“J’ose le mot tabou : acquittement” : malgré l’émotion populaire, des vidéos apparemment accablantes, les banderilles de Dominique Pelicot et un réquisitoire sévère, les avocats des 5 nouveaux prévenus au procès pour viol de Mazan ont plaidé mercredi à Avignon pour l’acquittement.
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11 décembre 2024 – 18h44
(Keystone-ATS) En arpentant la salle d’audience où siège depuis le 2 septembre le tribunal correctionnel du Vaucluse (sud), Me Louis-Alain Lemaire a répété qu’il aurait « vivement souhaité un procès à huis clos, pour que les débats ne soient pas pollués par les “vox populi””, notamment ces manifestants qui “salissent les murs d’Avignon” en affichant des slogans comme “Vingt ans pour tous”, peine maximale encourue par les accusés.
L’avocat, qui défend quatre des cinquante hommes accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, préalablement sédatée par son désormais ex-mari Dominique à leur domicile de Mazan, reproche au procureur de la République des réquisitions “déraisonnables, incohérentes et surtout injustes”. .
« Quelle cohérence ? »
« Jacques C., contre qui un acte de pénétration ne peut être refusé : 10 ans d’emprisonnement. Romain V. (arrivé six fois), 18 ans, soit à peine deux ans de moins que Dominique Pelicot. Quelle cohérence ? Cendric V., 14 ans, Lionel R., 12 ans : quelles proportions ? », a tonné Me Lemaire.
Dominique Pelicot, qui plaide coupable, assure depuis son arrestation en novembre 2020 que tous les hommes venus à Mazan savaient parfaitement qu’il droguait sa femme à son insu, ce que la quasi-totalité conteste.
« Génie de la manipulation »
« Lui qui a pu tromper sa propre femme pendant 10 ans, n’aurait-il pas pu aussi manipuler ces hommes », en leur faisant avaler le scénario d’un « couple échangiste à la recherche d’un homme ? », demande Me Lemaire.
« Alors oui, dans la chambre, ils auraient dû faire preuve de discernement. Pour certains, ils l’ont eu assez vite, d’autres sont restés, voire sont revenus », soutient l’avocat, pour qui le « discernement » de ses clients avait été « aboli » par « ce génie de la manipulation qu’est Dominique Pelicot ».
Absence d’« intention criminelle »
Et de considérer qu’en l’absence d’« intention criminelle », le tribunal devra les acquitter.
Charly A., 30 ans, a également rendu visite à six reprises au couple Pélicot. “En sept minutes 38 secondes, nous avons balayé le dossier et imposé 16 ans”, a déploré son avocat, Christophe Huguenin-Virchau.
« La seule question qui mérite d’être posée : avait-il conscience qu’il commettait un viol, avait-il l’intention de commettre un viol ? », demande Me Huguenin-Virchau, répondant également par la négative. « Alors j’ose le mot tabou : acquittement. Et je vous demande de le prononcer.
C’est aussi « avec ferveur » que Me Caroline Beveraggi plaide l’acquittement de Patrice N., un électricien de 55 ans contre lequel 12 ans de prison ont été requis.
“La folie d’un homme”
« Alors voilà un autre imbécile qui commet un crime et accepte d’être filmé ? », lance l’avocat. Non, son client était « à mille lieues d’imaginer se trouver en présence du plus grand pervers de la décennie » et de réaliser que sa femme était droguée.
« Dans le scénario de Dominique Pelicot, un acte sexuel est immédiatement nécessaire pour que l’invité n’ait pas le - de constater l’inertie de Mme Pelicot. Et là, c’est filmé, c’est dans la boîte. Puis quand Patrice N. lui demande pourquoi elle ne se réveille pas et que Pélicot répond qu’il lui donne des médicaments, il lui dit « tu es gravement malade », il prend ses affaires et s’en va », raconte l’avocat.
« La contrainte n’est pas de sa faute, il l’ignorait totalement. Ce procès n’a pas sa place dans l’Histoire. “C’est la folie d’un seul homme”, a-t-elle ajouté.
Depuis le début des plaidoiries, les avocats de 28 accusés ont demandé l’acquittement de 15 qui ont plaidé coupable et de deux qui n’ont pas pris de décision claire. Les plaidoiries de la défense devraient se terminer vendredi. Le verdict est attendu le 19 ou le 20 décembre.