Stefan Mächler, CIO de Swiss Life, indique que la sortie du Credit Suisse représentait une opportunité dans la gestion indicielle.
Sous la direction de Stefan Mächler, la division de gestion d’actifs de Swiss Life Asset Managers a considérablement évolué au cours des dix dernières années, y compris les activités pour le compte de clients tiers ainsi que les investissements dans des actifs réels tels que l’immobilier et les infrastructures. Swiss Life est ainsi devenue un acteur majeur de la gestion de fortune sur le marché. Le cours de l’action Swiss Life a augmenté cette année d’environ 18%, de sorte que la valeur boursière du groupe s’élève à environ 20 milliards de francs.
Swiss Life Asset Managers gérait un actif total de 262 milliards de francs à fin juin 2024, dont 117 milliards pour le compte de clients tiers, et fait partie du top 3 des gestionnaires institutionnels en Suisse, tout en bénéficiant d’une forte présence en Europe. Stefan Mächler, qui remettra le 1er janvier son mandat de Group CIO à Per Erikson.est avril 2025 et prendra sa retraite fin mars prochain, aborde divers aspects importants avec Allnews.
Pourquoi la hausse des actifs immobiliers est-elle forte ?
Tous ces ingrédients ont notamment permis d’augmenter en dix ans, soit de 2014 à 2024, de 32 à 88 milliards de francs les actifs immobiliers au bilan du groupe, au bilan de la société de gestion de fortune et pour le compte de tiers. clients du parti.
Quelle est la structure actuelle des investissements en capital de Swiss Life?
La répartition des actifs au bilan de Swiss Life n’a pas fondamentalement changé ces dernières années, en raison de la gestion actif-passif (ALM). Avec une part pour compte propre, à fin 2023, de 50% des placements obligataires, 28% des placements immobiliers, 8% des actions et fonds de placement en actions, 10% des prêts et emprunts hypothécaires, 3% des placements alternatifs dont 98 % pour les infrastructures et 2 % pour le capital-investissement, et 1 % pour les liquidités et autres.
Que pensez-vous des marchés boursiers en particulier ?
Nous sommes neutres ; notre exposition nette est de 4% à 4,5% via la gestion indicielle ; nous n’effectuons pas de sélection de titres. La valorisation des actions américaines est élevée, bien supérieure à celle des marchés européens et émergents.
La croissance des bénéfices des entreprises reste bonne. En outre, le potentiel de baisse des taux d’intérêt n’a pas été épuisé. Mais les risques ne sont pas moindres : la Bourse américaine, en premier lieu les « Magnificent Seven » (ndlr : Alphabet, Amazon, Apple, Meta Platforms, Microsoft, Nvidia, Tesla), ainsi que la situation géopolitique.
L’interaction de l’immobilier avec les infrastructures via l’énergie présente un grand potentiel en Europe, notamment en Suisse, en Allemagne et en France.
Qu’en est-il des investissements obligataires ?
Les conditions actuelles permettent de réinvestir avec de meilleurs rendements. Nous restons relativement positifs à l’égard des obligations d’État, qui permettent de couvrir l’inflation sans autre chose. En revanche, les obligations d’entreprises nous semblent chères ; leurs spreads (ndlr : différences de taux) se sont rétrécis. Concernant les obligations euro, notre exposition à la dette française reste limitée et nous n’avons pas de réelles craintes à ce sujet.
Quel potentiel voyez-vous encore dans l’immobilier, qui semble aujourd’hui très valorisé ?
L’interaction de l’immobilier avec les infrastructures via l’énergie présente un grand potentiel en Europe, notamment en Suisse, en Allemagne et en France. Une gestion efficace de l’énergie et une réduction des émissions de CO2 des bâtiments les revalorisent.
En Allemagne par exemple, seulement 20 % des bâtiments respectent les normes de développement durable. Réaliser une décabornisation du patrimoine et des sites immobiliers, avec des solutions énergétiques intégrées, réévalue ces actifs.
Nous avons désormais des projets de développement d’une valeur de 10 milliards de francs dans ces domaines, dont 6,5 milliards pour notre propre compte, 1,0 milliard pour le compte de clients tiers et 2,5 milliards au bilan de Swiss Life Asset Managers. Sur ces 2,5 milliards, par exemple, 50 % concernent le segment de la logistique, 25 % les bureaux, 20 % l’immobilier résidentiel et 5 % le commerce de détail.
Quelle est la stratégie de Swiss Life Asset Managers ?
