Après avoir présidé mercredi matin le dernier Conseil des ministres avec Michel Barnier, Emmanuel Macron devra désigner d’ici jeudi son successeur, qui pourrait être François Bayrou et aura pour tâche de négocier au moins un accord pour éviter la censure et d’adopter un budget. pour le 2025.
Toutefois, le nom du leader centriste fait l’objet de signaux contradictoires, notamment du fait de l’opposition de la droite.
Au lendemain d’une réunion inédite des dirigeants des partis hors LFI et RN autour du président de la République, Michel Barnier et son gouvernement se sont retrouvés pour la dernière fois mercredi matin à l’Elysée.
Ce Conseil des ministres, exceptionnel pour une équipe démissionnaire, a permis de présenter le projet de “loi spéciale” qui sera soumis au Parlement dans les prochains jours pour éviter la paralysie due au manque de budget après la censure.
“Il s’agit de garantir, à titre transitoire et exceptionnel, la continuité de la vie de la nation, le fonctionnement régulier des services publics et le respect de nos engagements financiers”, a résumé le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.
Après ce Conseil des ministres, la voie pour la nomination d’un nouveau premier ministre est désormais ouverte.
– accord de non-censure ? –
Mardi, devant les dirigeants des communistes, des socialistes, des écologistes, du camp présidentiel et des Républicains, Macron a promis de le désigner “sous 48 heures”. Il appartient au nouveau locataire de Matignon de négocier avec ces partis une participation au gouvernement, ou leur soutien à certains textes, dont le budget, voire, à tout le moins, un accord de « non-censure ». Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il constituera son équipe.
En Conseil des ministres, Emmanuel Macron a toutefois noté que la « base » des partis soutenant Michel Barnier, qui rassemble le camp présidentiel et la droite, ne peut être élargie « en l’état ».
La veille, il avait souligné auprès des partis “sa volonté de ne plus dissoudre l’Assemblée nationale” d’ici 2027. Et il avait constaté “une unanimité parmi les forces politiques pour ne plus dépendre de l’Assemblée nationale”.
La gauche continue d’exiger qu’un des siens soit nommé à Matignon et s’engage à ne pas utiliser le 49.3 pour faire voter des lois sans vote si, en échange, les opposants s’engagent à ne pas censurer.
“Un engagement déconcertant, un contournement de la Constitution”, a réagi Marine Le Pen (RN), “pas mécontente” d’être mise à l’écart. A ce stade, les Français ne semblent pas lui en vouloir si l’on en croit un sondage Ifop/Fudicial qui lui donne plus de 35% d’intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle.
– Faure e Sarkozy contro Bayrou –
Mais tous les responsables politiques suspendent leur décision au nom du nouveau premier ministre.
Le plus optimiste mardi soir était François Bayrou, qui s’est félicité d’une rencontre “positive et inattendue” qui pourrait déboucher sur un “accord de coopération démocratique”.
Son enthousiasme est-il une coïncidence ? Le président du MoDem semble conserver sa place parmi les favoris de Matignon, malgré l’hostilité de la droite à son égard de l’ancien président Nicolas Sarkozy.
Mais pour le socialiste Olivier Faure, le nouveau Premier ministre “ne peut pas être François Bayrou” qui incarnerait une “continuité” du macronisme.
Le socialiste est toutefois resté évasif sur l’attitude de son parti si Macron nommait le centriste.
“Il faudra ensuite discuter avec celui qui sera nommé”, a-t-il dit car, “quelle que soit la situation”, “il faut pouvoir faire des victoires pour les Français”.
De quoi alimenter le procès pour trahison déjà entamé par Jean-Luc Mélenchon.
« Pas d’accord de coalition ! Pas de « non-censure ». Revenez à vous-mêmes et rentrez chez vous ! », a lancé mardi soir le leader de l’Insoumi.
“Plus Jean-Luc Mélenchon crie, moins on l’entend”, a réagi Olivier Faure, accusant LFI de “fragiliser le collectif” par sa “politique de la chaise vide”.
S’il ne s’agit pas de François Bayrou, les noms des ministres Catherine Vautrin et Sébastien Lecornu circulent également dans le champ présidentiel.
De la fumée blanche mercredi soir ? Car Macron se rendra en Pologne jeudi, ce qui limite la fenêtre de reprise.
– une loi consensuelle spéciale –
Le nouveau Premier ministre aura pour tâche prioritaire de reprendre la difficile rédaction du budget 2025, laissée en suspens après l’adoption de la censure.
La « loi spéciale », présentée en Conseil des ministres, est en effet composée de seulement trois articles pour autoriser principalement le gouvernement à augmenter les impôts et à dépenser des crédits sur la base du Budget 2024.
Son adoption ne fait guère de doute après examen lundi à l’Assemblée nationale puis le 18 décembre au Sénat.
La gauche entend cependant le modifier pour que le barème de l’impôt sur le revenu soit bien indexé sur l’inflation, afin d’éviter qu’un grand nombre de Français voient leur pression fiscale s’alourdir.
Mais, dans « un avis très tranché » selon Laurent Saint-Martin, le Conseil d’Etat a estimé mardi que cette disposition n’a pas sa place dans une loi spéciale et doit donc être adoptée dans le cadre du budget 2025, avant le dépôt du budget. déclarations d’impôts. au printemps.
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