Montceau-les-Mines. Réfugiés syriens en , ils n’ont aucune nouvelle de leur père

Montceau-les-Mines. Réfugiés syriens en , ils n’ont aucune nouvelle de leur père
Montceau-les-Mines. Réfugiés syriens en France, ils n’ont aucune nouvelle de leur père

Pour raconter leur histoire, ils s’assoient côte à côte. Le cadet Abd al Rahman arrive du Creusot où il vient de suivre un cours de français. L’aîné, Mohamed, commence à raconter l’histoire. Toute la famille est originaire de Daraa, dans le sud-ouest du pays. « Notre père était chauffeur de taxi. Le 10 octobre 2012, il est arrêté à Damas. » Quand on leur demande la raison, la réponse arrive vite. « Il n’y en avait pas. » Ils se retrouvent seuls, enfants, avec leur mère et leurs deux sœurs. Et sera soumis à ce que Mohamed qualifie de « torture psychologique ».

Peur

« Un homme nous a appelé pour nous demander de payer l’équivalent de 100 000 €. Nous n’avions pas ce montant. Il nous a dit « si vous payez une partie, vous recevrez une partie du corps de votre père ». » Ils ont réussi à récolter quelques milliers d’euros. Mais leur père n’a pas été libéré. Ils vivent quotidiennement dans la peur. « La milice d’Assad arrivait. J’ai cassé la porte. Et il cherchait des armes. » En vain.

Vol vers la Jordanie

En 2013, leur mère décide de fuir vers la Jordanie voisine. Cinq ans plus tard, dans le camp de réfugiés où ils sont installés, un ancien prisonnier syrien, qui travaillait avec leur père, leur adresse un message : « Ne cherchez plus de nouvelles. Oublie-moi. » Chaque nouvelle approche aboutissait, selon le témoin, à de nouvelles séances de torture. En 2021, ils apprennent qu’il est détenu à la prison de Saydnaya. Sans savoir s’il est encore en vie. En novembre 2023, juste avant d’obtenir le feu vert de l’Office français de protection des réfugiés pour venir en , une photo leur parvient. Une photo prise dans un hôpital militaire sur laquelle on voit un homme émacié. Ils sont sûrs qu’il s’agit d’Anas Al Karad, leur père. «Maman s’est évanouie quand elle l’a vu. »

“Il est certainement mort”

Ce sera la dernière « preuve de vie » qu’ils collecteront. Aujourd’hui, leur pays est libéré. Les portes de la prison de Saydnaya se sont ouvertes. Mais leur père n’est pas sorti. « Il est certainement mort, mais nous ne le savons pas. » Une incertitude qui s’ajoute à cette colère contre un régime qui « a volé leur père, leur vie ». Envisagent-ils aujourd’hui de retourner dans leur pays d’origine ? Les souvenirs sont encore trop douloureux. Titulaires d’un titre de séjour de 10 ans, ils souhaitent se concentrer sur leur avenir. Continuer les cours de français et « fabriquer des meubles ». Sans jamais oublier celui avec qui ils n’ont pas grandi. Et qui aurait 48 ans aujourd’hui.

Locale
France

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV les agents des services de jeunesse et de divertissement en grève
NEXT La grotte Chauvet, chapelle Sixtine de la préhistoire, fête les trente ans de sa découverte