Concert à Genève –
Luigi Nono et Klaus Huber, cent ans de jeunesse avec Contrechamps
L’ensemble genevois célèbre les deux grandes figures de la création musicale du XXe sièclee siècle.
Publié aujourd’hui à 18h23
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- Luigi Nono est reconnu pour ses explorations des langages musicaux électroniques.
- L’ensemble Contrechamps rend hommage à Luigi Nono et Klaus Huber à Genève.
- Heinz Holliger devait diriger l’orchestre, mais Emilio Pomarico le remplacera pour le concert.
Parmi les personnalités marquantes du XXe sièclee siècle, parmi les noms liés depuis les années 1950 aux explorations de nouveaux langages musicaux, Luigi Nono a des allures de totem, une figure à la fois tutélaire et intimidante. Très vite, alors qu’il rejoint le célèbre cercle de l’Université internationale d’été des musiques nouvelles, à Darmstadt, il affiche des orientations profilées, qui le mèneront loin dans ses recherches. Il s’intéresse particulièrement aux outils électroniques, à la spatialisation des sons et à l’interaction avec les textures produites par les instruments traditionnels. Cette quête ne l’a jamais quitté, à tel point qu’on en retrouve des traces jusque dans ses dernières pièces. Comme celui-ci « À Pierre. Dell’azzurro silenzio soucium » (1985), dédié à Pierre Boulez à l’occasion de ses 60e anniversaire.
Virage introspectif
L’œuvre pour flûte basse, clarinette contrebasse et électronique refait surface à Genève, ouvrant un hommage conséquent que l’ensemble de Contrechamps rend le 5 décembre au compositeur vénitien, ainsi qu’au Bernois Klaus Huber. Tous deux auraient eu 100 ans en 2024 et leurs trajectoires présentent des points de tangence qui justifient de les placer sur la même affiche. Car le Suisse, décédé en 2017 à Pérouse, s’est également concentré sur la création sur bandes magnétiques, comme l’illustre son « Erinnere dich an Golgatha… » (2010), pour contrebasse solo, 18 instruments et électronique, présente au programme.
On retrouve dans ce concert une autre pièce emblématique de l’univers de Luigi Nono, « Sofferte onde serene » (1976), qui consolide la collaboration entre le compositeur et son dédicataire, le pianiste Maurizio Pollini, déjà présent en 1972 dans « Comme une lumière et lumière ». Marquée par des zones de silence, par des sons flottants, par une spatialisation du piano – à la fois enregistré et joué en live – l’œuvre est considérée comme un tournant qui mènera Nono vers une création à forte densité introspective.
A noter également la présence sur l’affiche de Heinz Holliger, ami et défenseur de l’œuvre de Klaus Huber. Initialement prévu pour diriger le concert, le compositeur et hautboïste a été remplacé par Emilio Pomarico. On écoutera néanmoins son « Biaute… étrange » (petit cycle écrit entre 2001 et 2009), soit quatre transcriptions de Machaut pour trois altos (« Ballade IV et XXVI »). Un langage et une esthétique qui remontent au XIVe sièclee siècle nous revient ainsi, dans une reformulation qui fait la part belle aux harmoniques.
Hommage à Luigi Nono et Klaus Huber, ensemble Contrechamps, Emilio Pomarico (dir.), Auditorium Ansermet, jeudi 5 décembre. à 19h30 www.contrechamps.ch
Rocco Zacheo rejoint la rédaction de la Tribune de Genève en 2013; il s’occupe de musique classique et d’opéra et se consacre, de manière ponctuelle, à l’actualité littéraire et aux événements culturels disparates. Auparavant, il a travaillé neuf ans au journal Le - et à la RTS La Première.Plus d’informations
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