Ébranlés par l’épisode de violence d’un détenu envers un employé de la prison de Sorel-Tracy, plusieurs agents correctionnels ont l’impression d’être au coeur du champ de bataille sans avoir la protection de Québec et d’Ottawa. « On est envoyé au front avec le strict minimum », déplore un agent expérimenté.
C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour plusieurs : un agent des services correctionnels (ASC) du centre de détention de Sorel-Tracy a été agressé par un détenu au début du mois de décembre. Il pourrait perdre la vue suite à cette attaque qui le rendrait méconnaissable.
Les 12 surveillants pénitentiaires qui se sont confiés La presse étaient encore consternés, quelques jours après l’incident. Ils travaillent tous dans des établissements provinciaux et ne peuvent s’exprimer ouvertement sans mettre leur emploi en péril.
L’agent blessé est intervenu seul au moment de l’incident, rappelant le manque criant de personnel dans les prisons, souligne l’un d’eux.
Il envisage de changer de métier.
Je ne vois pas de vision du gouvernement du Québec pour le milieu carcéral. Notre système est incapable de gérer les criminels d’aujourd’hui et leurs moyens technologiques. Il n’y a aucune écoute de nos demandes, aucune considération pour notre santé mentale et physique.
Un agent correctionnel, sous couvert d’anonymat
«Ça aurait très bien pu être moi, l’agent battu», confie un collègue, qui regrette son choix de carrière. Je pensais qu’avec le -, nous aurions plus de ressources. Rien de moins. »
Les agressions et intimidations de détenus contre les ASC sont devenues monnaie courante et s’intensifient, estime un autre. « Le manque de personnel met en péril la sécurité. Mais s’il y a un manque de personnel, c’est parce que nous ne sommes pas écoutés, valorisés ou protégés. »
Les ASC du Québec ne portent pas de veste « anti-spike » et n’ont pas de gaz poivré à la ceinture, comme dans les pénitenciers fédéraux. Cependant, les armes artisanales fabriquées par les accusés abondent. Du gaz poivré est stocké dans un secteur de la prison : peu pratique lorsqu’un employé fait face à un détenu violent et imprévisible.
« Une paire de menottes pour quatre agents, pas de formation continue. C’est déplorable», déclare un agent.
Il est devenu courant qu’un agent provincial effectue seul des patrouilles de jour. « J’en fais au moins deux par jour. Je suis seul, sans poivre de Cayenne sur moi. Ma seule protection est ma radio pour appeler sauvegardesi je peux le faire », poursuit l’agent.
Pourquoi ne fournissons-nous pas davantage d’équipements de protection aux agents ? « On nous dit toutes sortes de choses, mais je pense que c’est vraiment une question de coût. Personne ne veut payer pour cela, car les citoyens qui votent ne voient pas ce qui se passe à l’intérieur. Notre sécurité coûte trop cher. »
Détenus dangereux, climat nocif
Trois agents nous ont indiqué avoir été menacés par des détenus membres d’organisations criminelles influentes. «Ils m’ont crié mon adresse et les noms de mes enfants», explique l’un d’eux.
Ils ne se sont pas sentis écoutés par leurs supérieurs lorsqu’ils ont abordé le problème, malgré le potentiel d’escalade de la violence.
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Parmi les agents, il y a un ras-le-bol général des « discours vides » des gouvernements, des managers « déconnectés », mais aussi de la machine syndicale.
Nos syndicats n’ont aucun pouvoir réel et nos managers n’ont jamais pris de décision. changement sur le sol de leur vie.
Un agent correctionnel, sous couvert d’anonymat
Au Ministère de la Sécurité Publique (MSP), nous estimons la fourniture du matériel nécessaire sur la base d’une analyse des risques.
« Depuis plus d’un an, le MSP est en discussion avec le syndicat des agents de la paix en services correctionnels pour s’entendre sur le meilleur choix de gilet pare-balles à utiliser lors de déplacements à l’extérieur des établissements. Le syndicat n’a pas choisi les vestes Peak Guard pour des raisons de confort et a convenu avec le MSP de tester des vestes traditionnelles avec possibilité d’insérer une plaque Peak Guard », répond le MSP.
On ajoute que le syndicat n’a jamais fait de demande au MSP pour que les agents des services correctionnels en portent dans le passé. « Une demande du syndicat a été transmise à l’employeur en date du 12 décembre 2024 en ce sens. »
Prisons et pénitenciers
LE prisons provincialescomme ceux de Bordeaux et de Rivière-des-Prairies, logent des détenus qui ont écopé de peines de deux ans moins un jour, et de moins. Ils hébergent également des accusés en attente de jugement, notamment des individus accusés de meurtre avec préméditation, qui risquent la prison à vie.
LE pénitenciers qui relèvent de la compétence fédérale, comme l’établissement Donnacona, accueillent les criminels qui doivent purger une peine de deux ans ou plus, y compris les meurtriers condamnés à la prison à vie.