« Aucun budget ne serait catastrophique pour le secteur de la construction ! « . C’est l’avertissement du président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Olivier Salleron, adressé aux députés, à La Tribune. Ces derniers doivent voter, ce mercredi 4 décembre, la motion de censure résultant de l’engagement de responsabilité du gouvernement sur le budget de la Sécurité sociale. L’adoption de cette mesure – très probable à ce moment-là – pourrait renverser le gouvernement et retarder, voire annuler, l’adoption du projet de loi de finances (PLF) 2025.
Motion de censure : une crise politique à l’issue imprévisible
Un scénario catastrophe pour les acteurs de l’immobilier. ” Il faudra alors certainement se référer au budget 2024. Toutefois, cela ne comportait aucune mesure de soutien pour les nouveaux ni pour les anciens. », explique à La Tribunele président de la fédération immobilière (Fnaim), Loïc Cantin. Ce carambolage politique intervient au moment où les professionnels du bâtiment alertent sur une crise sectorielle de la construction et de l’immobilier. Au total, 150 000 emplois directs et 20 000 entreprises sont menacés.
Aides et normes en discussion
Des mesures pour stimuler les achats…
Parmi les mesures les plus importantes, les acteurs de l’immobilier citent l’amendement du sénateur Jean-François Husson. Elle vise à exonérer des droits de mutation les dons d’argent intrafamiliaux, jusqu’à 100 000 euros, lorsqu’ils sont destinés à l’achat d’une résidence principale.
Plus important encore pour les représentants du secteur : une série d’amendements des sénateurs ouvrant le prêt à taux zéro (PTZ) à l’ensemble du territoire et aux nouveaux logements individuels. Le dispositif est jusqu’ici réservé aux appartements neufs situés dans des zones tendues.
Mesures « très utile pour les jeunes ménages qui ne parviennent pas actuellement à devenir propriétaires » et qui pourrait bien contribuer à relancer les achats immobiliers, note Olivier Salleron de la FFB.
Les députés veulent intégrer les logements anciens dans le PTZ
…et la construction de nouveaux logements
Toujours sur les logements neufs, » c’est la première fois depuis de nombreuses années que le gouvernement inclut dans un budget des mesures susceptibles d’enrayer la chute de la construction », salue le représentant de la fédération du bâtiment.
Le sénateur Jean-Baptiste Olivier a notamment déposé un amendement reportant la fin du dispositif Pinel du 31 décembre au 30 mars 2025. Pour rappel, ce système d’investissement permet à l’acquéreur d’un logement neuf de bénéficier d’une réduction de son impôt sur le revenu de 9 % à 14% du prix d’acquisition, s’il s’engage à le louer pour 6 ans, 9 ans ou 12 ans, à un prix inférieur au prix du marché et à des personnes dont le revenu fiscal de référence ne dépasse pas certains plafonds. Toutefois, l’arrêt de ces aides inquiète les professionnels de l’immobilier, car « il concerne 30 000 à 50 000 logements par an qui pourraient donc ne pas voir le jour dans les années à venir », notes Olivier Salleron.
Dans le cadre des discussions budgétaires, le 20 novembre, Michel Barnier a annoncé « soutenir un projet de loi » déposée par les sénateurs Guislain Cambier et Jean-Baptiste Blanc, visant à assouplir la Zero Net Artificialisation (ZAN). Plus précisément, les élus souhaitent abroger l’objectif fixé pour 2031 de diviser par deux les constructions sur les espaces naturels et agricoles par rapport à la décennie précédente. Un assouplissement qui maintiendrait l’objectif 2050 de zéro artificialisation nette, mais « ce qui permettrait de construire des logements à côté des projets d’usines, ce qui est très important », insiste Olivier Salleron de la FFB. Mesure – également – menacée par un renversement du gouvernement actuel et la prochaine pause législative.
Devant les maires, l’exécutif s’engage à assouplir la ZAN
Boostez la rénovation énergétique
Qui dit immobilier, dit aussi rénovation énergétique. Sur ce sujet épineux, de nombreux professionnels ont salué les mesures de simplification bienvenues. ” Nous sommes particulièrement satisfaits de la simplification budgétaire de Ma Prime Rénov’, qui lui confère une plus grande flexibilité », reconnaît Olivier Salleron.
Un point de vue contre-intuitif, puisque cette subvention aux ménages réalisant des travaux de rénovation énergétique a été diminuée d’un milliard d’euros dans le PLF 2025. Les fonds alloués devraient être de 2,3 milliards d’euros contre plus de 3 milliards en 2024. Mais derrière ce retour en arrière, sur le papier, « ce qu’il faut noter, c’est que le gouvernement veut inverser la complexité que son prédécesseur avait ajoutée et qui a fait baisser le nombre de demandes cette année », souligne le président de la FFB.
Au 1er janvier 2024, les conditions d’obtention de cette aide avaient été modifiées. L’ambition : permettre des rénovations plus importantes, dont plusieurs travaux. Une mesure tellement contraignante pour les propriétaires que nombre d’entre eux y ont renoncé. De ce fait, l’enveloppe 2024 n’a pas été entièrement consommée. Finalement, l’exécutif est revenu sur ces conditions en mai et a souhaité pérenniser la réouverture de l’enveloppe à davantage de projets en 2025 selon la FFB… à condition que le budget soit voté.
Enfin, le risque d’une absence de budget 2025 fait craindre le pire aux propriétaires de passoires thermiques. ” Les parlementaires devaient débattre en fin de semaine d’une révision de l’indécence programmée permettant de reporter ce statut à la reproduction tacite du contrat. », constate Loïc Cantin. Autrement dit, en cas de non-vote sur le PLF, les propriétaires-bailleurs des 600 000 logements français classés en G pourraient être assignés en justice par leurs locataires, à partir du 1er janvier. Les bailleurs pourraient alors être sommés de procéder à des mesures d’urgence. travaux de rénovation énergétique et voient leurs loyers suspendus pendant la réalisation des travaux.
DPE : l’interdiction de la location des logements E, F, G divise les députés
Espère toujours
Cependant, toutes ces mesures n’ont pas (encore) été jetées par la fenêtre. ” L’hypothèse du renouvellement du budget 2024 n’est pas confirmée à ce jour, la nomination rapide d’un nouveau gouvernement qui reprendrait le PLF actuellement en discussion au Sénat reste, semble-t-il, une possibilité. », espère la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). La FFB de son côté espère même obtenir « une alternative à Pinel ».
Mais que ce soit plus ou moins avantageux pour l’immobilier, » l’important c’est qu’un Premier ministre soit rapidement nommé, car on ne peut pas vivre dans le chaos », Says Loïc Cantin of Fnaim.
« Le climat politique délétère impacte évidemment l’activité des entreprises et le moral des ménages », prévient, de son côté, le FPI.