C’est au port de Nantes-Saint-Nazaire (Montoir-de-Bretagne) que l’on retrouve également certains des précieux méthaniers brise-glaces de Yamal, entretenus et réparés à Brest, chargés cette fois de gaz naturel liquéfié (GNL) russe. . Le port de la Loire serait même le deuxième importateur européen.
Un navire, un an de consommation pour Nantes
Parce qu’ils sont indispensables pour accéder et quitter Yamal et ses glaces arctiques, et parce qu’ils sont rares, lents et coûteux, ces brise-glaces doivent se débarrasser de leur cargaison au plus vite. Notamment en les transbordant sur des méthaniers classiques, plus adaptés et surtout plus rapides, qui livreront le gaz à leurs destinataires finaux lointains. Sur le parcours de ces brise-glaces, Saint-Nazaire est l’un des trois principaux ports européens à disposer d’infrastructures adéquates.
Combien de navires et quels volumes sont concernés ? Elengy, filiale d’Engie (dont l’État est actionnaire majoritaire) et exploitant du terminal méthanier de Nazaire, n’a pas souhaité répondre à cette question, invoquant la confidentialité de ces données.
Mais selon une analyse de l’ONG allemande Urgewald basée sur les données Kpler, et confiée à Télégramme, entre janvier 2022, juste avant l’attaque de l’Ukraine, et fin novembre 2024, 112 méthaniers Yamal (dont 50 en 2022) ont effectué des livraisons. ou des transbordements vers Saint-Nazaire. Une paille ? Chacun de ces brise-glace contient de quoi assurer la consommation domestique annuelle d’une agglomération comme celle de Nantes !
Coup dur pour le port dans trois mois ?
Mais encore une fois, tout est parfaitement légal. L’Europe n’a pas interdit les importations de gaz russe. Elle s’est pourtant engagée à se débarrasser de son addiction d’ici 2027 au plus tard… même si les experts ont calculé qu’elle aurait pu s’en passer depuis novembre 2023 !
Et l’étau se resserre. À partir de mars prochain, l’interdiction européenne du « transbordement » de GNL russe sur les navires dans les ports de l’UE entrera en vigueur. Un coup dur financier pour le terminal de Nazaire ? A cette question, Elengy indique simplement que les transbordements ne représentent que « 10 % de son activité ».
Selon l’analyse de l’ONG Urgewald, en moyenne, un méthanier Yamal sur quatre (25%) a accosté à Saint-Nazaire ces trois dernières années pour transborder sa cargaison de GNL sur un autre navire. En 2023, c’était près d’un sur deux (43 %).
Brest a pour l’instant échappé aux conséquences des sanctions européennes. « Il est possible que des mesures plus fermes visant le gaz russe et les navires qui le transportent soient prochainement adoptées », confirme un haut responsable français. « Si les règles changent, le port de Brest fera appliquer ces nouvelles règles », précise la Région Bretagne. L’Europe travaille actuellement sur un 15e paquet de sanctions visant la Russie.