Nous misons sur la croissance organique, mais sans exclure des acquisitions complémentaires. A condition que ceux-ci accélèrent notre croissance organique. En valeurs mobilières, nous nous concentrons sur les investissements mondiaux pour les clients européens. Dans l’immobilier, nous réalisons des investissements européens pour le compte de clients du monde entier.
Entretenir des relations clients étroites est une priorité clé pour Swiss Life Asset Managers qui souhaite devenir un gestionnaire d’actifs européen de premier plan avec l’ambition d’une croissance continue.
Par ailleurs, Swiss Life Asset Managers joue un rôle clé dans la gestion du bilan du groupe. Il faut en effet procéder à une gestion actif-passif qui soit précise et efficace. Et qui assure des revenus récurrents pour couvrir nos engagements, tout en protégeant nos actifs de l’inflation et des chocs extérieurs.
Swiss Life dispose aujourd’hui d’actifs à son bilan qui génèrent de solides marges de revenus et d’intérêts, ainsi qu’une efficacité élevée du capital, au profit des assurés et des actionnaires.
Les investissements que nous effectuons dans ce domaine doivent fournir des revenus stables, comme des actifs immobiliers, des obligations ou des dividendes de sociétés suisses cotées.
Swiss Life Asset Managers bénéficie-t-il d’un avantage durable dans un secteur hautement concurrentiel ?
Je pense que nous avons en fait quelques atouts qui nous distinguent. Une force est d’aligner nos propres intérêts avec ceux de nos clients, d’appliquer les propositions d’investissement que nous faisons à nos clients à nos investissements en capital pour le compte des assurés.
Un autre objectif est de pouvoir offrir aux clients de Swiss Life Asset Managers un accès unique à des opportunités d’investissement, qu’il s’agisse de transactions à grande échelle dans l’immobilier et les infrastructures, ainsi que de spécialités ou de niches intéressantes. Nous souhaitons exploiter davantage notre plateforme immobilière pour une croissance durable.
Quelle est votre approche des infrastructures ?
Créée en 2011, la plateforme d’infrastructure Swiss Life Asset Managers identifie, acquiert et gère activement, à travers ses fonds, des investissements dans des actifs et des entreprises d’infrastructure (entre autres les sociétés suisses Condecta et Wascosa) dans les pays de l’OCDE pour nos clients d’assurance et nos des clients tiers, avec un horizon à long terme. Les investissements que nous effectuons dans ce domaine doivent fournir des revenus stables, comme des actifs immobiliers, des obligations ou des dividendes de sociétés suisses cotées.
Quelles sont les niches ou spécialités que vous évoquez ?
Fournir aux clients un accès unique à des investissements spécialisés et sur mesure sur le marché immobilier, notamment dans les domaines des soins de santé, du self-stockage et du camping. En mettant en avant une forte implantation locale et une expertise approfondie.
Swiss Life Asset Managers s’est lancé dans la gestion indicielle début 2024 pour le compte de clients tiers sur le marché suisse. C’est pourtant un secteur très compétitif…
La gestion des indices était déjà réalisée pour compte propre. Le Credit Suisse, l’UBS et Swisscanto se partageaient environ 70% du marché suisse de la gestion indicielle avant la chute du Credit Suisse et son rachat par l’UBS. Nous avions l’idée qu’une partie des clients du Credit Suisse irait ailleurs. C’est pourquoi nous avons voulu saisir cette opportunité et avons ainsi pu réaliser, en un an, un actif sous gestion de 12 milliards de francs dans les affaires pour compte de tiers.
Cette décision permet à Swiss Life Asset Managers de disposer d’une gamme complète de solutions d’investissement en valeurs mobilières, en actifs immobiliers et en infrastructures. Le marché de la gestion indicielle est toujours en croissance. Cependant, nous devons être très rentables.
L’augmentation des avoirs sous gestion pour compte de tiers s’est accrue de manière rentable et continue au cours des dix dernières années. À quoi attribuez-vous ce succès ?
Swiss Life a su mettre en œuvre sa vision de manière déterminée et décisive dans des moments plus difficiles, notamment en matière de placements de capitaux, tant pour le compte de ses assurés que pour celui de clients tiers. La détermination du management, alliée à une recherche d’excellente qualité, sous la houlette de Marc Brütsch, économiste en chef, a permis de saisir des opportunités, alors que les concurrents hésitaient dans des contextes économiques et de taux plus délicats.
En revanche, les équipes de la filiale Swiss Life Asset Managers ont fait preuve d’une exécution de premier ordre. Nous disposons d’une très bonne équipe dans ce domaine, certes avec des tempéraments différents, mais bien équilibrée au regard des risques et des opportunités qu’offrent les marchés.