rafales de plus de 220 km/h et de nombreuses victimes
Passant rapidement en catégorie 4, il se dirige ensuite vers le nord de Madagascar, qui fait également l’objet d’alertes pour la province d’Antsiranana, les Comores et Mayotte. Passé ce maximum, le Chido perd sensiblement de sa puissance en passant à une centaine de kilomètres au sud des îles Farquhar.
Le 13 décembre, entre 6h et 12h UTC, il est passé à 50 km à l’est du Cap d’Ambre, qui marque l’extrême nord de Madagascar, avec des vents de près de 185 km/h. Mayotte et les Comores sont alors placées en alerte rouge puis violette.
Le 14 décembre vers 16 heures UTC, il s’est approché des îles, dépassant en intensité le cyclone Kamisy de 1984. À Mayotte, des pluies et des rafales, allant jusqu’à 220 km/h, ont causé d’importants dégâts, privant les 320 000 habitants d’eau courante et plus de 15 000 foyers sans électricité. Les pertes humaines sont particulièrement élevées. Il faut remonter à 1934 pour trouver un événement comparable.
Aux Comores, le Chido touche les îles d’Anjouan, Mohéli et la Grande Comore. A Anjouan, cinq maisons ont été détruites, de nombreux bâtiments ont également été endommagés. En Grande Comore, 11 pêcheurs sont portés disparus en mer, selon la Direction générale de la sécurité civile (DGSC).
Bénéficiant de la présence d’eaux chaudes dans le canal du Mozambique, le Chido s’intensifie ensuite à nouveau et se dirige vers les côtes africaines, où des alertes cycloniques sont émises.
Le 15 à 4h15 UTC, il a frappé le Mozambique à environ 35 km au sud de la ville portuaire de Pemba, dans la province de Cabo Delgado. Un vent soutenu pendant 10 minutes à 205 km/h est encore mesuré à ce stade. Le cyclone s’enfonce finalement vers l’intérieur des terres et perd de sa puissance le lendemain.
Conditions favorables à l’activité cyclonique dans l’Océan Indien depuis plusieurs semaines
Le nombre et l’intensité des cyclones tropicaux entre Madagascar et le Mozambique dépendent largement de la température de la mer. Depuis plusieurs mois, cette dernière est anormalement élevée à proximité de l’archipel des Chagos, situé en plein centre de l’océan Indien subtropical, ce qui favorise la formation de cyclones. L’activité a même démarré assez tôt cette année avec l’éclosion de trois systèmes tropicaux entre août et novembre.
Un autre facteur non négligeable est l’absence de phénomènes de cisaillement dans le sud-ouest de l’océan Indien (changements de force et de direction du vent à différentes altitudes), susceptibles de perturber la circulation des courants au sein des cyclones.
Notons enfin que la trajectoire des cyclones est assez variable d’une année à l’autre dans cette région du monde mais qu’il est souvent passé au sud de Mayotte ces dernières années (voir ci-dessous). Cela peut aussi être assez erratique, à l’image des événements de Hyacinthe, qui a fait au moins trois boucles sur lui-même en janvier 1980, revenant à trois reprises à La Réunion.
Selon les projections réalisées par MétéoFrance en octobre, la prochaine saison cyclonique devrait être plus intense que la normale, avec 9 à 13 tempêtes ou cyclones attendus dans le sud-ouest de l’océan Indien.
Le plus souvent, les cyclones se forment au sud de l’équateur, loin des terres habitées, et se déplacent vers l’est, en direction de Madagascar et de la côte africaine. Dans cette région du monde, le suivi des événements est assuré par le Centre Météorologique Régional spécialisé dans les cyclones de la Réunion (CMRS), LE Services météorologiques de Maurice et le Centre commun d’alerte aux typhons (JTWC) Japonais.
Philippe Jeanneret
