(Beyrouth) Des rebelles menés par des islamistes radicaux ont annoncé avoir pénétré dimanche dans la capitale Damas après une fulgurante offensive en Syrie, qui, selon eux, a chassé le président Bachar al-Assad et mis fin à cinq décennies de règne du parti Baas.
Maher AL MOUNES avec Laure AL KHOURY à Beyrouth
Agence France-Presse
Les rebelles menés par des islamistes radicaux ont annoncé avoir pénétré dimanche dans la capitale Damas après une offensive fulgurante en Syrie, qui, selon eux, a chassé le président Bachar al-Assad et mis fin à cinq décennies de règne du parti Baas.
Des habitants de Damas ont déclaré à l’AFP avoir entendu des tirs nourris. “Le tyran Bachar al-Assad a fui” et “nous proclamons la ville de Damas libre”, ont annoncé les groupes rebelles dans des messages partagés sur l’application Telegram.
“Assad a quitté la Syrie via l’aéroport international de Damas avant que les membres des forces armées et de sécurité ne quittent les lieux”, a déclaré à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). ), Rami Abdel Rahmane.
L’AFP n’était pas dans l’immédiat en mesure de confirmer de Source officielle où se trouve le président qui a gouverné la Syrie d’une main de fer pendant vingt-quatre ans, réprimant dans le sang une rébellion en 2011 qui s’est transformée en guerre civile, l’une des plus violentes du monde. le 21ème siècle.
Depuis le début de leur offensive le 27 novembre dans le nord-ouest de la Syrie, les rebelles ont rapidement conquis plusieurs grandes villes clés, annonçant qu’ils visent Damas et veulent renverser le président syrien.
Ils ont lancé un appel « à rentrer libres en Syrie » aux Syriens déplacés à l’étranger par le conflit déclenché en 2011 avec la violente répression des manifestations pro-démocratie, qui a fait un demi-million de morts et divisé le pays en zones. d’influence, avec des belligérants soutenus par différentes puissances étrangères.
Dans une vidéo publiée sur son compte Facebook, le Premier ministre syrien Mohamed al-Jalali s’est dit prêt à coopérer avec tout nouveau « leadership » choisi par le peuple, précisant qu’il serait dans ses bureaux au siège de la République arabe syrienne le Dimanche matin. gouvernement pour toute procédure de « transfert » de pouvoir.
Fin d’une « ère sombre »
« Après 50 ans d’oppression sous [parti au] pouvoir du Baas, et 13 ans de crimes, de tyrannie et de déplacements, [depuis le début du soulèvement en 2011, NDLR] Aujourd’hui, nous annonçons la fin de cette ère sombre et le début d’une nouvelle ère pour la Syrie », ont ajouté les rebelles.
“Nos forces ont commencé à entrer dans Damas”, avait déclaré peu auparavant le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), à la tête d’une coalition de rebelles soutenue par la Turquie.
Le chef du HTS a appelé ses combattants à ne pas s’approcher des institutions publiques, précisant qu’elles restaient sous le contrôle du Premier ministre jusqu’à la « passation officielle »
Selon des sources de l’OSDH, l’ordre a été donné aux officiers et soldats des forces gouvernementales de se retirer de l’aéroport international de Damas.
Avant ce retrait, le président Bachar al-Assad avait pu quitter la Syrie via l’aéroport de Damas, selon l’ONG basée à Londres et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.
Les rebelles ont immédiatement annoncé avoir pris la prison de Sednaya à Damas, symbole des pires exactions commises par les forces du président Assad, et libéré les détenus de cet établissement.
Le Hezbollah libanais, soutien clé du pouvoir de Bachar al-Assad, a simultanément retiré ses forces de la périphérie de Damas et de la région de Homs, selon l’OSDH.
Le mouvement islamiste libanais « a demandé ces dernières heures à ses combattants de se retirer de la région de Homs, certains se dirigeant vers Lattaquié ». [côte ouest de la Syrie, NDLR] et d’autres vers la région du Hermel au Liban”, a indiqué l’ONG à l’AFP, précisant que “les combattants du Hezbollah avaient également quitté leurs positions autour de Damas”.
Des progrès spectaculaires
La coalition de groupes rebelles dirigée par HTS, groupe issu de l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, a réalisé une avancée particulièrement spectaculaire en une dizaine de jours, s’emparant des grandes villes d’Alep et Hama avant d’annoncer dans la nuit de mardi à mercredi avoir pris contrôle de Homs, la troisième ville du pays, et étant entré dans la capitale Damas.
Elle a notamment profité du retrait des forces gouvernementales de plusieurs régions face à l’offensive qu’elle a lancée à la surprise générale le 27 novembre depuis la province d’Idlib, son fief au nord-ouest de la Syrie, malgré des raids. des opérations aériennes menées avec l’allié du régime, la Russie, et des opérations terrestres contre les secteurs insurgés.
Au sud de la capitale, près de la frontière jordanienne, les troupes gouvernementales ont également perdu le contrôle de la ville de Daraa, berceau du soulèvement de 2011, au profit des forces locales, selon l’OSDH.
Sur un autre front, dans la province de Deir Ezzor (est), les forces gouvernementales se sont retirées des territoires sous leur contrôle et les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes y sont déployées.
Avec le soutien militaire de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah, le pouvoir dirigé par M. Assad a reconquis en 2015 une grande partie du pays et en 2016 la totalité d’Alep, dont la partie orientale a été placée en garde à vue. 2012 par les rebelles.
Un cessez-le-feu établi en 2020, parrainé par Ankara et Moscou, avait ramené un calme précaire dans le nord-ouest.